Kenya : Vaincu lors de la présidentielle, Raila Odinga introduit un recours devant la Cour Suprême

Quelques jours après la publication des résultats de la présidentielle donnant comme vainqueur William Ruto, le candidat défait Raila Odinga et sa colistière Martha Karua ont déposé une pétition à la cour supérieure du pays, contestant le résultat des élections du 9 août dernier.

Le candidat malheureux à la présidence Kenya, Raila Odinga, a déposé un recours devant la plus haute cour du pays lundi, contestant le résultat des élections du 9 août dans ce qu’il a appelé une entrave contre « la démocratie et la bonne gouvernance ».

Raila Odinga, une figure historique de l’opposition qui s’est présenté avec le soutien du président Uhuru Kenyatta et du parti au pouvoir, a rejeté le résultat de la commission électorale indépendante qui a donné la victoire à son rival William Ruto, le qualifiant de parodie de victoire.

Le politicien de 77 ans a perdu sa cinquième participation à la présidentielle par une faible marge d’environ 230 000 voix, soit moins de deux points de pourcentage face à son rival. Des centaines de partisans présents devant la Cour Suprême ont applaudi alors que des dizaines de boîtes qui constitueraient des preuves é fraude électorale, étaient déchargées d’un camion.

« Nous avons suffisamment de preuves que c’est nous qui avons gagné les élections. Nous n’avons pas eu des élections dont nous pouvons être fiers », a déclaré Raila Odinga lors d’une conférence de presse après avoir déposé le recours devant la justice. Et l’homme politique d’ajouter, « Les mesures que nous avons prises… confirment notre profonde croyance dans le constitutionnalisme, l’État de droit et un règlement pacifique des différends. »

La Cour suprême du Kenya, réputée pour son indépendance, est une fois de plus appelée à se prononcer sur un conflit électoral présidentiel, après avoir été officiellement saisie lundi par le camp de Raila Odinga.

« Les résultats de la commission électorale indépendante représentent une lutte continue opposant les forces pour la démocratie et la bonne gouvernance aux cartels de la corruption qui… ne reculeront devant rien pour prendre le contrôle du gouvernement », a-t-il déclaré, sans donner de détails précis.

Bien que l’élection présidentielle se soit déroulé pacifiquement, l’annonce des résultats il y a une semaine a déclenché des protestations de colère dans certains bastions d’Odinga et il y a des craintes qu’un conflit prolongé ne conduise à la violence dans un pays ayant des antécédents de troubles post électoraux.

Depuis 2002, aucune élection présidentielle au Kenya n’est restée sans contestations, le résultat de cette année ayant également provoqué une fracture au sein de la Commission électorale et de délimitation indépendante (IEBC) qui a supervisé le scrutin, risque de produire les mêmes effets.

Selon une copie du recours déposé de 72 pages, l’équipe d’Odinga allègue que le président de l’IEBC, Wafula Chebukati, n’a pas comptabilisé environ 140 000 voix. En conséquence, le candidat Ruto déclaré vainqueur n’a pas atteint le seuil constitutionnel de 50 % plus 1 des votes validement exprimés, une exigence pour qu’il soit déclaré vainqueur.

Les juges disposent maintenant de 14 jours pour rendre une décision. S’ils ordonnent une annulation, un nouveau vote doit avoir lieu dans un délai de 60 jours. Les experts juridiques sont divisés sur la question de savoir si Chebukati avait besoin du soutien des commissaires pour annoncer les résultats, l’avocat constitutionnel Charles Kanjama ayant déclaré qu’il y avait « une certaine ambiguïté » autour de la question.

Lors de la campagne, les deux leaders se sont engagés à résoudre tout litige devant les tribunaux plutôt que dans la rue.

Raila Odinga a déjà déclaré avoir été trompé lors des élections de 2007, 2013 et 2017, et que les conséquences du scrutin sont vivement surveillées comme un test de maturité démocratique dans le pouvoir d’Afrique de l’Est.

Depuis que les résultats ont été déclarés, Raila Odinga a félicité ses partisans pour leur calme tandis que William Ruto avait pris un ton conciliant et promis de travailler avec tous les dirigeants.

La pire violence électorale du Kenya s’est produite après le vote de 2007, lorsque plus de 1 100 personnes sont mortes dans des affrontements à caractère politique impliquant des tribus rivales.

Si la Cour suprême confirme les résultats, Ruto deviendra le cinquième président du Kenya depuis son indépendance de la Grande-Bretagne en 1963, prenant les rênes d’un pays luttant contre l’inflation, le chômage élevé et une sécheresse paralysante.

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