vendredi, 22 novembre 2024 16:21

Meurtre du gendarme Tamsir Sané, existe t-il une politique sécuritaire au Sénégal

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D’année en année, le mal ne cesse de se signaler mais, comme dans beaucoup de domaines l’état semble se limiter au strict nécessaire, c’est à dire à un service minimum. Les chefs des services de sécurité ont tellement produit de rapports qui dorment dans les tiroirs que’ finalement, tout le monde a décidé de s’en tenir aux objectifs assignés. Le meurtre du Commandant de la brigade de gendarmerie de Koumpetoum, est une suite logique de l’inexistence d’une réelle politique de sécurité. Au Sénégal, il n’y a ni plan national ou plan régional encore moins, un plan sectoriel. Une lacune qui profite aux délinquants.

Les populations sont tombées dans l’émoi en entendant aux premières heures de vendredi, le décès du Commandant de la brigade de Koumpetoum à la suite d’un échange de tir avec des éléments armés.

Au nom du serment prêté, Tamsir Sané a demandé à ses éléments de permanence de le suivre pour apporter la riposte à ces bandits qui avaient décidé de venir dans sa cité pour y perpétrer un cambriolage. L’acte en soi est celui d’un homme pétri aux valeurs de la République, qui a décidé de servir et non se servir. Mais, nombreux de ces collègues sous le sceau de l’anonymat regrettent cette intervention car, disent-ils, « Il était préférable de demander des renforts et d’attendre car les brigands d’aujourd’hui n’ont plus la peur de l’homme de tenue et, disposent d’armes plus modernes que beaucoup de forces de sécurité ». Un propos qui permet de comprendre l’état d’esprit de nos vaillants policiers et gendarmes en service dans l’intérieur du pays.

L’axe Koumpetoum, Tambacounda, Kedougou, Bakel Kaffrine et Touba, connu pour être un No man’s land OÙ les bandes armées dictent leurs lois.

Notoirement, cette partie du Sénégal est considérée comme une zone hautement criminogène avec les vols de bétail, le trafic et le banditisme transfrontalier. Pour rappel, la première bande armée qui avait donné des cauchemars aux sénégalais, s’était organisé à Tambacounda. Il s’agissait de la fameuse bande à « Le Gros » démantelé en 1990 par l’ex commissaire de police, Cheikhna Keïta.

Qu’est-ce qui a été fait depuis 1990 pour permettre aux forces de sécurité d’anticiper face à ce fléau qui avait fini de transformer les pays voisins en véritable sanctuaire du banditisme international ? Quasiment rien, si des opérations de charme public ponctué de discours tellement guerrier que le citoyen pouvait sans crainte, dormir tranquillement.

Entre 2000 et 2019, les dépenses de sécurité ont atteint des sommets inégalables mais, pour autant, l’état a-t-il bien investi ? Au vu de la déliquescence du matériel et des locaux de nos forces de sécurité hors de la capitale, tout porte à croire que ces milliards investis relèvent plus du prestige que de l’équipement des hommes.

En effet, de Tambacounda à Ziguinchor en passant par Podor, Diourbel, Kaolack, Kolda, les forces de sécurité souffrent du déficit de matériel roulant, informatique, de personnels d’appoint qui est composé d’agents de sécurité de proximité (ASP). Les hiérarchies de la police et de la gendarmerie semblent se plaire dans ce format imposé par les politiciens en ignorant que la sécurité et la sûreté des sénégalais et de leurs biens leurs incombent directement.

Avec une délinquance diversifiée, l’Etat se doit de mettre en place des politiques de sécurité propres à chaque contexte. Et arrêter de privilégier Dakar vis-à-vis de l’intérieur du pays pour au moins, rassurer les citoyens

Le nombre de policiers et de gendarmes en service à Dakar représente presque la moitié des effectifs de sécurité du pays. Également, le parc automobile en souffrance dans la capitale est de loin au dessus des véhicules affectés à l’intérieur. Dans cette situation, n’est-ce pas demander l’impossible à nos braves gendarmes et policiers ?

La seule chance offerte à nos hommes de tenue reste l’impressionnant maillage sécuritaire qui est réussi à certains endroits mais qui nécessite des équipements de pointe pour la réussite des missions assignées. Dans certaines zones, ces ho sont livrés à la merci des bandits comme ce fut le cas de Koumpetoum. Une simple illustration, à Kedougou, les éléments des sociétés privées qui exploitent l’or sont mieux équipés que les gendarmes sur place. Et pourtant, cette zone où la criminalité a atteint des sommets insoupçonnés, continue d’accueillir toute la crème du banditisme sous régional. Tous les repris de justice et ceux en rupture de ban, s’y sont retrouvés autour de gangs.

Autre zone, autre réalité, la Casamance plongée dans une crise indépendantiste depuis 37 ans, regorge de bandes armées issues des pays limitrophes et d’anciens combattants du MFDC.
Et pourtant, malgré cette cartographie inquiétante, aucune nouvelle brigade de gendarmerie ou nouveau commissariat de police n’y a vu le jour. Comment peut-on dès lors, demander aux hommes qui se surpassent déjà, de mettre fin au trafic de chanvre indien et aux autres trafics qui ont fini de placer cette région au firmament du banditisme.

La dégénérescence en Gambie avec le retour des anciens chefs de Gang emprisonnés ou contraints à l’exil sous Yaya Jammeh, contribue à alimenter les bandes criminelles

La déliquescence de la Gambie contribue également à augmenter l’émergence de nouvelles bandes. La chute de Jammeh et la mise à l’écart de certains éléments, à fait naître de nouveaux trafics. Le commerce des armes est devenu une réalité dans ce pays. Car, en voulant mettre à l’écart les soldats présumés proches de l’ancien dictateur, le Président Adama Barrow n’a pas pris la peine de procéder au désarmement préalable des troupes dont certains se sont évaporés dans la nature avec armes et bagages.

Les nouveaux postes de la direction de la Police de l’Air et des Frontières et du Peleton de Surveillance des Frontières de la gendarmerie, n’y pourront pas plus car, la volonté politique n’y est pas. En effet, l’état préfère sauver les apparences d’un bon voisinage d’où la conséquence du trafic de bois, de faux médicaments entretenu à partir des pays voisins.

La mort de Tamsir Sané ne devrait pas être un phénomène, elle devrait plutôt permettre à l’état de redéfinir les axes prioritaires de la sécurité nationale. Fermer les yeux yeux sur la mort de ce brave gendarme ou en faire un simple fait divers, c’est ne pas prendre en compte les dangers qui guettent le Sénégal.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je pense vous avez touché le noeud du problème sécuritaire au Sénégal.
    Il est aussi temps de faire confiance aux anciens qui avaient pourtant géré la sécurité.

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