vendredi, 4 octobre 2024 15:34

Afrique de l’Ouest : Questions sur les risques terroristes hors du Mali

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Le Mali n’est pas le seul pays à faire face au terrorisme dans la région. Si au Burkina Faso, la situation n’est pas des meilleures, d’autres pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou la Guinée, semblent être dans la ligne de mire des groupes terroristes qui ont pris le contrôle du Sahel depuis la désintégration de la Libye.

La mort d’un militaire français samedi au Mali, victime d’un engin explosif revendiqué par Daesh a remis au goût du jour la véritable menace qui a commencé à migrer vers les pays voisins du Mali. Hormis, ce soldat de la Force Barkhane, la recrudescence des attaques sur les Fama qui a fait vendredi quelques 51 militaires tués.

Plus de sept ans après l’invasion touaregue et djihâdistes par la suite, le Mali reste toujours secoué par le terrorisme. Ce dimanche, deux soldats maliens ont été tués par un engin explosif. Samedi, le brigadier français Ronan Pointeau, membre de la force Barkhane déployée au Mali, avait été également tué après l’explosion d’un engin improvisé au passage de son véhicule. L’attaque a été revendiquée par Daesh. « Cette attaque insidieuse montre l’importance et l’âpreté de la lutte contre les groupes armés terroristes pour la sécurisation du Liptako [une région à cheval entre le Mali et le Burkina Faso] » a expliqué l’état-major des Armées dans un communiqué. Atlanticactu.com fait le point sur la situation.

Quels sont les risques de voir une déstabilisation précipitée de la région ouest africaine?

Les pays frontaliers du Mali sont aussi touchés par la vague djihadiste : le Burkina a subi plusieurs attaques au cours des derniers mois. La dernière en date, mi-octobre, a visé une mosquée et a fait au moins seize morts. Au Niger, douze soldats ont été tués dans la nuit du 29 au 30 octobre, vraisemblablement par des membres du groupe terroriste Boko Haram.
Au Sénégal, les autorités prennent de plus en plus au sérieux les risques liés aux menaces terroristes et, à priori la riposte est devenue une réalité dans ce pays épargné par la violence.

« La réponse militaire ne peut être suffisante (…) Il faut que les pays européens aident les États sahéliens touchés par le phénomène du terrorisme à se réformer en profondeur. Pour le moment, les Occidentaux ont surtout contribué à restaurer un système inégalitaire qui permet aux djihadistes de recruter sans difficultés » affirmait Pape Sané, Journaliste Spécialisé dans les questions de sécurité et défense
dans un entretien à la Radio Oméga FM de Ouagadougou en août dernier. « Pour l’instant, il n’y a pas de prise de territoires de la part des terroristes, avait poursuivi Pape Sané. Cela reste une présence clandestine, mais qui a réussi à fédérer tous les mécontents ».

Quelle est aujourd’hui la situation au Mali et quelles évolutions pourraient survenir?

«La situation n’est pas hors de contrôle, mais les capacités de gestion de l’État malien s’amenuisent ». Le principal facteur de prolifération de la hydre est tout simplement l’injustice, l’inéquité sociale, la corruption des élites qui sont des fléaux communs au Mali et à ses voisins comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, etc. Ces pratiques à elles seules, nourrissent la sève de l’irrédentisme et de la radicalisation», selon le Journaliste sénégalais.

Le spécialiste énumère les nombreuses forces djihadistes en présence : « Le GSIM (groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), héritier d’Al-Qaïda, a développé un djihadisme touareg autour de Kidal, dans le nord du pays, mais aussi un djihadisme peul, dans le centre et le sud. Depuis 2017, l’État islamique du Grand sahara (EIGS) collabore avec eux, ce qui contribue à aggraver la situation ».

La force Barkhane, un géant aux pieds d’argile apparemment dépassée par la capacité de résistance des groupes armés dispose-t-elle aujourd’hui d’assez de moyens ?

Créée en août 2014, l’opération Barkhane est venue prendre le relais de l’opération Serval, qui avait stoppé l’avancée des forces conjuguées composées de Séparatistes Touaregs jadis sous l’aile du Colonel Khadafi et des groupes armés injustement dénommés Djihâdistes en direction de Bamako. Barkhane vise à aider les pays du « G5 Sahel » (Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie, Tchad) à lutter contre les djihadistes. Les 4.500 militaires français peuvent aussi mener leurs propres opérations. Depuis le début de Barkhane, quinze militaires français sont morts dans l’exécution de leur mission.

« La force Barkhane joue son rôle de force régionale ou plutôt de force d’occupation en attendant que le G5 Sahel puisse prendre la main, rappelle Pape Sané . Même si officiellement, il n’est pas question de réinstaller une force française pour faire le travail des autorités africaines, il est clair que Barkhane en est une. C’est un travail de longue haleine ». Le problème, c’est que le G5 Sahel peine à tenir son rôle. Début octobre, plusieurs témoignages recueillis montraient à quel point les soldats burkinabés, membres du G5, étaient mal équipés pour faire face aux djihadistes.

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