vendredi, 29 mars 2024 15:31

Chronique de Pape SANÉ : Inauguration et baptême du Stade Me Abdoulaye Wade……oui et après ?

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« L’homme politique est devenu au fil du temps, non pas un Serviteur mais, un si habile manipulateur au point qu’il se confond davantage à une illusionniste », disait Grézel Christian 

En l’espace de quelques heures, unanimement les Sénégalais ont tu leurs divergences pourtant profondes pour se réunir autour de l’essentiel qui est loin d’en être Un. Comme lors lors du sacre des Lions en Coupe d’Afrique de Football suivi de leur accueil et des non moins primes et cadeaux exceptionnels toujours objet à débattre, l’inauguration du Stade du Sénégal qui porte désormais le nom de Me Abdoulaye Wade le prédécesseur de Macky Sall et père d’un certain Karim Wade, ancien ministre du Ciel et de la Terre, en exil forcé ou désiré quelque part du côté des riches monarchies du Golfe.

Même si je n’ai rien contre les signes ostentatoires de richesse surtout venant d’un pays pauvre parmi les plus pauvres de la planète, je ne comprendrais jamais et je trouve ridicule de suspendre tout un pays et mobiliser autant de moyens juste pour inaugurer un simple stade aussi merveilleux soit-il. Certes, disposer d’un stade de haut standing relève d’un droit légitime et point d’un privilège à célébrer avec faste. Ne devons-nous pas mettre fin à cette tendance assez légère à exiger aussi peu de nos gouvernants qui est la cause de leur manque de considération à l’égard du peuple en général mais surtout de leur arrogance.

Entouré de plusieurs chefs d’état qui, à force d’inaugurer des infrastructures dans leur pays, en sont arrivés à ne plus compter le nombre d’ouvrages construits mais, s’interrogent désormais sur les priorités de leurs populations plus intéressées par des universités, des hôpitaux, des industries, de la maîtrise de l’eau, de la souveraineté numérique, de l’autosuffisance alimentaire…. Certains ont dû rire sous cape en voyant ces milliers de sénégalais venus assister à l’inauguration du Stade dont le coût exorbitant (150 milliards de francs CFA), aurait certainement servi à réduire le Gap des abris provisoires situés à moins d’un kilomètre du bijou inauguré.

Cela nous renvoie simplement au pouvoir d’une signature apposée au bas d’un document et qui, en l’espace de quelques minutes suscité chez certains le sentiment d’être un homme puissant ou un supra. Mais, combien de fois une signature a accentué l’asservissement de nos pauvres pays vis-à-vis de l’Occident auparavant et de plus en plus envers la Chine, la Russie ou les monarchies arabes ? Mon président devrait se rappeler de cette litote de feu John Fitzgerald Kennedy, « Même à l’approche de la fin du monde, il se trouvera toujours un connard qui vous dira : Monsieur le Président, votre signature ici, svp…».

Mais, les sénégalais pourront pardonner à Macky Sall en faisant sienne cette célèbre citation du Général De Gaulle qui disait « Comme un homme politique ne croit jamais ce qu’il dit, c’est pourquoi il est étonné quand il est cru sur parole ». Après avoir élu un président, nous avons tous accepté d’être dirigés par un monarque qui ne s’interdît absolument rien du tout pour son confort. Ou plutôt pour le standing du Sénégal, comme le disaient ses inconditionnels qui, douloureusement, essayaient de convaincre les Gorgolous sur la nécessité pour le président d’un pays parmi les plus pauvres, les plus endettés, de se doter d’un nouvel avion relooké à près d’une centaine de milliards de francs CFA. Cet avion qui soit dit en passant, payé par le contribuable sénégalais, devrait lui permettre de s’occuper de ses nouvelles tâches à la tête de l’Union Africaine. Quelle générosité ! Les enseignants actuellement en grève apprécieront…..

Lancés le 20 février 2020, les travaux du Stade Olympique de Diamaniadio qui ont couté 156 milliards de FCFA ont été bouclés en 17 mois. Hé oui, parce qu’il urge de rappeler que le 30 mars 2018, deux ans avant le début des travaux du stade de Diamniadio, le même président Macky Sall avait lancé le programme «Zéro abri provisoire» d’un coût global de près de 125 milliards de FCFA et, qui devait permettre la construction de 6369 salles de classe. Bizarrement, même le ministre de l’éducation nationale ne semble plus se rappeler de ce programme dont le financement était déjà acquis. Nelson Mandela ne nous disait-il pas régulièrement que « L’éducation est l’arme la plus redoutable pour changer le monde », et que c’est un ingrédient essentiel dans la vie des nations. On ne pourra jamais lutter efficacement contre la violence et contre le chômage si on ne mène pas un combat pour la connaissance. La recherche et l’éducation doivent être les priorités absolues d’une nation.‘

Et pour agrémenter cette belle réussite de son Excellence, le président Rwandais Paul Kagamé a stoppé la remise de 2000 logements sociaux pour faire plaisir à son homologue sénégalais qui, en toute logique, ne devrait pas lui dire combien ce stade aura coûté au contribuable sénégalais.

Le président Turc Recep Tayip Erdogan n’a pas eu cette fois-ci à se plaindre du nombre des ministres présents à son arrivée et , à qui il devait serrer la main. Le nouveau Sultan des rives du Bosphore était éradiquée tout heureux de voir que ses entreprises étaient en train de participer de façon soutenue à son effort de guerre contre l’ogre occidental. Ouï, les entreprises turques à travers des Partenariats Public/Privés profitent de l’insouciance de certains leaders africains, adeptes des projets clé en main, pour se mettre plein les poches. Ouï, il faut oser le dire , il n’y a qu’à Sénégal où on trouve un stade à 150 milliards de francs CFA au moment où tout est à l’arrêt pour ne pas dire à l’agonie.

Après les plus que 800 milliards de l’inTERminable TER, les 300 Milliards du BRT, les 156 Milliards du Stade du Sénégal. Oups, Stade Me Abdoulaye Wade, à quand le prochain projet  iconoclaste ?

Pape SANÉ 

Directeur de Publication 

www.atlanticactu.com

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