Ousmane Sonko en prison, Macky Sall à Ziguinchor pour une ultime bataille

Sénégal

Atlanticactu/ Ziguinchor/ Cheikh Saadbou Diarra

Une première pour le président Macky SALL depuis sa défaite mémorable dans la région de Ziguinchor devant Ousmane Sonko lors de la présidentielle de février 2019. Le Chef de l’État sénégalais avait quasiment rayé la région méridionale de toutes ses activités. Mieux,  les vrais responsables politiques de l’APR étaient devenus des reliques politiques au profit de nouvelles têtes sans bases mais omniprésents à travers les médias ou dans la diatribe contre le leader de Pastef aujourd’hui en prison.

Ziguinchor payerait-elle  pour avoir « plus résisté contre le régime de Macky Sall que dans les autres régions » à ce qu’il considère comme l’injustice faite à Ousmane Sonko, toujours empêché de participer à la collecte de parrainages comme les autres candidats à la présidentielle de février 2024 ? Tout porte à le croire,  Macky Sall qui n’a plus mis les pieds à Ziguinchor depuis le naufrage de l’Apr et BBY en 2019, ne sera finalement pas accueilli par le maire de Ziguinchor comme cela a été le cas lors de ses déplacements dans les autres capitales régionales.

Pour les besoins des tournées dites économiques, le président Macky Sall est attendu à Ziguinchor où les promesses du Conseil des ministres décentralisé de 2015 tardent à voir le jour. Lors de cette messe des ministres décentralisé tenue à Ziguinchor, le chef de l’État avait promis 360 milliards de FCFA. Près de huit ans après ces promesses de Macky Sall peinent à  transformer Ziguinchor et le quotidien des populations meurtries par un irrédentisme de près de 40 ans, est loin de changer également. Malgré les tentatives d’explication sur les réalisations du président par ses soutiens politiques devenus bizarrement très riches en l’espace de quelques années et qui sont régulièrement battus par l’actuel Maire de la capitale de la région méridionale, les Ziguinchorois s’impatientent, rectifient et recadrent ces autorités sur le niveau de promesses réalisées difficilement visible.

Avec les promesses non tenues comme la reconstruction du pont Emile Badiane qui est un « Joola » bis en gestation, les routes nationales 4 et 3 sans compter les pistes de production, l’industrialisation de la région, lancement de la «Zone Touristique Spéciale d’Intérêt National», projet « Casamance Pôle de développement »,etc… Ziguinchor file le parfait amour avec Ousmane Sonko..

Même s’il est prévu un convoyage de plusieurs centaines de personnes des quatre coins du Sénégal et même des pays voisins pour accorder un cachet populaire à la visite du président Macky Sall, il n’en demeure pas moins les murs de Ziguinchor avec posters aux effigies de Ousmane Sonko seront à l’accueil. Les inconditionnels du leader de Pastef ne semblent point ébranlés par la venue du Chef de l’État « sur les terres » de leur candidat emprisonné. 

« Avec toute la puissance de l’Apr, de BBY et Macky Sall avec, Ousmane Sonko en avait fait une bouchée en février 2019, Janvier et Juillet 2022. Cette dynamique est toujours de mise même si notre leader est injustement empêché de participer au processus électoral. Qu’est-ce que Macky Sall et ses représentants peuvent encore nous vendre ? », s’interroge Abdoulaye Gueye, membre de Pastef / Ziguinchor qui prévient, « Pendant tout le séjour de Macky Sall, nous entamerons notre chanson fétiche : Sonko, Sonko, namenala pour lui rappeler que les manifestations qui ont eu lieu pendant l’été et réprimées par les forces de l’ordre à Ziguinchor ont fait au total 8 morts et plusieurs blessés durant ces périodes et laissent toujours des souvenirs douloureux ».

Pour Marietou Sonko, responsable de la MOGIP, « Ousmane Sonko a beau être physiquement absent, il continue d’occuper autant l’espace que les esprits. Ni l’accusation de viol portée par une ancienne masseuse soutenue par une oligarchie, ni les charges retenues contre lui après les manifestations qui ont eu lieu entre mars 2021 et juin 2023, notamment pour appel à l’insurrection, n’ont entamé sa popularité ».

En octobre 2018, le président Macky Sall à côté du Premier ministre, du maire de Ziguinchor, des membres du gouvernement, de l’ambassadeur des Etats-Unis, des partenaires financiers et techniques et de plusieurs personnalités politiques, religieuses, coutumières et des populations ziguinchoroises fortement mobilisées avait procédé simultanément au niveau du rond-point Aline Sitoé Diatta à l’inauguration de la Rn6 et au lancement des travaux du Promovilles.

Seuls 178 sur les 360 milliards de francs CFA ont été investis, selon l’ancien Gouverneur de Ziguinchor Guedji Diouf qui clôt le débat et donne raison aux populations sur l’exécution des projets depuis 2015….

Si les politiciens de la mouvance présidentielle n’avaient de cesse de brandir les réalisations du président Macky Sall pour Ziguinchor, l’ancien Chef de l’exécutif régional n’a pas abondé dans le même sens. Pour Guedji Diouf qui s’exprimait au terme de l’édition 2023 de la Conférence territoriale, en présence d’élus locaux, de chefs de services de l’Etat, de représentants de la société civile entre autres responsables locaux, a déclaré, « Seuls 178 milliards de francs CFA ont été investis dans la région de Ziguinchor depuis la tenue du Conseil des ministres décentralisé le 27 juin 2015 ».

« Sur les 25 engagements pris lors du Conseil des ministres en 2015 à Ziguinchor, l’État a investi dans le cadre des projets et programmes beaucoup d’argent au niveau de la région », a dit M. Diouf, précisant qu’à côté de l’État, les collectivités territoriales et les ONG ont également apporté leur concours à l’effort de développement. Ce qui fait, selon lui, que globalement dans cet effort de développement l’État prend la part de 93%, les collectivités locales 4%, les 3% par les ONG. Ce qui fait un montant global d’investissement de 178 milliards dans la région, indique le gouverneur.

« Sur les 25 engagements pris par l’Etat à cette occasion, les 19 sont déjà réalisés pour un financement de 76 milliards, trois engagements sont en cours de réalisation et  trois engagements n’ont pas encore connu en début de réalisation », a énuméré Guedji Diouf.