Dans le conflit au Tigré, qui déchire l’Éthiopie depuis deux ans, 6 millions de personnes n’ont pas accès aux soins de base. Le gouvernement est accusé de restreindre l’aide humanitaire. Des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ont probablement été commis durant le conflit qui déchire l’Ethiopie depuis fin 2020, souligne un rapport destiné au Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
La Commission de trois experts qui a rédigé le rapport « a des motifs raisonnables de penser que, dans plusieurs cas, les violations (contre les droits fondamentaux) correspondent à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ».
« La Commission est profondément troublée par ce qu’elle a découvert parce que cela reflète une profonde polarisation et haine entre ethnies en Ethiopie« , selon les conclusions du rapport.
« Cela a créé un cycle inquiétant de violence extrême à laquelle répondent des représailles, ce qui augmente encore le risque imminent de nouvelles atrocités, encore plus graves », s’inquiètent les experts.
Le conflit a éclaté début novembre 2020 lorsque le gouvernement fédéral du Premier ministre Abiy Ahmed a lancé une offensive contre les rebelles tigréens du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) contrôlant cette région du nord de l’Ethiopie.
Les rebelles tigréens disent avoir « toujours assuré » que le gouvernement éthiopien a commis des crimes contre l’humanité. La reprise des combats dans le nord du pays, le 24 août, a fait voler en éclats cinq mois de trêve.
Les experts ont souligné la situation catastrophique au Tigré, où le gouvernement fédéral et ses alliés ont refusé à environ six millions de personnes l’accès aux services de base, pendant plus d’un an, et où de sévères restrictions à l’accès humanitaire ont laissé 90% de la population avec un besoin urgent d’assistance.
Le rapport indique qu’il existe « des motifs raisonnables de croire que le gouvernement fédéral et les gouvernements régionaux alliés ont commis et continuent de commettre des crimes contre l’humanité pour des motifs ethniques et d’autres actes inhumains ».
Ils « causent intentionnellement de grandes souffrances », en restreignant l’aide humanitaire au Tigré, selon le rapport.
La présidente de la Commission, Kaari Betty Murungi, a décrit la crise humanitaire au Tigré comme « choquante, tant dans ses dimensions que sa durée ».
« Le refus et l’obstruction généralisés de l’accès aux services de base, à la nourriture, aux soins de santé et à l’aide humanitaire ont un impact dévastateur sur la population civile, et nous avons des motifs raisonnables de croire que cela équivaut à un crime contre l’humanité », a-t-elle déclaré.