Les autorités saoudiennes accentuent leur pression pour qu’un ancien haut responsable des services de renseignements, réfugié au Canada depuis 2017, rentre au pays. Deux des enfants de Saad Al-Jabri sont détenus en Arabie Saoudite depuis mars et n’ont pas été vus depuis. L’affaire du meurtre du journaliste Jamal Kashogui en plein cœur d’Istanbul démontre que le Prince Mohamed Ben Salman ne compte pas laisser l’homme qui en sait trop en liberté.
Dans une interview téléphonique accordée au New York Times, Khalid Al-Jabri se dit convaincu que son frère et sa sœur, enlevés dans leur résidence en mars dernier, servent de rançon pour forcer son père, Saad Al-Jabri, à rentrer en Arabie Saoudite. Khalid Al-Jabri l’assure : “[Le prince héritier] Mohammed ben Salmane [MBS] cherche toujours à éliminer tous les risques possibles, et il a décidé que mon père représentait le plus gros d’entre eux.”
Figure clé des services de renseignements saoudiens, perçu comme un héros de la lutte contre Al-Qaida par d’anciens responsables des services de renseignements américains et britanniques contactés par le Washington Post, Saad Al-Jabri a travaillé dès le début de sa carrière sous la houlette du prince Mohammed ben Nayef. Ce dernier a été désigné prince héritier en 2015 par le (nouveau) roi Salmane qui nommait en même temps son jeune fils, MBS, prince héritier adjoint. S’est amorcée alors une lutte entre ces deux prétendants au trône.
En critiquant la décision de MBS de lancer une guerre contre le Yémen, Saad Al-Jabri s’attire l’inimitié du prince – qui se convainc que l’agent œuvre à un complot contre lui, comme l’explique le Washington Post.
En juillet 2017, MBS est nommé prince héritier à la place de Mohammed ben Nayef, qui est assigné à résidence. Saad Al-Jabri, qui se trouvait à l’étranger, décide de ne pas rentrer en Arabie Saoudite et s’installe à Toronto, où, depuis, “il craint pour sa vie” et a fait l’objet de tentatives répétées de MBS de lui faire regagner l’Arabie Saoudite.
Par Atlanticactu.com Avec Lecourrierinternational