vendredi, 22 novembre 2024 13:12

Gambie : Craintes de vote-sanction, le président Barrow ajourne tous les vols de rapatriement de clandestins gambiens

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@Atlanticactu.com – Alors que dès l’entame de son magistère en 2017 le président Adama Barrow avait autorisé tous les vols de rapatriement de gambiens en situation irrégulière, à quelques mois de la présidentielle, le candidat à un nouveau mandat qui craint un vote sanction de la forte diaspora gambienne, n’autorise plus aucun vol de rapatriement à destination de Banjul. Son prédécesseur Yaya Jammeh s’était toujours opposé à ces vols spéciaux, ce qui lui avait valu des sanctions de l’Union Européenne et des États-Unis à l’époque.

Depuis la fin de la semaine dernière, la Gambie a formellement bloqué les vols de rapatriement des migrants expulsés de l’Union européenne. Banjul soutient que le pays ne peut pas les réintégrer.  Une décision qui soulage les clandestins gambiens estimés à 118 000 Gambiens vivent à l’étranger, selon l’Organisation internationale pour les migrations, qui envoient chez eux des envois de fonds représentant plus de 20 % du PIB du pays.

Cependant, l’annonce faite la semaine dernière selon laquelle le gouvernement vise à ne plus autoriser les vols spéciaux de migrants de retour survient avant une élection présidentielle en décembre et certains ont voient à travers cette décision une tentative de renforcer le soutien électoral avant le scrutin et que, Adama Barrow réélu, les rapatriements reprendront. 

« C’est juste de la poudre aux yeux des gambiens à l’approche de la présidentielle. N’est-ce pas le même Adama Barrow qui au lendemain de son installation, a autorisé les vols de rapatriement que Yaya Jammeh avait toujours refusé », explique Abubacar Saïdy, un émigré qui gère désormais un commerce devant le Terminal. Selon ce dernier, « Adama Barrow n’a pas le courage de s’opposer à la volonté de l’Occident et on a dû lui conseiller cette décision provisoire pour espérer gagner les voix de la diaspora ».

Le porte-parole du ministère gambien des Affaires étrangères, Saikou Ceesay, a déclaré que le gouvernement avait décrété cette politique en juin dernier, expliquant qu’un grand nombre de migrants de retour provoquerait des « bouleversements sociaux ». Et de déclarer, « Nous essayons de consolider la paix, la stabilité et la démocratie que nous avons dans ce pays. »

La première élection présidentielle gambienne de l’ère post-Jammeh doit se tenir le 4 décembre. Étant le plus petit pays d’Afrique continentale, la Gambie qui a une longue tradition migratoire, ne peut se permettre d’allumer une bombe sociale avec le rapatriement des clandestins 

Pendant ce temps, un diplomate européen, qui a refusé d’être cité, a expliqué la décision de la Gambie de bloquer les retours de migrants comme « un problème politique » motivé par les prochaines élections. Car, dit-il, « À moins de quatre mois de l’élection présidentielle, autoriser à nouveau des rapatriements est équivalent de se faire hara kiri par le pouvoir de Barrow, fortement contesté notamment sur la corruption ».

Les gouvernements européens se sont déjà plaints du fait que la Gambie n’a jamais pleinement coopéré aux retours sous l’ère du président Yaya Jammeh qui s’est opposé à tout retour massif de migrants dans son pays.

Pourtant, il y’avait de l’espoir avec ce petit pays d’Afrique de l’Ouest qui a signé un accord non contraignant sur les retours avec l’UE en 2018 qui n’aurait « jamais été pleinement respecté ».

Le Conseil européen devrait examiner une proposition qui resserrerait l’accès aux visas de l’UE pour les Gambiens, par exemple, en raison du « non-coopération du pays en matière de réadmission ».

Amsatou BARROW 

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