C’est un début de solution pour les polices françaises, italiennes et certaines ouest africaines. Après des investigations de près d’un an entre Rome, Paris, Abidjan, Dakar et Bissau, plusieurs personnes, dont six Italiens, ont été arrêtées le 6 juin à Abidjan et à Tabou, près de la frontière du Liberia. L’opération qui a été baptisée « Spaghetti Connection » et a débuté en septembre par la saisie de 1,2 tonne de cocaïne dans le port de Santos au Brésil, dissimulée dans une cargaison à destination d’Abidjan et Praïa.
C’était la joie des grands jours au siège de la Police Judiciaire ivoirienne jeudi soir. Les hommes de la commissaire Elie Kambilé Palé ont de quoi pavoiser. Après plus de neuf mois de filatures, d’une enquête discrète, ils ont pu mettre la main sur six Italiens, un Français et trois Ivoiriens et des armes saisies.
Malgré la joie de ses hommes, la directrice de la Police Judiciaire ivoirienne continue de mettre la pression pour permettre à l’enquête qui se déroule également dans plusieurs pays d’avoir la même suite.
Selon la nouvelle directrice jointe par Atlanticactu.com, « C’est à partir d’informations partagées avec le Brésil à partir d’Interpol que nous avons alerté les pays dont les ports étaient concernés par le trajet du navire. C’est ainsi que nous avons découvert qu’à Abidjan et Dakar, la société destinatrice est tenue par des Napolitains affiliés à la Camorra . Par le passé, ils avaient déjà effectué depuis 2017 plusieurs expéditions du même genre. Quand vous savez que 1,2 tonne de cocaïne est achetée sur le marché sud-américain environ 2,5 millions d’euros, mais que cela se revend 250 millions d’euros en Europe ou en Afrique. Évidemment on savait qu’on avait affaire à un réseau criminel mafieux qui était également introduit sur place et qui avait les contacts sur place. »
Même son de cloche du chef du bureau Interpol d’Abidjan, l’un des plus importants de la sous-région, « Le 17 septembre 2018, la Police brésilienne détecte et saisit une tonne 195 kilogrammes de cocaïne emballés dans plusieurs paquets soigneusement cachés à l’Intérieur des compacteurs de trois caterpillars destinés à l’exportation vers la Côte d’Ivoire.
Ainsi, elle convoque la société chargée de l’exportation et les responsables leur remettent les documents relatifs à l’ensemble des exportations dont le commanditaire est une société basée à Abidjan.
Par le biais de la coopération internationale, l’Unité de lutte contre le crime transnational (UCT) avec la collaboration des structures de lutte anti-drogue de cinq pays de l’Arc du Golf de Guinée et l’appui de certaines unités de police et de gendarmerie spécialisées mènent une vaste opération qui a abouti à l’interpellation de dix individus dont 06 Italiens, 01 Franco-turque et 03 Ivoiriens dont 02 femmes ».
Ils ont également saisi 08 armes à feu, des dizaines de montre de valeur et des véhicules de luxe.
Vu la mesure que prend l’utilisation de la drogue, la Police Nationale, à travers les opérations Éperviers mène depuis trois ans diverses interventions qui ont permis de démanteler plusieurs réseaux internationaux de drogue.
La Police Nationale invite donc les populations à se tenir éloigné de ce fléau et à coopérer avec les services de Police afin de décourager tous ceux qui tenteront de s’y adonner.
L’enquête aura permis d’établir le lien entre les suspects et la mafia. Ou plutôt les mafias puisque, selon les enquêteurs, dans cette affaire la Camorra – la mafia napolitaine – et la ‘Ndrangheta – la mafia calabraise – se sont associées pour faire venir la drogue en Europe, via la Côte d’Ivoire.
« Cette drogue devait transiter par la Côte d’Ivoire pour remonter en Italie, donc la Côte d’Ivoire c’est la route. Nous découvrons que la Côte d’Ivoire fait partie des pays qui sont considérés comme pouvant faire transiter la cocaïne », explique le commissaire Bonaventure Adomo, directeur de l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale (UCT).
Les polices française, ivoirienne et italienne saluent l’efficacité de leur coopération. Les enquêtes se poursuivent et les suspects seront rapidement déférés au parquet indique l’UCT.