vendredi, 22 novembre 2024 13:57

Sénégal : L’année 2021 a révélé l’agonie de la démocratie et l’insécurité grandissante

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@Atlanticactu.com – S’il y’a eu des non-dits lors du discours du 31 décembre Chef de l’État, c’est bien « l’oubli » de la démocratie en berne et de l’insécurité notoire qui règne au Sénégal. Avec les douloureux événements du mois de mars dernier auréolés de plus de dix morts de centaines de blessés sans oublier le mémorandum brandi par le ministre des Forces Armées , les Sénégalais sont restés sur leur soif avec un discours quasi aérien qui a snobé le lien entre démocratie, Etat de droit et insécurité.

L’année 2021 est de celles qu’aucun peuple encore moins aucun président n’aurait souhaité traversé. Pire que 1962 lors du fameux « coup d’état » contre Léopold Sedar Senghor ou les années de braise quand Même Abdoulaye Wade était le chantre de l’opposition, l’année 2021 a été un tournant décisif aux dérives des différents pouvoirs qui se sont succédés au Sénégal. Macky Sall à qui il est reproché d’instrumentaliser la justice pour mettre hors d’état de nuire tout opposant, a vu l’ensemble des 14 régions entrer en ébullition après l’appel à la résistance lancée par Ousmane Sonko, le candidat arrivé troisième à la dernière présidentielle.

Après les mises à mort organisées des potentiels présidentiables Karim Wade et Khalifa Sall condamnés à de lourdes peines de prison, la modification du code électoral pour les rendre inéligibles, les accusations de viols multiples et menaces de mort avancées contre Ousmane Sonko l’opposant irréductible au président Macky Sall, ont embrasé le pays. Des émeutes généralisées qui ont fini par démontrer qu’en matière d’Etat de droit, les signaux sont passés au rouge sous le règne de Macky Sall, un peu plus encore que les années précédentes.

La CREI enterrée depuis 1982, est subitement ressuscitée pour juger 25 dignitaires du régime corrompu de Me Abdoulaye Wade. Au final, Karim Wade digne successeur de son père et candidat à la présidentielle, est lourdement condamné. Khalifa Sall suivra après la grâce-exil accordée à l’ancien ministre d’état. Suffisant pour certains de conclure que 2021 se caractérise par un recul démocratique au Sénégal 

Si le Sénégal continue d’être épargné par les coups d’état militaires comme l’ont connu de nombreux pays africains en 2021, il n’en demeure pas moins que l’ancienne référence démocratique en Afrique, a sombré depuis 2012 dans un recul démocratique sans précédent. Les acquis obtenus de haute lutte et qui auront permis deux alternances démocratiques, ne résisteront à la volonté de Macky Sall de régenter la République en primant le Parti devant la Patrie. 

Mieux, la naissance d’une dynastie dénommée « Faye-Sall » finira par ensevelir les quelques espoirs d’une opposition destinée à « être réduite à sa plus simple expression ». Pour les plus anciens qui avaient connu les affres de la déportation sous le régime de Léopold Sedar Senghor, l’actuel locataire du Palais, n’était démocrate que de nom. Et en guise de comparaison, ces derniers convoqueront la rupture du dialogue et les projets de loi (Acte 3 de la décentralisation, Parrainage, Cartes d’identité Cedeao, etc ) votés en procédure d’urgence sans que l’opposition ou la société civile y soit conviée.

Ce qui fait qu’il y a effectivement une détérioration du classement du Sénégal au regard des indicateurs mesurant l’évolution démocratique. En matière de recul démocratique, il y a une tendance globale qui se confirme sous le joug de Macky Sall. Le Sénégal qui semblait être l’un des pays les plus engagés dans cette voie de la démocratisation et du respect des libertés, montre des signes que tous les indicateurs témoignent d’une détérioration rapide et croissante.

Le Sénégal met fin à une tradition démocratique et se rapproche plus des pays comme le Rwanda où les dérives autoritaires font loi. Le régime de Macky Sall devient de plus en plus répressif avec des élections renvoyées unilatéralement. Des situations différentes certes différentes dans d’autres pays mais qui affichent toujours le même constat, à savoir celui d’un gouvernement incapable de garantir les droits les plus élémentaires des Citoyens. Ce qui devrait être le cas, en principe, dans une démocratie…

Peut-on toujours continuer de parler d’État de droit et de démocratie au Sénégal ? Si pour les inconditionnels du pouvoir actuel, il n’y a aucun doute sur les avancées dans ces domaines précis à mettre à l’actif de Macky Sall, pour l’opposition en général, entre 2012 et 2021, le Sénégal serait pire que la dernière dictature encore existante. Pour illustration, Khalifa Sall l’ancien Maire de Dakar, renvoie à la qualité des élections tenues depuis 2012. « Hormis le fait que les élections font l’objet de contestations, les processus sont biaisés depuis 2012 et, pire, les reports des locales sans consensus sont un signe de recul… ».

« Si on parle de démocratie, d’Etat de droit et de liberté, il faut aussi tenir compte, car ce n’est pas la même chose, de la situation en termes de sécurité et de stabilité. Nous avons effectivement des signaux qui sont plutôt inquiétants malgré les annonces d’achats de matériels et de moyens roulants pour la police et la gendarmerie », renseigne Boubacar Sadio, commissaire de police à la retraite. Selon l’officier, « la situation est très préoccupante depuis ces dernières années et 2021 n’a pas été meilleure en comparaison des précédentes notamment, avec les émeutes du mois de mars qui ont fragilisé le pouvoir ».

Le chômage endémique des jeunes, l’injustice sociale, la justice à deux vitesses, sont entre autres faits, des points qui confirment que l’année 2021 a mis en exergue l’absence de solution à une crise sociale qui perdure et le sentiment d’impuissance du président Sall. Les promesses faites le 8 mars 2021 par Macky Sall à la suite de l’appel au calme lancé par le Khalife général des Mourides Serigne Mountakha Mbacké, s’effaceront comme neige au soleil.

Le drame, le président Macky Sall avait voulu faire de la situation sanitaire et sécuritaire un  »levier d’oppression », il a certainement oublié que cela aurait un impact sur la démocratie et les libertés puisque cela peut justifier des restrictions de liberté et permettre d’utiliser l’argument de l’insécurité pour verrouiller l’espace public et politique.

Pape SANÉ 

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