lundi, 29 avril 2024 06:47

Violentes répressions policières au Sénégal, l’Union européenne impliquée

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Sénégal 

Atlanticactu /Dakar / Cheikh Saadbou Diarra 

Alors qu’il est agité de plus en plus le vote d’une loi d’amnistie sur tous les crimes et délits allant du mois de février 2021 à février 2024 et, coincidant avec les émeutes liées à l’affaire Adji Sarr / Ousmane Sonko, une unité spéciale de la gendarmerie est impliquée dans la répression des manifestations anti-Macky Sall. Le GAR SI a bénéficié des financements de l’Union européenne.
Selon une enquête conjointe menée par la chaîne de télévision Al-Jazeera et l’ONG ProCausa (ONG espagnole dédiée aux questions de migrations), l’unité spéciale anti-terrorisme de la police sénégalaise, le fameux Groupe d’Action Rapide, de Surveillance et d’Intervention (GAR-SI), a été créée, équipée et entraînée grâce au concours financier de l’Union européenne (UE). L’unité spéciale est impliquée dans la répression sanglante des manifestants proche de l’opposant incarcéré, Ousmane Sonko. L’UE a par exemple acheté des blindés pour le compte de l’unité.
Al-Jazeera et porCausa disent avoir rassemblé un certain nombre d’éléments de preuve, notamment des vidéos, le contrat avec le gouvernement espagnol, un rapport confidentiel d’évaluation et des témoignages de multiples sources qui confirment que le GAR-SI a été mis à contribution pour écraser la révolte des sénégalais contre le pouvoir président Macky Sall. Pourtant, rapporte Al-Jazeera, cette unité de la police a été pensée pour lutter contre la criminalité transfrontalière, à la frontière entre le Mali et le Sénégal.
Le GAR-SI Sahel est en réalité un projet dédié à s’attaquer aux causes profondes de l’immigration clandestine et qui couvre la période allant de 2016 à 2023. L’UE a financé ce projet à hauteur de 75 millions de d’euros à partir des Fonds Fiduciaires d’Urgence pour l’Afrique, que l’UE a mis sur pied en 2015.
Contactée par la chaîne de télévision, l’UE dit ne pas être informée de l’utilisation du GAR-SI a d’autres fins. Elle a par ailleurs indiqué avoir attiré l’attention des autorités sénégalaises sur la nécessité d’enquêter sur l’usage disproportionné de la force contre des manifestations aux mains nues. Le ministère espagnol des Affaires étrangères a, pour sa part, indiqué qu’il n’existe aucune preuve de l’implication du GAR-SI dans la répression des manifestations pacifiques au Sénégal.
En juin dernier, Amnesty International a révélé que la police sénégalaise a utilisé des milices pour réprimer des manifestations anti-Macky Sall. Bilan : au moins 23 personnes tuées, selon l’ONG.

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