@Atlanticactu.com – La dictature semble prendre racine à Bissau depuis que Umaru Embalo a été propulsé à la tête du pays par la CEDEAO alors que la Cour Suprême n’avait pas fini de vider le contentieux électoral opposant les deux candidats du 2ème tour de la dernière présidentielle. Après l’arrestation, le passage à tabac d’opposants et le harcèlement de journalistes, le pouvoir vient de franchir un nouveau palier en kidnappant en pleine rue le journaliste Antonio Aly Silva et ce, quelques heures avant la publication d’une enquête sur les vrais responsables du trafic de drogue à Bissau et en Afrique de l’Ouest.
il y’a quelques minutes, le journaliste Aly Silva, administrateur du Blog Ditatura do Consensus et du journal portugais AM Intelligence, a été enlevé en pleine capitale après avoir posté un manifeste exigeant la démission de Umaru Embalo. Selon des sources proches des services de renseignements Bissau guinéens, « Ce sont des hommes qui se trouvaient dans une voiture double cabine Branco qui ont obligé le journaliste à se garer en pleine rue avant de l’extirper et de disparaître avec lui. Les faits se sont déroulés à proximité du Centre Culturel Français ».
« Aly Silva savait sa vie menacée depuis qu’il avait décidé de publier une enquête sur le trafic de drogue en Guinée Bissau. Une enquête qu’il avait réussi à faire en compagnie de deux journalistes sénégalais et gambien », nous souffle Albert Mendy, également journaliste. Pour Albert, « D’après les témoins de la scène, c’est une 4X4 Ford Bronco d’où sont sortis les hommes qui ont kidnappé Aly et ce type de véhicule est utilisé par le bataillon de sécurité de la Présidence de la République ».. Et en guise d’avertissement, Albert assène, « Nous tenons responsable Umaru Embalo de tout ce qui adviendra à Aly Silva et que, lui et ses proches comprennent que rien ne peut empêcher la publication de cette enquête sur le trafic de drogue et l’implication de certaines autorités ».
Pour le Sindicato de Journalistas et Tecnicos de Communicaçao Social (SINJOTECS), « Cette situation ne peut perdurer dans une démocratie. Il faut que Umaru Embalo et les siens arrêtent le terrorisme d’état qu’ils veulent imposer à la presse ». Et de poursuivre « Il y’a eu l’attaque de ses sbires sur Capital FM et à ce jour, malgré la plainte introduite, rien n’a été fait. L’enlèvement de Aly Silva est une honte et un recul démocratique c’est pourquoi, nous avons décidé de saisir la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest ainsi que d’autres organisations internationales pour mettre fin à cette dictature de la pensée unique ».
Cheikh Saadbou Diarra