Sénégal
Atlanticactu/ El Malick Ndiaye/ Saliou Ndong
Malick Ndiaye impulse une nouvelle ère à l’Assemblée nationale
À la tête de l’Assemblée nationale, Malick Ndiaye ambitionne d’instaurer une gestion plus rigoureuse et moderne de l’institution. Dans un entretien accordé à la chaîne privée TFM, il affirme sa volonté de digitaliser le travail parlementaire et de redonner toute sa dignité aux députés.
Dès son arrivée, l’ancien ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens a été frappé par un manque criant de rigueur dans la gestion financière. « Lors de la passation de service, j’ai demandé l’état des finances, mais aucun document ne m’a été remis. L’Assemblée nationale ne disposait d’aucune comptabilité formelle. Des sacs d’argent circulaient et les paiements se faisaient en espèces », dénonce-t-il. Pour y remédier, il a instauré une règle stricte : « Dès mon installation, j’ai informé les députés que ceux qui ne fourniraient pas un compte bancaire avant le 15 du mois ne percevraient pas leur salaire par virement. »
Digitalisation et rationalisation des coûts
Parmi ses priorités, la modernisation numérique de l’hémicycle figure en bonne place. « Nous allons équiper les députés de tablettes et leur attribuer des e-mails professionnels. Actuellement, chaque député reçoit 18 kilos de documents pour l’examen des budgets. Avec la digitalisation, nous réduirons les coûts et gagnerons en efficacité », explique-t-il.
Transparence et fin des privilèges injustifiés
Malick Ndiaye entend aussi mettre fin aux pratiques opaques. « Une cellule de passation des marchés sera mise en place. Jusqu’ici, lorsqu’on demandait des justificatifs, la seule réponse était : “C’est à la discrétion du président.” Ce temps est révolu », affirme-t-il.
Des réformes ont également été engagées concernant les indemnités. « Désormais, aucun député ne touchera d’indemnité de session sans participation aux travaux des commissions. Quant aux frais de mission, les abus ont été supprimés : un député en déplacement trois jours percevait une prise en charge pour cinq jours, incluant la veille du départ et le lendemain du retour. Ce n’est plus toléré », tranche-t-il.
Le retour des véhicules de fonction : une nécessité
Concernant la dotation en véhicules de fonction, une mesure controversée, Malick Ndiaye justifie ce choix par des impératifs logistiques et une question de dignité. Il critique la décision du précédent régime, qui avait préféré attribuer une indemnité mensuelle de 900 000 FCFA aux députés au lieu de leur fournir des véhicules. Il y voit une manœuvre politique : « Macky Sall ne voulait pas que les 82 députés de l’opposition disposent de moyens de déplacement en vue de la présidentielle. »
Il défend aujourd’hui le retour aux véhicules de fonction, jugeant cette mesure essentielle pour l’exercice du mandat parlementaire. « Comment un député de Saraya ou Salemata peut-il se déplacer sans moyen de transport adéquat ? Certains viennent en Jakarta ! En Côte d’Ivoire, un député touche 3 000 000 FCFA, un membre du bureau 5 000 000 FCFA. Ici, les députés du bureau sont assimilés à des ministres, mais sans les avantages correspondants. Il ne s’agit pas d’augmenter les salaires, mais d’optimiser les ressources pour améliorer leurs conditions de travail », précise-t-il.
Vers une Assemblée nationale plus moderne et efficace
Avec ces réformes, Malick Ndiaye entend poser les bases d’une Assemblée nationale plus transparente, mieux équipée et capable de remplir pleinement ses missions.