L’avocat du principal opposant de Macky Sall est rapidement passé à l’acte après les violences suivies de morts par balles qui ont émaillé l’après verdict du procès entre Ousmane Sonko et Adji Sarr. En l’espace de quelques semaines, Juan Branco qui a réussi la prouesse de recueillir plusieurs éléments de preuves sur les exactions commises contre les manifestants, a fait face à la presse pour informer du dépôt de plaintes contre Macky Sall et plusieurs pontes de son régime.
Selon l’avocat commis par le Pastef – Les patriotes, les données ont été collectées dans le cadre d’une longue enquête avec la participation d’une centaine de sénégalais dont certains travaillant dans l’administration sénégalaise.
« Ils ont apporté l’ensemble des preuves et des documents qui ont permis d’établir l’existence de soixante (60) crimes de meurtres considérés comme crimes contre l’humanité, de plusieurs milliers de crimes d’emprisonnement en violation des normes de droit international, de plusieurs milliers d’atteintes à la vie et de blessures et enfin d’actes de persécution et d’autres actes inhumains. », a renseigné Juan Branco pour qui ces crimes ont été commis dans le cadre d’une attaque générale et systématique contre une population civile dont le seul tort est de défendre ses idées et de s’opposer à la présentation de candidature du Président Macky Sall à un 3ème mandat. L’avocat évoque des citoyens et des fonctionnaires de l’Etat comme principales victimes d’une répression de l’Etat durant une période étudiée avec l’aide d’organisations internationales.
« Ces crimes, nous les avons étudiés individuellement de façon indépendante des travaux qui avaient été menés par des organisations internationales. Que ça soit Amnesty International, Human Right Watch, le Haut commissariat des nations Unies, la Croix Rouge sénégalaise qui ont tous constaté l’existence d’une répression particulièrement féroce qui avait vocation à utiliser la violence politique à des fins de perpétuation au pouvoir. », a indiqué l’avocat français qui défend Ousmane Sonko et plusieurs parties civiles dont des français et des sénégalais dans cette procédure. Juan Branco renseigne, a cet effet, des procédures complémentaires à celles qui ont été menées auprès de la CPI et qui seront déclenchées en France pour ne pas dépendre des effets de pouvoir qui influence la CPI.
Plus de 4500 éléments de preuves vérifiées ayant trait aux événements depuis mars 2021 ont été évoqués par l’avocat français.
« Ces éléments nous avons vécu avec, jour après jour, ces derniers mois, essayant de vérifier qui en était la cause, qui en était la victime, dans quel contexte est intervenu et si en effet cela a un lien avec la répression politique dirigée par le régime sénégalais. Nous en avons 710 qui servent de support à cette communication de 170 pages que nous avons transmises à la CPI en particulier au bureau du procureur a qui, nous demandons d’ouvrir sans delais à partir de ces éléments un examen préliminaire et une enquête et de se saisir de lui-même au titre de l’article 13», a-t-il souligné. Juan Branco a également profité de sa sortie médiatique pour répondre au gouvernement sénégalais qui selon lui a essayé de répondre sur la saisine de la CPI.
« Nous avons entendu dans le cadre d’une conférence de presse où 4 membres du gouvernement ont tenté de répondre par avance à nos arguments qu’il fallait qu’un état se saisisse de la CPI, c’est faux. Toute personne, au titre de l’article 15, peut transmettre des éléments à la CPI et au bureau du procureur pour qu’il s’en saisisse mais nous prenons les mots du ministre des forces de la défense et nous lui demandons de saisir lui-même la CPI. Si ce régime respecte comme il le dit le statut de Rome et les conventions internationales qu’il aille sans crainte saisir le bureau du procureur pour laver son image et son honneur. Je note que le ministre n’a pas nié l’existence de crime mais a tenté de justifier qu’ils n’étaient pas assez grave pour saisir la CPI. Je pense que les images diffusées de par leur nombre, de par ce qu’elles montrent suffisent à comprendre à quel point cette position est absurde. Par ailleurs, un argumentaire juridique détaillé que nous laisserons en accès libre permettra de démontrer que nous atteignons sans aucune difficulté le seuil de gravité qui est requis par la Cour. », a indiqué M. Branco. Il a renseigné de 112 suspects identifiés sur l’ensemble de la chaine du commandement comme étant des personnes qui auront à répondre des crimes qu’elles ont commis, ordonnés, planifiés et fait exécutés.