@Atlanticactu.com – Nommé au sortir des émeutes qui avaient émaillé l’ensemble du territoire national avec son corollaire de morts, blessés, de vandalisme et pillages, l’actuel Directeur général de la police nationale aura fort à faire notamment avec les discours des ministres de l’intérieur, des affaires étrangères et du président du CESE sur la présence de forces occultes sur les « terrains d’opération ». Seydou Bocar Yague devra également réconcilier la police et les policiers mais surtout, la police et les citoyens. D’où l’impérieuse nécessité d’instaurer rapidement une politique sur la question de l’autorité.
Sans coup férir, on peut légitimement s’interroger sur la politique sécuritaire du gouvernement qui, à la lumière des derniers événements, a montré à suffisance qu’elle est loin des attentes des populations. S’il est vrai que les mouvements de foules spontanés constituent des inquiétudes, il est à dénoncer vivement le laxisme supposé du gouvernement en matière sécuritaire et judiciaire. Les récents drames qui ont émaillé l’actualité, à commencer par la présence de nervis violentant, interpellant des citoyens exprimant un droit fondamental, ont creusé davantage l’irrespect que les populations prêtent aux forces de sécurité, premiers et derniers remparts d’une démocratie vivante. Une tâche noire à faire oublier rapidement…
Pourtant, depuis près de huit ans, les signaux étaient là mais, personne n’avait voulu voir car, chacun se suffisant à sa petite bulle. En effet, le trop-plein d’arrestations arbitraires d’Activistes pour un OUI ou un NON, les répressions sévères et injustifiées qui ont fin de revêtir le manteau de l’impunité, ont tour à tour désacraliser les « hommes de tenue » considérés comme des personnes « taillables et corvéables » à souhait. Et ce, pour satisfaire exclusivement le maître, oubliant du coup les missions régaliennes et républicaines qui, ailleurs, ont permis l’épanouissement de toutes les franges d’une sociétés.
Le silence réprobateur qui suivait après les arrestations musclées où les emprisonnements préventifs, s’était développé même si à chaque fois c’était le même ballet: le petit personnel politique se pavanait de plateau en plateau pour convaincre à travers des déclarations pour l’éternité et autres serments solennels, « Force restera à la loi, jamais plus, jamais plus… » Et puis ça recommençait encore et encore parce que Guy Marius Sagna, Clédor Sène, Assane Diouf, Pape Abdoulaye Touré, Abdourahmane Sow…., avaient également décidé que leurs droits seraient respectés par A ou B.
« On les brime, on leur prive de liberté et après on brandit la Culture de l’excuse. Mais, les sénégalais font abstraction de tout et attendent de juger sur pièces »
Ce que les autorités n’avaient pas intégré et qui malheureusement, montrera les failles de notre politique sécuritaire lors des émeutes de mars 2021, « c’est que quand on engerbe toutes les violences, de quelque nature qu’elles soient, celles-ci deviennent le résultat d’une absence totale de politique sur la question, en amont, de l’autorité, et la question, en aval, de la sanction et de la révolte longtemps enfouie par des populations exacerbées ».
Et pour réparer ou restaurer ce maillon qui s’est cassé, Seydou Bocar Yague n’aura d’autres priorités que de doper mentalement ses hommes, de récompenser les plus méritants et de ranger ce que certains personnels considèrent comme un favoritisme de mauvais aloi. Le nouveau DGPN se doit d’être un chef à l’écoute de ses troupes et d’éviter là psychose du syndrome de mars 2021 où les hommes semblaient laisser à eux-mêmes face à la furie populaire.
Encore une fois, des forces de sécurité ne forgent pas leur image à partir des rutilantes dans lesquelles se calfeutrent les patrons qui ont cessé d’être des chefs et, pour faire montre de professionnalisme comme ce fut lors d’autres périodes chaudes de l’histoire, les éléments ont juste besoin de moyens humains, matériels et financiers mais, ce qui est le plus important, de moyens de remise à niveau par la formation permanente.
Dans ce cadre, les ministres de l’Intérieur et de la Justice, dont les annonces et prises de parole ne semblent pas convaincre car, étant plus politiciens, ont ouvert le boulevard qui pourrait pousser à penser que la société sénégalaise a « perdu toute forme d’autorité et (…) toute forme de sanction, au nom de la culture de l’excuse politicienne » .
PAPE SANÉ