vendredi, 3 mai 2024 14:48

Politique : Macky Sall et le pouvoir régalien, comment Mars a définitivement changé les donnes

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@Atlanticactu.com – Arrivé par la surprise à la tête du Sénégal, le président Macky Sall jouissait d’une aura sans commune mesure auprès de presque toutes les couches de la société, hormis bien sûr ses thuriféraires mécontents de perdre strapontins et prébendes. De 2012 à 2021, le Chef de l’État grand adepte du Jacobinisme, a gouverné seul, décidé seul et s’est fourvoyé seul. Les décisions les plus importantes de la vie publique étaient prises sans concertation ou souvent de façon unilatérale. Les petites colères étaient vite étouffées devant la machine répressive mais, c’est au mois de mars 2021 que les émeutes ont définitivement bousculé la fin du quinquennat.

Bientôt 2024 qui coïncide avec la fin des deux mandats édictés dans la Constitution. Mais aujourd’hui, partira ou partira pas, sont les interrogations qui meublent le quotidien des sénégalais qui ne souhaitent pas revivre de nouvelles aventures liées à un éventuel troisième mandat après le forcing de l’ex chantre de la démocratie, Me Abdoulaye Wade. Pour Macky Sall, l’heure du bilan a commencé à sonner. Si le Président s’honore de son engagement constitutionnel, de son bilan économique, social, ses résultats sur la sécurité, la lutte contre le Terrorisme sont jugés beaucoup plus sévèrement par les Sénégalais qui attendent toujours la concrétisation d’une gestion sobre et vertueuse, de la primauté de la Patrie sur le Parti ou le Clan.

Aujourd’hui, les éminentes grises et autres stratèges du Palais de la République doivent s’interroger sur le comment le chef de l’Etat s’est retrouvé confronté au défi de l’autorité. Après une présidentielle sans gros soucis entre 2012 et 2021, à part quelques petites velléités d’échappée solitaire, vite étouffées par la police. A-t-on poussé trop loin le bouchon en demandant toujours à Macky Sall de jouer au cow-boy ou à l’indien ? Car, il ne s’agit point de porter un chapeau à larges bords et une couronne à plumes pour dépasser le rôle d’un film. Si le président Macky Sall est crédité d’une expérience d’homme d’État sans commune mesure devant ses pairs, nombreux s’interrogent également sur  comment Macky Sall s’est retrouvé à tenter d’incarner l’autorité.

À y voir de plus près, malgré son passage à tous les niveaux gouvernementaux et cerise sur le gâteau, Macky Sall n’a jamais été pétri à la sauce des Grands Commis de l’État formés dans les cabinets avant leur éclosion. Certes, il a eu droit à un apprentissage mais, administratif ou politique ?. En 2012, le nouveau chef de l’Etat a peu d’expérience sur les dossiers régaliens.

Il est perçu comme polyculturaliste, un optimiste de nature, un ingénieur régulièrement élu maire de Fatick depuis 2001, qui pense que la politique peut tout arranger. Les premiers actes de son premier mandat sont aux antipodes des promesses faites et au fur et à mesure de son mandat, une mue s’opère…..négativement.  Macky Sall ne semble plus intéressé par le jeu démocratique, le Jacobinisme s’empare définitivement de sa présidence et tout est bon, à son avis pour s’éterniser au pouvoir. Des deux mandats constitutionnellement autorisés, il nuance son avenir mais, est trahi par les sanctions infligées à ceux de son camp, tentés de ramer à contre-courant.

Après sa réélection en 2019 au premier tour, Macky supprime le poste de Premier ministre et décrète le Fast-track pour répondre dit-il aux attentes des sénégalais. C’était juste un leurre. Et il aura fallu les émeutes de mars 2021 des suites de l’arrestation du député Ousmane Sonko pour découvrir la face noire d’une société sénégalaise, « hypocrite », désintéressée . Il prend conscience que l’arrogance de ses proches, le climat social, le chômage endémique des jeunes, l’absence totale d’espoir, l’insécurité, ont profondément travaillé une grande partie des sénégalais fatigués d’avaler des couleuvres. Macky Sall venait de comprendre qu’il aura des comptes à rendre. « On est en train de perdre le terrain », aurait-il confié à un de ses proches.

Les scandales étouffés ou sous le coude, exaspèrent encore plus et, dans le secret d’un Etat qui a de plus en plus de mal à assumer sa mission régalienne, le trafic de passeports Diplomatiques qui éclabousse l’Assemblée Nationale et même la Présidence de la République, sans compter les innombrables saisies de cocaïne suivies de libérations incompréhensibles des mis en cause et, le silence royal sur la mort de nos soldats en Gambie sans compter leur séquestration par un chef rebelle, ont fini par faire comprendre aux plus optimistes que le pouvoir régalien s’est substitué définitivement à la « dolécratie ». 

Certes Macky Sall a lutté mais éprouvé les limites de son volontarisme, les limites de sa plasticité, les limites de l’efficacité qu’il a érigée en juge de paix suprême, oubliant les Sénégalais, seuls dépositaires de la légitimité populaire…..

Pape SANÉ 

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