vendredi, 26 avril 2024 21:53

Guinée Bissau : Bruits de bottes au sein de l’armée pour dénoncer le déploiement des soldats de la CEDEAO

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@Atlanticactu.com – Contraints de coopérer près d’une dizaine d’années avec les soldats déployés par la CEDEAO après le coup d’état militaire de 2012, les militaires Bissau guinéens voient d’un mauvais œil le déploiement en cours des troupes de l’organisation communautaire. A la suite de l’arrivée de plus de 150 soldats nigérians et nigériens la semaine dernière, des contestations se sont fait jour dans les casernes. Il est hors de question pour certains officiers de l’armée de se mettre au service de leurs homologues de la CEDEAO.
Malgré la demande du gouvernement du « général » Umaru Embalò aux militaires d’avoir une compréhension et d’être coopératifs avec l’arrivée des forces de la CEDEAO dans le pays, les casernes bruissent de toutes sortes de rumeurs. Les militaires Bissau guinéens ne comprennent toujours pas que le « général » qui avait mis fin à la présence des troupes de l’ECOMIB en septembre 2020 avant le terme de leur mandat, revienne sur sa décision.
Pour réduire cette lame de fonds qui inquiète même les populations, le porte-parole du gouvernement Fernando Vaz a déclaré en début de semaine à Bissau qu’avec l’arrivée de la force de « stabilisation » de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), il s’attend à ce qu’il y ait une « conscience » républicaine autour du régime actuel et des militaires de la CEDEAO.
« J’espère que ce que la CEDEAO attend, qu’il y ait une plus grande conscience de la société et que cela implique que le changement de régime se fait par une voie démocratique par le suffrage universel et non par un « coup d’État », a-t-il déclaré, insistant sur le fait que ces troupes sont à Bissau pour éviter ce qui se passe au Mali et en Guinée-Conakry  », a déclaré Fernando Vaz.
« Il est de question que des militaires d’autres pays reprennent le Commandement de nos Armées. Ce qui s’était passé il y’a quelques années ne se reproduira plus car nous sommes assez responsables pour gérer la sécurité de la Guinée Bissau. Nos femmes et nos filles ont subi toutes sortes de traitements dégradants lors de la dernière mission des troupes de la CEDEAO »
Interrogé par la presse si la présence de cette force démontre que la Guinée-Bissau vit à nouveau dans l’instabilité politique, Fernando Vaz a répondu que le pays a été frappé le 01 février dernier par un coup d’état , et qu’il est essentiel de prendre des mesures. Le ministre a fait cette déclaration en marge du lancement de la campagne de vaccination contre la polio, à Bissau.
Le ministre du tourisme et de l’artisanat, reconnaît que la présence de la force de « stabilisation » de la sous région n’est pas une question de consensus chez les guinéens, y compris au sein du  gouvernement, mais Fernando Vaz rappelle  qu’il est important de respecter la décision des chefs d’État de la CEDEAO.
Ce qui est loin d’être l’avis de Gueri Gomes le représentant du Forum des organisations de la société civile ouest-africaine à Bissau qui considère que la mission de stabilisation envoyée en Guinée-Bissau crée plus des doutes et de l’insécurité dans la population.
S’expliquant sur les contestations en sourdine de certains militaires dans les casernes de la Marine, du Camp Brigada Mecanisada de Bra où du Camp des Para Commandos, Fernando Vaz reconnaît que l’arrivée des troupes de la CEDEAO n’a pas fait l’objet d’un consensus 
« Il n’y a pas d’information concrète, car par logique ce qui devait être fait était d’informer le citoyen de l’arrivée d’une force, avec une certaine limite de temps et sur sa mission », a déclaré Gueri Gomes qui révèle, « les guinéens ont  été surprise par la décision de la CEDEAO et la rapidité du déploiement de cette force ». Et renseigne M. Gomes, « Au Mali, en Guinée Conakry ou au Burkina Faso, on n’a pas vu la CEDEAO s’empresser d’envoyer des troupes. Pourquoi cherche-t-on à protéger Umaru Embalò qui a d’abord été installé illégalement par certains chefs d’état de la sous-région et qui continuent d’encourager ses dérives autocratiques ».
« Cela crée des doutes et crée de l’insécurité chez les citoyens et les militaires quant à la souveraineté de la Guinée-Bissau. Pour la plupart des citoyens et des soldats Bissau guinéens, l’arrivée de cette force peut provoquer un effet néfaste auprès des populations qui doivent être informées pour accepter la venue de cette force », a déclaré le militant.
Pour Gueri Gomes, envoyer des forces militaires dans n’importe quel pays est un processus « très sensible » et tous les acteurs doivent donner leur avis et « prendre la décision » et « ce n’est pas ce qui a été fait ». Selon le responsable, « c’est regrettable car on ne sait pas quelle est la mission de cette force de stabilisation, ni si elle assurera le fonctionnement normal des institutions et de la société civile ».
Ce qui inquiète également les Bissau guinéens, c’est le fait de voir qu’il y’a une précipitation qui ne dit pas son nom qui est de mise dans le déploiement des troupes. Car, malgré l’arrivée des militaires nigérians et nigériens à Bissau, la CEDEAO n’a pas officiellement donné de nom à cette nouvelle mission. Mais pour Fernando Vaz, « Ces détails de la présence de cette force seront fixés lors du prochain sommet de l’organisation qui se tiendra en mai. »
« La CEDEAO a pris une décision sans tenir compte des organes souverains du pays », renseigne Gueri Gomes et « Indépendamment d’avoir cette capacité de décision, étant donné la pertinence, étant donné la sensibilité de la question, il devait y avoir une discussion avant tout au parlement, une discussion approfondie et il devait y avoir un implication de la société civile, et des citoyens tu devais comprendre quelle est la vraie mission de cette force est et sa limite de temps », a-t-il affirmé.
« Dans le passé, nous n’avions pas ce soutien au fonctionnement de la société civile et à la sécurité des militants et maintenant nous remarquons qu’il y a violation des droits de l’homme, il y a intimidation des militants », a-t-il déclaré.
En voyage en Afrique du Sud, le « général » Umaru Embalò avait affirmé que la force sera composée de militaires venus du Sénégal, du Nigeria, du Ghana et de la Côte d’Ivoire et des sources d’Atlanticactu de nous informer que la force de stabilisation sera composée « dans un premier temps » par 631 militaires.
Cheikh Saadbou DIARRA 

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