vendredi, 26 avril 2024 16:33

Sénégal : Quand la notoriété et son incroyable potentiel électoral font la popularité de Ousmane Sonko

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@Atlanticactu.com – Quasi inconnu du landernau politique jusqu’à sa radiation de la fonction publique pour manquements à l’obligation de réserve, le députée Ousmane Sonko est crédité d’une notoriété retentissante et d’un potentiel électoral non négligeable. Depuis la présidentielle de février 2019, le candidat de la coalition arrivé 3ème, ne cesse d’affoler les statistiques au point de se hisser au niveau de principal opposant du président Macky Sall. L’affaire Adji Sarr confirmera le surfing du Pastef ou du moins son leader, sur la scène politique nationale.

Très en verve quand il présidait aux destinées du Syndicat des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko était en retrait de la vie politique jusqu’en 2014, date de création de Pastef « Les Patriotes ». La virulence de son propos sous-tendu par des révélations les unes plus fracassantes que les autres, lui vaudront son départ de l’administration. Pour autant, Ousmane Sonko n’a pourtant jamais disparu du monde médiatique. Son élection sur la liste de la coalition Ndawi Askan Wi comme député en 2017 lui ouvrira le premier palier de la légitimité politique.

Les dénonciations sur la faiblesse des taxes sur le salaire des députés ou les prêts et cessions de terrains lui vaudront d’être la bête à abattre au sein de l’hémicycle. Les députés qui venaient de voir s’envoler des avantages indus ne pardonneront pas à Ousmane Sonko ce crime de lèse-majestés. Ses prises de parole sont ponctuées de quolibets dignes d’enfants de la maternelle et pour autant, le chantre de Pastef tiendra bon face à une majorité décidée à ne pas se laisser faire.

Les ministres venus présenter ou défendre un projet de loi à l’assemblée nationale, sont horrifiés à l’idée de subir les réquisitoires du « nain politique ». Les députés prendront leur première revanche lors de la commission d’enquête sur les 94 milliards reprochés à Mamour Diallo

Sur une pente ascendante depuis son entrée en politique, Ousmane Sonko le candidat des « réseaux sociaux » va administrer une défaite mémorable à Macky Sall et la toute puissante coalition BBY dans les départements de Bignona et Ziguinchor. Les aiguilles des compteurs vont osciller gravement en l’espace de deux ans passant de 33 706 voix soit 1,15% de l’électorat à 687 523 voix soit 15,67 des suffrages lors de la présidentielle de 2019. Comme Abdoulaye Wade en 2008, Macky Sall venait lui aussi de parrainer la naissance d’un monstre politique.

Ces chiffres, Ousmane Sonko les obtiendra grâce à la faiblesse du discours de la mouvance présidentielle, plus prompte à donner des coups en dessous de la ceinture plutôt de chercher à apporter des réponses aux exigences et sollicitations des sénégalais devenus plus exigeants et regardants par rapport à l’offre politique. Avec un brin de méchanceté gratuite, les seconds couteaux de l’APR comme de BBY s’emploieront à déconstruire le discours du jeune et charismatique opposant, un habitué des phrases-chocs contre une classe politique qu’il juge « corrompue » et « vendue aux intérêts étrangers ».

D’ailleurs, Babacar Justin Ndiaye le célèbre Chroniqueur le rappellera à maintes occasions. Par exemple, « S’il est attaqué il tient le haut du pavé, s’il attaque il tient le haut du pavé. », dira t’il quand le pouvoir affolé , fera feu de tout bois contre Ousmane Sonko. Car, à en croire ses adversaires, il serait l’incarnation de toutes les dérives de la politique contemporaine : souverainiste antisystème, nationaliste au populisme décomplexé. On lui prête volontiers une proximité avec l’idéologie salafiste dans un pays qui pratique à plus de 90 % un islam soufi pacifique.

De « nain politique », Sonko grâce à une majorité prompte à vouloir le démolir, devient rapidement une figure iconoclaste. Même le stratège Seydou Gueye mordra à l’hameçon avec une diatribe célèbre « spécifiques aux logiques pro-islamique et djihadiste. Ça me semble inacceptable dans notre espace politique » en répondant aux propos incendiaires « Ceux qui ont dirigé le Sénégal depuis le début mériteraient d’être fusillés ». 

« Les adversaires de Sonko sont en train de le propulser comme une fusée », avait averti Babacar Justin Ndiaye à quelques jours de la présidentielle. L’histoire lui donnera raison et le gouvernement traînera ce boulet , cherchant des artifices pour réduire au silence l’impénitent jeune homme, qui a osé s’en prendre au système au point de le faire chanceler rudement. Ce qui pour certains, a été l’effet déclencheur de la rapide cour faite à Idrissa Seck, arrivé 2ème lors de la présidentielle dernière Macky Sall sur qui, il avait jeté des mois plus tôt des accusations d’une extrême gravité. 

« Il fallait rapidement réduire la force de frappe de Pastef en enrôlant rapidement Idrissa Seck saigné financièrement par la campagne et d’autres revers révélés par le journaliste Babacar Digne », confie Ngouda Sall, responsable de ADK.  Selon le proche de l’ancien maire de Dakar, « le pouvoir après avoir réussi à écarter Khalifa Sall et Karim Wade, avait oublié que la nature avait horreur du vide, un vide comblé par Ousmane Sonko qui va demeurer une épine dans le pied de Macky Sall.

Malgré l’affaire « Adji Sarr », les prises de position de Ousmane Sonko sont de plus en plus passées au peigne fin. Sans forcément le vouloir, l’ancien inspecteur des Impôts ne laisse personne indifférent et reste au centre des débats. Sa notoriété n’y est pas pour rien. Un récent sondage commandé en toute discrétion il y a plusieurs semaines, le place dans le cœur des sénégalais à hauteur de 60%.

Cheikh Saadbou DIARRA 

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