vendredi, 29 mars 2024 07:58

Guinée Bissau : Le PM Aristides Gomes séquestré douze mois, est lâché à Dakar sans protection

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@Atlanticactu.com – Du jamais vu dans l’histoire de nos jeunes démocraties. Un Premier ministre écarté de son fauteuil, menacé par le nouveau pouvoir et les Narcos et « séquestré » par l’ONU à Bissau depuis douze mois, a été contraint de quitter son pays avant d’être lâché comme un vulgaire colis à l’aéroport international Blaise Diagne. Là où la Burkinabè Rosine Sori-Coulibaly, ex représentante spéciale de l’ONU dans le pays et ex cheffe du Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (Binugbis), a échoué pour faire sortir Aristides Gomes, Mohamed Ibn Chambas aura réussi mais…. à quel prix ! En le jetant dans la gueule des Narcos à Dakar.

C’est jeudi dernier que le PM Aristides Gomes, qui était réfugié dans le gymnase de la mission des Nations Unies depuis la tentative de meurtre des militaires proches du pouvoir, a été informé de son départ de Bissau le vendredi matin. Aucune possibilité ne lui a été accordée de voir ses proches encore moins, faire un tour dans sa résidence pour récupérer ces effets personnels.

« Il a été forcé par le Représentant du SG des Nations Unies, Mohamed Ibn Chambas d’embarquer dans un avion à destination de Dakar avant d’être livré à lui-même une fois arrivé », selon Junior Carvalho, un de ceux qui s’occupaient de la sécurité du Premier ministre Aristides Gomes avant de se voir désarmés et priés de quitter la résidence.

Pour Junior Carvalho, « Le Premier ministre Aristides Gomes était devenu une patate chaude pour les chefs d’état de la CEDEAO qui avaient tous misé sur lui pour le respect des accords de Conakry et le respect du calendrier républicain. Il avait réussi sa mission en devenant le Chef du gouvernement après les législatives remportées par le PAIGC ». Mais, poursuit Junior, « Il a été démis alors que son parti était majoritaire à l’assemblée nationale, menacé par des hommes proches de Umaru Embalo devant des soldats de l’ECOMIB chargés de sa sécurité ».

« Ceux qui disent que le Premier ministre Aristides Gomes a sollicité de Umaru Embalo une sortie du territoire national pour des soins, racontent n’importe quoi. Pendant tout son séjour à la résidence des Nations Unies, je l’ai suivi et je puis vous assurer que ce monsieur est sain », confie Gisèle Barboza, médecin.

Après la CEDEAO à travers l’ECOMIB qui avait pour mission d’assurer la sécurité des membres du gouvernement issu des accords ayant permis le processus électoral, l’ONU comme la France, sont restées aux abonnés absents face à Umaru Embalo. Pourquoi ce silence ?

C’est en 2012 que la mission ECOMIB dont l’objectif central a été de contribuer à la stabilisation du pays et à sa pacification, a été déployée en Guinée Bissau avec près de 700 hommes et femmes fournis par le Burkina Faso, le Nigéria et le Sénégal, premiers pays contributeurs de troupes de la Force ECOMIB. Le Togo se joindra plus tard, sans oublier la contribution de la Côte d’Ivoire. Pourtant, la mission de ces soldats en Guinée-Bissau (ECOMIB) était d’assurer la sécurité et, à la suite du rétablissement de l’ordre constitutionnel, aider les nouvelles autorités à asseoir leur autorité et leur permettre de relever les défis en matière de sécurité.

Surprise, alors que la fin de la mission était prévue pour début 2021, celle-ci a officiellement pris fin le jeudi 10 septembre 2020 lors d’une cérémonie officielle présidée par Umaro Sissoco EMBALO, en présence de Son Excellence Jean Claude Kassi BROU, Président de la Commission de la CEDEAO. Auparavant, cette mission qui devrait se charger de la sécurité des membres du gouvernement, avait déserté les résidences du PM Aristides Gomes et des autres ministres, quelques jours après qu’Umaru Embalo se soit autoproclamé président de la république.

Pourtant les bailleurs de fonds qui depuis 2012, avaient financé cette force de la CEDEAO, n’ont pas réagi à ce départ avant terme des soldats el’ECOMIB et ce, quelques trois mois avant la fin définitive de l’UNIOGBIS qui, plus de vingt ans après son déploiement, tirera sa révérence. Un départ que certains jugent malgré tout prématuré en raison des tensions persistantes à Bissau.

Mieux, la plupart des acteurs de la société civile estiment que la fermeture du Binugbis, quelques semaines après le départ des soldats de l’ECOMIB, la force de la CEDEAO, est prématurée…. et dangereuse pour la sous région.

Cette mission politique de l’ONU, aujourd’hui appelée BINUGBIS, qui a été déployée en 1999, après la guerre civile, met fin maintenant à sa présence alors que des tensions persistent. Paris qui était plus critique et regardant, semble ne plus s’intéresser au respect des droits humains et fait pire que la CEDEAO 

Aujourd’hui, l’inquiétude c’est la position de la France dans le dossier Bissau guinéen. Paris avait une position très ferme vis-à-vis de Umaru Embalo dès que ce dernier s’est autoproclamé président avant la fin du processus. Mieux, la France a toujours assujetti son aide au respect des droits humains et, pourtant au vu des exactions subies par le Premier ministre Aristides Gomes, les autres ministres et députés qui n’ont pas rallié le pouvoir, le président Macron se devait d’être plus exigeant avec Umaru Embalo comme l’ont été les États-Unis, l’Angleterre ou l’Espagne qui sont restés fermés sur cette question.

Dans ce silence complice, Paris ne sera le seul à être pointé du doigt, il en est de même que les Nations Unies principalement sa représentante d’alors à Bissau. Mme Rosine-Sori Coulibaly, a fait comme si tout se passait bien alors des autorités étaient violentées jusque dans leur domicile par les militaires devenus des miliciens de Umaru Embalo.

« Là où Mohamed Ibn Chambas « a réussi » à extirper des griffes des Narcos le Premier ministre Aristides Gomes, Rosine-Sori-Coulibaly imposait à ce dernier de quérir la clémence de Umaru Embalo par écrit », Idriça Cantë, juriste. D’ailleurs, tient à préciser M. Canté, « Ces messieurs et dames de l’ONU et de la CEDEAO devraient éclairer la lanterne des gens sur les dessous de ces décorations faites par Umaru Embalo et apporter des précisions sur les présumés enveloppes reçues pour …services rendus ».

Pourtant Rosine-Sori-Coulibaly continue de se glorifier de la réussite de la mission onusienne en affirmant que des pas ont été franchis, même s’il y a des retards. Et de penser avoir accompli sa mission dans un contexte qui n’était pas sans difficultés, les Bissau guinéens, eux, continuent de croire que la situation est la même qu’avant l’installation de l’UNIOGBIS en 1999..

Cheikh Saadbou Diarra 

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2 Commentaires

  1. Quelle hypocrisie cette organisation onusienne qui se fait décorer après un putsch, qui touche des pots de vin et encourage la corruption massive des Chefs d’État ! Honte à Rosine Sori Coulibaly, seule responsable.

    • Finalement, il y’a de quoi douter de cette communauté internationale. Autant ONU, CEDEAO OU U.A, ces organisations posent des actes aux antipodes des valeurs qu’elles devraient incarner. Après la Gambie et la Guinée Bissau dirigées par des momies, à qui le tour .

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