mercredi, 8 mai 2024 16:56

Gambie : Publication du rapport du TRRC, Samsudeen Sarr l’ancien ambassadeur aux Nations Unies, recadre Adama Barrow

Les plus lus

@Atlanticactu.com – L’ancien ambassadeur de la Gambie aux Nations Unies sous le règne du président Yaya Jammeh, vient d’administrer une leçon de gouvernance au président Adama Barrow et à son ministre de la Justice Dawda Jallow. Samsudeen Sarr n’a pas apprécié la précipitation de la sortie du rapport de la TRRC à la suite du pressions. Mieux, s’interroge l’ancien diplomate, pourquoi la TRRC s’est limitée seulement à enquêter sur certains faits tout en omettant les tentatives de coup d’état contre Yaya Jammeh avec les attaques de mercenaires à Farafenni ou à Kartong. Ci dessous l’intégralité de La Tribune signée par Samsudeen Sarr 👇🏼👇🏼👇🏼

Cher honorable ministre Dawda Jallow,
Je veux d’abord faire certaines affirmations avant de vous livrer mon message spécial ; que je ne vous écris pas par défiance ou par une forme d’hostilité mais plutôt par tendance habituelle à toujours donner mes avis sous forme d’écriture. Dans ce cas cependant, j’ai jugé impératif d’attirer votre attention sur ce qui se manifeste comme votre position concluante, consciemment ou inconsciemment, à propos du rapport et des recommandations de TRRC partagés publiquement le vendredi 24 décembre 2021.

En tant que ministre gambien de la Justice, je m’attendais à ce que vous offriez au président Adama Barrow un meilleur conseil sur la publication prématurée du rapport de la TRRC et des recommandations avec de telles allégations brutes et infondées dans la plupart des cas. Après avoir su maintenant que toutes les accusations de ces  personnalités conflictuelles sont les causes des procédures défectueuses et, je pense que cela aurait dû vous empêcher d’agir de façon  mécanique et de donner un feu vert dans la mise en œuvre des règles enfreintes à plusieurs reprises durant ces mois d’enquête.

Ne pensez-vous pas que ce règlement de la TRRC qui oblige le gouvernement à rendre public son rapport et ses recommandations dans le mois suivant leur présentation au président, soit moins rigoureux. Car, comment expliquer que ce règlement aussi bon soit-il,  ai eu à refuser d’investiriguer sur les attaques de Farafenni de 1997, Kartong ainsi que d’autres incidents violents où des soldats gambiens ont perdu la vie des faits de mercenaires étrangers ?

Le conseiller principal « politique » Essa Mbye Faal pour tenter d’expliquer pourquoi l’incident des six soldats qui ont été assassinés de sang froid par les mercenaires de Charles Taylor – Mbalo Kanteh & Co-durant l’attaque de Farafenni de 1996 ne faisait pas partie du rôle de la TRRC, a déclaré que l’attaque n’a jamais été du mandat de la TRRC. Si par cette contrainte soulevée, le TRRC n’a pas pu enquêter sur l’attaque de Kartong et sur celle du 30 décembre 2014, et sur d’autres, qu’est-ce qui a changé pour Essa Faal et ses enquêteurs d’inclure au hasard l’attentat de Farafenni ? Oui, c’était ça devait être un hasard dans le sens où le témoin principal Mbalo Kanteh n’a pas seulement obtenu une tribune pour mentir à mon sujet, mais même dans l’attestation antithétique de son homologue témoin Omar Joof Dampha qui a souligné l’excellent traitement qu’ils avaient reçu lors de leurs arrestations. Contrairement aux mensonges de Mbalo Kanteh, Omar Joof a apprécié publiquement mon intervention humanitaire au NIA mais pourtant, la TRRC a toujours volontairement ignoré cela dans ses conclusions.

D’ailleurs, pourquoi le TRRC a-t-il pris l’engagement supplémentaire de fournir des services de transport, d’hébergement et d’autres installations aux témoins venus d’Angleterre pour témoigner, mais a refusé de me donner la même opportunité de me défendre gratuitement ? Le porte-parole du gouvernement Ebrima Sankareh a été mon témoin lorsque je les ai appelés à comparaître et j’ai eu la réponse grossière du Dr Baba Galleh Jallow, le secrétaire administratif, selon laquelle mon « témoignage n’était pas pertinent pour leur enquête ». Je suppose qu’à ce moment-là, l’attaque de Farafenni était toujours considérée comme hors de leur sphère de compétences. 

Vous voyez honorable ministre, même avec la violation de cette restriction concernant l’attaque de Farafenni qui, je crois, a été volontairement faite pour m’incriminer, j’ai comme témoin principal le conseiller à la sécurité nationale, le Colonel Momodou Badjie pour prouver que Mbalo Kanteh avait menti sur comment et pourquoi je l’aurais torturé en 1996. J’ai également des preuves supplémentaires qui montrent que je n’étais même pas dans le pays le jour où la caserne Farafenni a été attaquée. Mbalo Kanteh avait en effet affirmé que j’étais parmi ceux qui l’ont torturé ce jour-là quand il « nie son implication » dans l’attaque jusqu’à ce que Yaya Drammeh l’identifie plus tard lors de son arrestation. Donc, me concernant il ne pouvait y avoir aucune implication possible. 

Pour ceux qui ne le savent peut-être pas, Mbalo Kanteh a eu tôt le matin de l’attaque une grave blessure par balle à la cuisse qui l’a immédiatement handicapé et ce qui a fait qu’il a été le premier à être capturé. Il n’aurait donc pas pu cacher son identité comme il l’avait prétendu à tort. Ce gars était un tueur et un menteur chevronné.

En 2000, j’ai écrit une histoire détaillée sur l’attaque de Farafenni toujours accessible dans les archives de la Gambie-L où entre autres j’ai inscrit les noms des assaillants comme Ablie Sonko, Omar (John) Dampha, Essa Baldeh, Sulayman Sarr, Mbalo Kanteh, Yaya Drammeh et Famara Gibba qui ont collectivement assassiné le Caporal Sidibeh, le soldat Saidy, le sergent d’état-major Jatta et trois autres soldats. Sulayman Sarr était et est toujours en Gambie mais n’a jamais été invité à témoigner en tant que l’une de ces « victimes ».

Et comme je l’ai dit plus haut, l’habitude m’a toujours obligé à documenter mes inquiétudes pour la postérité tout comme dans cet incident particulier. Je ne dis cependant pas que vous êtes l’un des pires ministres de la Justice à avoir occupé ce siège en Gambie en ne conseillant pas correctement le président sur la TRRC et ses implications négatives, mais sans résister, je me réserve le droit de vous juger de manière défavorable parce que vous avez choisi d’être politiquement partisan dans une affaire juridique. 

Vous parlez comme si les allégations recueillies à la TRRC qui, je vous le rappelle, ne sont pas recevables devant un tribunal compétent car ayant démontré qu’elles étaient insuffisantes et insuffisamment raisonnables pour m’inculper publiquement. En écoutant votre interview avec la BBC Focus on Africa peu après votre conférence de presse litigieuse, vous avez suggéré que pour éviter de poursuivre, ceux d’entre nous accusés d’avoir commis des crimes devraient faire appel à la TRRC pour l’amnistie dans les deux semaines, ce qui revient ostensiblement à admettre votre culpabilité et votre soutien des recommandations brutes.

Votre message d’un « livre blanc » du gouvernement imminent pour valider le rapport TRRC énonce donc une rhétorique creuse.

Je crois qu’en l’absence de tout paradoxe, le rapport de la TRRC était censé aider le gouvernement après son examen nécessaire pour identifier les victimes réelles ayant droit à une indemnisation ; mais je crois comprendre que le processus de paiement avait déjà été commencé avec Mbalo kanteh un méchant tueur déjà bien récompensé pour rien.

Au fait, n’avez-vous pas vu la nécessité d’étudier de près le rapport de TRRC avant de rendre public ses conclusions après avoir réalisé comment Essa Mbye Faal avait fait un clin d’œil au gouvernement pour le nommer comme conseiller apolitique lors de ses activités politiques et des confessions équeutes ? Essa avait, le jour du lancement de son parti politique pour se présenter aux élections présidentielles, avoué sa loyauté politique à l’UDP pendant de nombreuses années et son ambition présidentielle.

Mais honorable ministre, je suis inquiet parce que ni vous ni le TRRC ne m’ont jamais donné l’occasion de me défendre avant de m’accuser dans ce rapport vicié par des allégations non corroborées. Le rapport indiquait que j’ai torturé Mbalo Kanteh et joué un rôle dans la mort de Yaya Drammeh. Comment était mon implication dans la mort de Yaya Drammeh et quel témoin l’a dit ? Pourquoi le nom du directeur général de la NIA à l’époque, feu Samba Bah et Abdoulie Kujabi étaient-ils les plus cités par les « coupables de torture » dans l’incident de Farafenni ? Une enquête approfondie sur l’attaque visant à connaître toute la vérité et non pas simplement incriminer Samsudeen Sarr aurait donné de bien meilleurs résultats que ça.

Je ne m’attends certainement pas à une grande différence entre le soi-disant « Livre blanc » et ce qui est déjà contenu dans le rapport et les recommandations du TRRC distribué à la hâte tant que vous resterez le procureur général et le ministre de la justice et le conseiller du président sur cette affaire.
Le gouvernement sous votre surveillance a injustement étalé mon nom et mon personnage sur un rapport qui aurait dû être étudié de façon satisfaisante avant d’être partager publiquement. Et je ne resterai pas silencieux même si ma vie en dépend.

Vous voyez l’honorable ministre, dans un « livre blanc » où ces allégations sont finalement prouvées fausses et intenables, la stigmatisation nationale et internationale de ma culpabilité restera difficile à défendre ou à effacer Je vais donc demander un conseil juridique sur cette stigmatisation grossière dont je suis victime, de ce que cela représente et de ses potentielles ramifications.

Pour une dernière note, je vous enverrai une copie de cette lettre ouverte et la pièce jointe de l’histoire que j’ai publiée sur l’attaque de Farafenni à la Gambie-L en 2000.
Si le TRRC ne pouvait pas me laisser expliquer ma version de l’histoire et le gouvernement d’ailleurs, croyez-moi, je ne m’excuserai jamais ou ne demanderai l’amnistie de qui que ce soit pour un crime que je n’ai pas commis.

Samsudeen Sarr
Banjul, Gambie.

Plus d'articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Les plus récents