mercredi, 24 avril 2024 05:25

Gambie : Respect des droits humains, le président Adama Barrow reste un bon élève de Yaya Jammeh

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@Atlanticactu.com – Avec la chute de Yaya Jammeh en 201 et les promesses mirobolantes de son successeur que plus rien ne sera comme avant, les gambiens de tous bords imaginaient que le respect des droits humains serait l’une des priorités du président Adama Barrow. Hélas, force est de reconnaître que malgré la promesse du président Barrow, de réformer le pays, les lois répressives restreignant les droits humains, notamment les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, qui ont servi sous le régime de son prédécesseur sont toujours en vigueur, écrit Amnesty International dans une nouvelle synthèse publiée ce 23 septembre 2021. Un rapport démenti par le gouvernement gambien.

Selon Amnesty international le 14 février 2018, la Cour de Justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a rendu un jugement concluant que la plupart des lois relatives aux médias en Gambie bafouaient la liberté d’expression. La Cour a demandé au gouvernement d’abroger ou de modifier toutes les lois pénales relatives à la diffamation, à la sédition et aux fausses informations, afin de les aligner sur les obligations incombant à la Gambie au titre du droit international relatif aux droits humains.

Pourtant, la plupart des textes de loi qui ont servi à réprimer les défenseurs des droits humains, les militants et les journalistes sous le régime de Yahya Jammeh sont toujours en vigueur, dénonce l’organisation de défense des droits humains. Dans sa forme actuelle, le Code pénal contient encore plusieurs clauses restreignant le droit à la liberté d’expression, pénalisant la sédition en lien avec le président et prévoyant des peines sévères, dont l’emprisonnement, contre ceux qui osent critiquer les autorités. Il autorise également la confiscation des publications et des machines d’imprimerie.

Amnesty International a dans son rapport, dénoncé le fait que les lois liberticides qui ont été utilisées par l’ancien président Yahya Jammeh pour opprimer les Gambiens, existent et qu’il existe des lois qui autorisent les agences de sécurité à espionner les journalistes, à intercepter les communications sans recours légal.

C’est Michèle Eken, chercheuse pour l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International qui en a fait la révélation, « Lors de son arrivée au pouvoir en 2017, le président Adama Barrow s’est engagé à mener des réformes critiques dans le pays et à renverser l’oppression qui caractérisait le gouvernement précédent. Près de cinq ans plus tard, le paysage législatif de la Gambie a à peine changé ».

« Sans tarder, le gouvernement gambien a accusé Amnesty International d’avoir publié un rapport universel qui est inexact car, plusieurs lois ont été votées dans le sens de l’amélioration des droits de chaque individu. Je suis déçu qu’Amnesty International n’ai pas cherché à vérifier auprès de nous certaines informations relayées », renseigne Ebrima Sillah le ministre de l’information 

Le 30 juin 2020, le défenseur des droits humains Madi Jobarteh a été inculpé de diffusion de fausses informations au titre de l’article 181 A du Code pénal. Le 26 janvier 2020, la police a fermé les stations de radio locales King FM et Home Digital FM qui avaient couvert une manifestation violemment réprimée par la police. Celle-ci a également arrêté les propriétaires et responsables de ces deux radios, et les a inculpés de diffusion de messages incendiaires et d’incitation à la violence. L’article 5 de la Loi relative à l’ordre public qui exige de demander la permission de manifester à la police demeure en vigueur et est invoqué depuis cinq ans pour limiter les rassemblements publics, relève Amnesty International.

Des accusations battues en brèche par le gouvernement du président Adama Barrow. Selon le ministre gambien de l’Information, Ebrima Sillah, joint au téléphone par Atlanticactu , les accusations publiées sont inexactes. « Laissez-moi vous dire que dans le rapport d’Amnesty International, il y a des aspects qui ne sont pas tout à fait exacts. Le gouvernement gambien a pris l’initiative audacieuse lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 2017 d’avoir un cabinet de conseil pour examiner toutes ces mauvaises lois sur les médias qui sont contraires à la liberté de la presse dans le pays ».

Dans un rapport publié la semaine dernière , Amnesty International affirme que malgré la promesse du président Barrow de réformer le pays il y a près de cinq ans, des lois oppressives restreignant les droits humains, y compris les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, sont toujours en vigueur dans les livres de droit du pays.

Avec plus de détails par rapport au document d’Amnesty, le ministre de l’Information Ebrima Sillah déclare que dire qu’il est déçu par le rapport,  est un euphémisme. Il dit que l’organisation de défense des droits humains n’a malheureusement pas respecté la « doctrine équitable » commune pour donner au gouvernement gambien le droit de répondre aux allégations contenues dans son rapport. M.Sillah a déclaré qu’Amnesty s’était simplement appuyé sur les informations qu’elle avait reçues de la Gambia Press Union, le principal organisme de journalistes du pays, et des organisations de la société civile (OSC) gambiennes pour dresser son rapport sans contacter le gouvernement de Banjul pour leur propre version des faits.

« Laissez-moi dire ceci, je suis vraiment déçu. Normalement, dans des relations de travail comme celle-ci, nous nous attendons à ce que lorsque vous avez des allégations ou des accusations contre nous, l’élégance aurait voulu que le gouvernement se prononce parce que tout ce que j’ai vu dans le rapport, Amnesty a cité l’Union de la presse gambienne et les autres groupes de la société civile (CSOS), qui bien sûr sont des partenaires de travail de l’organisation », a remarqué le ministre pourquoi, « Amnesty peut écrire à ces organisations, mais la Gambie est dirigé par un gouvernement et les manquements supposés qui ont été soulevés dans ce rapport, devraient être résolus par le gouvernement. Si vous publiez ces rapports sur la base de ce que d’accusations faites par d’autres personnes, il est évident que la sagesse conventionnelle serait que l’organisation revienne vers le gouvernement pour vérifier certaines des affirmations qui ont été dites », a déclaré Sillah.

Selon Ebrima Sillah, une équipe d’Amnesty International est bien venue à Banjul il y a quelque temps et avait demandé à avoir une audience avec lui, ce qu’il a accordé, mais à son grand dam,  les membres de l’équipe ne se sont jamais présentés à son bureau. Ils ont quitté Banjul sans le rencontrer.

Amsatou BARROW 

Correspondante en Gambie 

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