vendredi, 26 avril 2024 05:31

Coronavirus : L’Occident prévoit une hécatombe en Afrique, et si le Sénégal était le point de départ

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Au moment où la pandémie décime des pans entiers de la population de certains pays occidentaux comme l’Italie, l’Espagne, les États-Unis ou la France, l’Afrique dont de nombreux scientifiques prévoyaient 450.000 cas de coronavirus d’ici début mai, continue de tenir le peloton de queue de cette tragédie mondiale. 1.000 décès pour 19.334 cas de contamination confirmés, l’Afrique est avec l’Océanie l’un des continents les moins touchés par l’épidémie de coronavirus. C’est à cet instant où la solidarité était plus attendue que la France a décidé de suspendre la fourniture de médicaments au Sénégal qui a enregistré 3 morts à ce jour.

« Les États n’ont pas d’amis mais des intérêts ». Cette vérité vient encore une fois d’être administrée à nos autorités qui depuis l’apparition du premier cas positif au Coronavirus, essayent avec peu de moyens de faire face. Une réussite jusque-là en partie grâce à la ténacité du Professeur Moussa Seydi ï qui a cru dur comme fer que l’expertise acquise lors de l’épidémie d’Ébola était à même d’apporter une riposte mesurée mais efficace.

Au mois dernier alors que le continent comptait seulement 9.000 cas recensés, « l’Afrique affiche un bilan en trompe-l’œil qui ne rassure ni les experts, ni la communauté scientifique qui envisage avec inquiétude les effets d’une pandémie de Covid19 sur le continent », avait estimé une équipe de scientifiques de la London School of Hygiene and Tropical Medicine estime à 450.000 le nombre de personnes infectées par le Covid19 en Afrique d’ici début mai.

La pandémie de Covid-19 a fait plus de 150.000 morts dans le monde. Plus de 2,2 millions de cas d’infection ont été officiellement diagnostiqués dans 193 pays et territoires différents. Paris coupe le robinet au Sénégal et met en garde d’autres pays africains

La décision française de stopper la fourniture de médicaments au Sénégal tombe mal. C’est au moment où les médecins font face à plus de cas notamment ceux émanant de ceux dits communautaires que cette décision est tombée. Le pays totalise au 18 avril 2020, 350 cas de contamination au coronavirus avec 211 cas de guérison et 3 décès. Un taux de guérison relativement élevé pour le Sénégal qui a répertorié son premier cas de contamination le 02 mars dernier. La disponibilité de certains traitements avait soulevé une polémique en fin de mois passé. La Pharmacie Nationale d’Approvisionnement avait assuré de son stock et de l’existence de commandes en attente.

39 médicaments sont concernés par la mesure et sont tous utilisés dans le traitement du Covid-29. Pour cela, les autorités françaises ont brandi L’article L-5111-4 du Code de la santé publique française. L’article en question stipule que : “afin d’éviter toute rupture d’approvisionnement préjudiciable à l’organisation des soins et susceptible de mettre directement en jeu la vie des patients concernés“. Ainsi, 39 médicaments utilisés au Sénégal, dont ceux impliqués dans le traitement du coronavirus sont concernés par cette décision des autorités françaises.

les autorités françaises ont décidé de suspendre la fourniture de médicaments pour le traitement du Covid-19 vers le Sénégal. Une décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Les pharmaciens et distributeurs sénégalais ont été avisés de la décision par les autorités de l’ASMN à travers une lettre de la directrice-adjointe générale de l’agence, Docteur Christelle Ratignier-Carbonneil.

Avec un bilan officiel de 3 morts sur 400 sur l’ensemble du continent, la « réussite » sénégalaise ne serait pas du goût de certaines firmes au point qu’il faille user de subterfuges pour couper les vivres à l’équipe médicale chargée de la riposte ?

Un chiffre qui paraît marginal par rapport à la France qui totalise 112606 cas Confirmés avec 19718 décès enregistrés et, anecdotique au regard des crises sanitaires que l’Afrique a traversées. En guise de comparaison, la crise du virus Ebola survenue en 2014 avait provoqué plus de 11.000 morts dans trois pays seulement — le Sierra Leone, la Guinée et le Liberia qui ne représentent que 25 millions d’habitants.

Des projections macabres des scientifiques de la London School of Hygien and Tropical Medecine qui sont partis des dégâts faits par Ébola dans seulement 3 pays pour annoncer ces chiffres . L’un d’entre eux, Carl Pearson cité dans The East African avait soulevé l’idée de « répercussions négatives sur les systèmes de santé avec l’interruption de traitement pour les patients non atteints, la perturbation des campagne de médecine préventives, comme les vaccinations ». Plus largement, la crise pourrait cristalliser les faiblesses des systèmes de santé publique de pays africains. Des entreprises se sont mobilisées pour porter assistance aux gouvernants qui manquent d’équipements et ne peuvent guère compter sur leurs partenaires occidentaux se trouvant dans la même situation.

Cette suspension de fournitures tombe au moment où le Sénégal est confronté à une recrudescence des cas de contamination communautaire au Covid-19 qui représente maintenant 10% des cas recensés. Le pays ne dispose plus d’usine pharmaceutique, la dernière fonctionnelle, Medis, a fermé ses portes en janvier. Des négociations étaient annoncées. Une industrie nouvelle mise en place en juillet 2019 devrait livrer ses premiers médicaments à base de chloroquine dans 5 mois. Il s’agit de Teranga Pharma.

Pape Sané (Atlanticactu.com)

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