jeudi, 28 mars 2024 23:50

Guinée Bissau : Projet de dissolution de l’assemblée, le Conseil d’État renvoie Umaru Embalò à ses cahiers

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@Atlanticactu.com – Obsédé par son projet de dissolution de l’assemblée nationale depuis que la CEDEAO l’a installé à la tête du pays en pleine contestation électorale, Umaru Embalò qui a convoqué le Conseil d’État deux fois en moins d’une année, vient de subir une nouvelle désillusion. Les membres de ce conseil réunis en l’absence du Premier ministre Nuno Nabiam qui a boycotté la rencontre, ont conseillé au « général » qui présidait la réunion de se conformer à la Constitution. En un mot, le Conseil d’État a demandé à Embalò d’aller revoir ses cours de droit.

C’est un « général » très atteint qui a vu une seconde fois le Conseil d’État rejeter son souhait de dissoudre le Parlement. Sans la présence du Premier ministre Nuno Nabiam Gomez , l’organe consultatif du président de la République a recommandé à Umaro Sissoco Embaló de suivre le processus imposé dans la constitution.

Il y’a quelques jours jours, Umaru Embalò menaçait devant la presse qu’il allait dissoudre l’assemblée nationale avec ou sans le consentement des députés. Mieux, le « général » du peuple -un grade créé de toutes pièces- déclarait que c’est lui que les Bissau guinéens avaient élu oubliant que les députés comme le Premier ministre l’étaient également. Umaru Embalò a proposé au Conseil d’État réuni ce mercredi 17, la dissolution de l’Assemblée nationale populaire (ANP) et la convocation d’élections anticipées, mais l’organe de consultation du chef de l’État a recommandé Umaro Sissoco Embalo de suivre le processus constitutionnel, selon des sources de Atlanticactu qui ont ont assisté à la rencontre.

Malgré sa volonté affichée de modifier la Constitution, ce qui est une prérogative de l’assemblée nationale, Umaru Embalò qui n’a pas eu une nouvelle chance d’affronter ouvertement le Premier ministre Nuno Nabiam qui a manqué la rencontre, a accepté l’avis des conseillers qui lui ont recommandé de revenir en arrière et d’écouter toutes les parties concernées, notamment les partis politiques, avant de convoquer une autre séance avec le  Conseil d’État.

Les mêmes sources ont ajouté qu’après avoir examiné la situation politique et sociale du pays, thème principal de la réunion, Embaló a décidé de poursuivre le processus de dialogue et de se conformer à la Constitution. C’est ainsi que le « général » a annoncé que  dans les prochains jours, il allait contacter les partis politiques et les autres organes de souveraineté et, réunir le Conseil d’État avant d’aller vers une dissolution de gré ou de force de l’assemblée nationale populaire.

Selon Umaru Embalò, « Après la dissolution de l’ANP, les élections législatives auront lieu dans les 90 jours ».

Tension avec le Premier ministre Nuno Nabiam qui a ouvert une enquête internationale après l’atterrissage et l’immobilisation d’un Airbus sur le tarmac de l’aéroport militaire de Bissau. Une enquête qui secoue la présidence. Certains hommes politiques soupçonnent un trafic d’armes ou de drogue 

Le Premier ministre, membre de plein droit au Conseil d’État, organe de consultation du président de la République, n’a pas justifié son absence mais, il était évident que Nuno Nabiam qui n’a pas apprécié les écarts de comportement du « général » lors de la célébration de la journée des Armées, n’allait pas tendre l’autre joue »

Au cours de l’acte commémoratif de la Journée des Forces Armées le mardi 16, Umaro Sissoco Embaló n’a pas salué Nuno Gomes Nabiam, ni à l’entrée du stade, où le Premier ministre est allé le recevoir, ni dans la tribune d’honneur, même s’il a salué les autres personnalités avant de faire un discours. Dans le discours non plus, il n’a pas mentionné le chef du gouvernement, mais il l’a fait pour les visiteurs étrangers.

Questionnée par les journalistes, Gomes Nabiam a dédramatisé ce climat politique tendu et dit que sa relation avec le chef de l’État est normale et qu’il n’est pas du genre à s’accrocher au pouvoir. Entre-temps, dans les cercles politiques de Bissau, le malaise entre le président de la République et le Premier ministre occupe tous les débats.

« Personne n’exerce ses fonctions d’État en pensant qu’il est permanent. Donc n’importe quel jour, Nuno sortira comme Premier ministre et un autre Premier ministre viendra », a-t-il déclaré à la presse hier mercredi.

Pour rappel, à son retour de voyage le dimanche 14 dernier, le « général » avait dit aux  journalistes d’attendre sa « réaction » ce mercredi 17, jour où se tiendrait une réunion du Conseil d’État et avait promis à nouveau de virer le gouvernement.

« Je ne peux pas autoriser le désordre. Le pays est confronté à des grèves permanentes qui, dans un sens, sont épuisantes », a affirmé le « général », pour qui le Premier ministre n’a pas été élu. « J’ai été élu. Il y a des limites Je ne serai pas ce président… », a-t-il mentionné.

Umaru Embalò est entré dans une colère noire en apprenant que le Premier ministre Nuno Nabiam a invité une équipe étrangère à enquêter sur l’affaire de l’avion mystérieux après que, quelques jours plutôt, Embaló ait informé que l’avion était la propriété d’une entreprise de Gambie qui veut opérer en Guinée-Bissau et « qu’il ne s’agissait pas de bandits liés au trafic de drogue ».

Cheikh Saadbou DIARRA 

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