La restitution par la France d’un sabre supposé appartenir à El Hadji Oumar, un des précurseurs de l’islam au Sénégal et en Afrique et opposant à la colonisation, fait l’objet de débats qui entache la paternité de l’objet. Même si
c’était une promesse du président de la République Française de restituer le patrimoine africain aux Africains.
Pour la première fois donc, le Premier ministre Édouard Philippe s’est rendu à Dakar pour remettre au président de la République un objet qui lui appartenait : le sabre dit d’El Hadj Oumar Tall, révèle Le Monde. Dans les faits, la remise de cet objet n’est pas une restitution puisque le « principe d’inaliénabilité des collections publiques françaises » l’en empêche, mais l’État compte bien réviser dans le futur son code du patrimoine. Ainsi, c’est la ministre des Armées, Florence Parly, qui a signé une convention de dépôt de cinq ans.
Cependant, si le caractère historique de l’arme et le geste ont été salués, des doutes demeurent autour du sabre. Edouard Philippe s’est félicité de remettre le sabre d’un « grand conquérant » et de le remettre « au cœur de l’ancien empire toucoudeur ». Or, selon Le Monde, Dakar n’a jamais fait partie de l’empire toucoudeur, qui lui était plus à l’est.
Des doutes subsistent autour de l’origine du sabre d’El Hadj Oumar Tall, qui pourrait être le fruit d’un héritage européen.
Depuis plusieurs décennies, l’arme est réclamée par ses descendants, mais rien n’indique formellement où elle a été récupérée. Selon Le Monde, aucune source ne fait état d’un sabre européen qu’aurait pu posséder El Hadj Oumar Tall. Il aurait pu en effet avoir été ramené par le gouverneur du Sénégal Louis Faidherbe, qui voulait signer un traité de paix avec El Hadj Oumar Tall. Mais a-t-elle été utilisée par ce dernier ou finalement offerte à son fils ? Difficile d’imaginer qu’El Hadj Oumar Tall ait utilisé une arme venant d’un Européen pour fait le djihad, précise le quotidien. Le 17 novembre, lors de la cérémonie de remise, un imam très respecté à Dakar avait largement tempéré en indiquant que le sabre n’appartenait sans doute pas à El Hadj Oumar Tall, mais à un de ses fils. D’autant que le corps du chef religieux n’avait jamais été retrouvé à l’époque. En 1998, un professeur révélait en outre qu’il n’avait jamais possédé d’arme au contraire de son fils.
Peu importe les doutes, le directeur du Musée des civilisations noires a déclaré vouloir récupérer le plus d’objets possibles. La famille Tall réclame d’ailleurs la restitution de 518 manuscrits saisis à Ségou (Mali), mais les historiens se demandent pourquoi ils le seraient au Sénégal et non au Mali. Malgré les interrogations qui persistent autour de son origine, la première œuvre restituée est tout de même une avancée, se félicite le gouvernement français.