vendredi, 29 mars 2024 15:13

Opinion : Vers la République du sabre ! (Par Demba Ndiaye)

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Ce sont les dictatures et les dictateurs qui fabriquent et sécrètent des terroristes. Ces derniers pour exister n’ont d’autre choix que d’user de la « terreur » à leur portée : la résistance

Jusqu’à l’intervention du « député sabreur », j’hésitais quant à la qualification future de la République sous laquelle nous allions vivre après l’adoption de ce projet de loi. Et puis, surgit le « sabreur », tout de blanc vêtu comme une ombre portée qui jeta dans l’hémicycle le voile noir de la terreur. Comme le régime du même nom vers lequel on nous mène. Il dit qu’il n’a pas de garde du corps, mais son sabre ; il n’a pas de chauffeur, mais son sabre. L’autre pourtant bien bâti le trouve dehors. Parce que, ajoute-t-il, il ignore si son adversaire est un homme ou une femme. Répété plusieurs fois dans une Assemblée tétanisée sans que le président ne martèle son marteau pour rappeler à l’ordre le sabreur et son adversaire…

Le sabre ! C’est bien la République de sabreurs que nous promettent Sa Majesté et sa Cour. Oui, quand cette loi sera adoptée tard ce vendredi par la chambre enregistreuse, l’industrie du sabre fleurira. Contre le troisième mandat tu ne manifesteras au risque de tomber dans le désormais « terrorism act » à la
Les enseignants « grèveront » désormais dans leurs salles de classe, avec le risque d’être accusés de terroriser les pauvres potaches. Médecins et infirmiers ne pourront plus décréter des journées sans soins pour réclamer leur dû, encore moins refuser de soigner : ils seront accusés de terrorisme contre les pauvres malades.

Les étudiants devront trouver d’autres modes d’expression que leurs traditionnelles « intifadas » pour bouffer gratis au resto U, parce qu’ils seront accusés de terreur sur les forces de l’ordre, les cuistots et autres serveurs.

Personne ne marchera plus pour s’opposer aux prédateurs fonciers et patrons « licencieurs », destructeurs d’emplois. Ce sera à nos risques et périls de s’affubler de brassards (qu’importe la couleur du reste) pour exprimer nos états d’âme. Parce que justement, la République qu’on nous prépare sera sans âme…

Et puis, nous autres plumitifs, ne serons-nous pas les terroristes en chef qui palabrent et pondent chaque jour des « appels à la raison » et à la citoyenneté ? Demain, ils essaieront de casser nos claviers ou nos micros rebelles !

La République du sabre et « Big Brother » fusionneront dans un régime qui n’aura d’autre nom que celui de la « terreur », bien connu après la mort de Robespierre. Et les dictatures latinos américaines des années 70-80.

« Ensemble d’actes de violence (attentats, prises d’otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat d’insécurité, exercer un chantage sur un gouvernement ou satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système ». C’est ainsi le très respectable référentiel Larousse défini le terrorisme. La République qu’ils nous préparent ne ressemble-t-elle pas furieusement à cette définition ? Et, en quoi manifester son opposition, son mécontentement, ou dire ce qu’on souhaite, la vie qu’on veut vivre, celle qu’on ne veut surtout pas, en quoi, nom de Dieu, serions-nous terroristes et subir la terreur de nos gouvernants ?

En octobre, après le mariage du « Soow et du mburu » (mariage du pain et du lait), nous avions dans un éditorial annoncé que « les éléments du troisième mandat étaient en œuvre ». Après les évènements du début mars et la sortie du président avec son fameux « je vous ai compris », j’avais récidivé en déclarant « Non, il n’a pas compris ». Avec la loi scélérate, liberticide en débat, j’ose affirmer, la peur au ventre : au secours, voilà la République du sabre qui s’abattra sur tous les mauvais pensants. Et sous une République de cette nature, le droit à la résistance devient un crime. Mais on le sait : ce sont les dictatures et les dictateurs qui fabriquent et sécrètent des terroristes. Ces derniers pour exister n’ont d’autre choix que d’user de la « terreur » à leur portée : la RÉSISTANCE

Demba NDIAYE, journaliste

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