@Atlanticactu.com – S’il y’a quelqu’un qui ne s’amusera plus à tancer ou menacer des députés, c’est bien Umaru Embalò. Ce dernier qui depuis son parachutage à la tête de la Guinée Bissau en février 2020, n’a de cesse de vouloir imposer une constitution taillée sur mesure à l’image des autres chefs d’état considérés comme des dictateurs éclairés. Il s’était calmé après un rappel à l’ordre du Conseil d’État avant de procéder à de nouvelles menaces de dissolution de l’assemblée nationale après son séjour en Guinée voisine chez le Colonel Doumbouya.
Sur le tarmac de l’aéroport Oswaldo Vieira, le « général » avait menacé de dissoudre l’assemblée car, c’est lui que le peuple a choisi. Les députés ne tarderont à répondre aux menaces de Umaru Sissoco Embaló tout en exigeant du respect pour leur pouvoir constitutionnellement reconnu.
Profitant de l’ouverture de la session ordinaire, la commission permanente du Parlement de Guinée-Bissau a été réunie pour examiner, entre plusieurs points, les récentes déclarations du président Umaro Sissoco Embaló où il menaçait que « les jours de l’assemblée nationale populaire étaient comptés ».
Ladite Commission permanente a exigé ce jeudi (28.10), des organes de souveraineté du pays le respect mutuel au nom de l’importance de ses fonctions et de son autorité d’État. Cet organe a été réuni plus de six heures pour analyser, entre plusieurs points, les menaces du « général » guinéen, Umaro Sissoco Embaló, sur la dissolution du Parlement.
La relation entre Umaru Embalò et l’ANP est à l’une des pires situations depuis l’arrivée de Sissoco Embaló au pouvoir. Ce dernier, qui a menacé de se faire justice par ses propres mains, si un député l’insulte lors de la session parlementaire, a déclaré la semaine dernière qu’il pouvait à tout moment dissoudre l’ANP. Des propos en porte-à-faux avec la consécration des pouvoirs par la Constitution.
Une stratégie risquée du « général » ou une totale ignorance des textes Constitutionnels ? Umaru Embalò doit chercher à connaître les pouvoirs consacrés par la Constitution
Au retour d’une visite de quelques heures en Guinée-Conakry, le 20 octobre, Umaro Sissoco Embaló n’a pas usé de langage diplomatique et parlait comme un palefrenier en s’adressant à la presse : « L’Assemblée a désormais ses jours comptés. Les jours comptés signifient que je peux dissoudre le Parlement aujourd’hui, demain, le mois prochain ou l’année prochaine. La dissolution du Parlement est dans ma main et ne prendra même pas une seconde ».
La commission permanente de l’ANP a également déclaré à la fin de la réunion de ce jeudi son total désaccord avec la manière dont Umaru Embalò a préparé la visite en Guinée-Bissau des experts de la CEDEAO chargés de travailler sur une nouvelle constitution. Pour les députés qui ont réaffirmé la confiance en la commission de la révision constitutionnelle créée par l’ANP, dont les Les travaux sont en phase de réalisation, le « général » doit s’entourer de Conseillers juridiques Bissau guinéens et non ceux venant de pays francophones ignorants la culture étatique en pays lusophone.
C’est pourquoi « Le Parlement guinéen a ignoré le projet de révision recommandé par le « général » et n’a jamais réservé aucune importance à ce document encore moins, le porter à l’appréciation des députés, préférant accorder plus d’attention à la commission instituée par l’Assemblée nationale populaire elle-même, pour la révision de la loi constitutionnelle de Guinée-Bissau.
« Umaru Embalò doit comprendre que pour ses envies de pouvoir absolu, la Guinée Bissau ne peut revenir à l’instabilité institutionnelle où le président est un Roi. Nous avons décidé pour protéger ce pays des aventuriers de restreindre les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire », selon Sanhà Djalò
Une précipitation et des calculs qui feront dire à l’analyste politique Jamel Handem, « À mon avis, Umaru Embalò essaie de faire chanter les députés de la nation en menaçant de dissoudre l’Assemblée nationale populaire pour les forcer à accepter leur propre projet de révision de la constitution, que nous savons que c’est un projet qui vise essentiellement à changer le système actuel, qui est un régime semi-présidentiel, avec suspension parlementaire, à un régime présidentialiste comme au Sénégal».
« La dissolution du Parlement comporte des risques », alerte à son tour le coordinateur de la Maison des droits, un consortium des organisations de la société civile guinéenne, Gueri Gomes qui s’interroge, « Quelle sera la prochaine étape ? Par un référendum ou, allons-nous organiser des élections anticipées . Est-ce que nous avons vraiment les moyens ? Il y a des conditions financières pour que le pays aille aux élections ? » s’est-il questionné .
Pour Gueri Gomes, « il faut que le « général » travaille plus fort à l’ancrage des institutions pour qu’elles fonctionnent, surtout en ce moment où le pays n’a pas une stabilité réelle ».
Salimatou DJALÒ