Cette étude a pour objectif de montrer comment une partie d’une population en Afrique souffre à cause des fausses croyances. Cette mise à l’ écart est la conséquence des croyances superstitions de la population africaine. Parmi les groupes marginalisés, les albinos constituent
une catégorie la plus touchée.
Dans le cadre de cette étude, les sources consultées m’ont permis de sortir l’existence des croyances superstitieuses au Sénégal, qui a une grande répercussion sur les albinos. La marginalisation causée par la superstition est une réalité, ancrée depuis longtemps dans la mentalité de certains Sénégalais.
Durant la campagne présidentielle 2012, de nombreuses rumeurs ont fait état d’enlèvement
d’albinos pour des rites sacrificiels. Le président de l’association des albinos au Sénégal affirme avoir recensé sept assassinats et dix tentatives d’enlèvement depuis le début de l’année 2012.Selon lui, cela n’est jamais arrivé auparavant.
L’imaginaire populaire africain à travers ces mythes a considéré l’albinos comme un être
particulier, avec une représentation selon laquelle il n’appartiendrait pas au monde des vivants, mais à celui des esprits. Parallèlement à cela, il serait doté de facultés surnaturelles. Toutes ces croyances ainsi que ces mythes, ont traversé les époques et ont survécu au temps. Ces mythes emprunts d’imagination, sous forme de récits ont laissé une grande empreinte en restant ancrés dans l’inconscient collectif d’une part et d’autre part en créant d’autres sortes de croyances et
mythes plus modernes, sortis de nulle part, parmi lesquels on retrouve : des mythes selon
lesquels avoir un rapport sexuel avec une personne atteinte d’albinisme guérirait du SIDA
(HCDH, 2013). De ce fait dans un pays comme le Sénégal, plusieurs dizaines de femmes
albinos se font violer tous les ans, car la croyance populaire veut que cela soigne le SIDA. Au Zimbabwe, également cette croyance est très répandue, en effet, la croyance veut que des rapports sexuels avec une personne atteinte d’albinisme guérissent les cancers, le diabète, l’hypertension artérielle et le SIDA. réalité humaine cohabite toujours avec celle des esprits invisibles, les albinos ont souvent été perçus comme étant à part, venus de l’autre monde. »
Signalons que toutes les superstitions qui entourent les albinos sont fausses. Les albinos souffrent déjà d’une maladie incurable et douloureuse. Mais elle s’accompagne encore trop souvent de croyances fausses qui les amènent à être persécutés voire assassinés. Les gouvernements où la sorcellerie joue beaucoup sur le sort des albinos ont, pour certains, lancé des campagnes d’information, voire des poursuites judiciaires, pour essayer d’endiguer le phénomène. Le grand chanteur Malien Salif Kaita, étant albinos est reconnu comme un grand défenseur des droits des albinos en Afrique, selon lui « ce n’est pas une vie facile. Pour moi, il y a eu plus de peur que de mal, mais il y a beaucoup d’humiliations, et bien pire. Dans certaines régions, on pratique encore des sacrifices humains, c’est culturel. Les gens sont superstitieux, ils pensentque les albinos ont des pouvoirs qu’il faut les attaquer et boire leur sang pour s’en emparer. Il y a beaucoup d’ignorants, les gens ne savent pas que c’est dû à un manque de mélanine et que ce sont des personnes comme les autres. … »
nous avons rencontré deux albinos au Sénégal qui ont partagé leurs désarrois à vivre dans la société Sénégalaise souvent causés par des fausses croyances. Par peur, elle ne voulait pas que son nom soit révélé. « Madame F » a 27 ans, et jusqu’ à présent elle n’a pas encore un mari. Selon elle « c’est vraiment difficile d’être albinos en Afrique ; parfois, je veux faire des voyages, mais ma peur d’être agressée me pousse à rester à la maison. Les moments les plus difficiles pour les albinos au Sénégal, ce sont les élections présidentielles. Dans l’histoire beaucoup d’entre nous ont été tués ou agressés pour des raisons mystiques. Là, je commence à prendre de l’âge ; je veux fonder une famille mais jusqu’à présent, j’ai des problèmes à trouver un mari, on se sent vraiment marginalisés »
Ce témoignage de « Madame F » sur sa vie, prouve la mentalité de certains Sénégalais, qui
accordent une grande importance aux croyances superstitieuses.
Par ailleurs, pour savoir si les réactions seront les mêmes chez les garçons albinos, nous avons pu interroger un jeune garçon, qui ne voulait pas non plus qu’on révèle son identité ; dans ce cas, on va le nommer « Monsieur X ». Il a 20 ans, habite dans un quartier peuplé au Sénégal, et explique « Mes parents ne me laissaient jamais sortir quand j’étais petit, je me posais souvent la question pourquoi mes camarades jouaient au terrain de jeux, alors que moi non. C’est par la suite que j’ai commencé à comprendre, à cause des croyances superstitieuses que mes parents avaient peur de me laisser sortir. Aujourd’hui, j’ai 20 ans je ne sors pas seul, tout le temps ; je suis avec mes cousins par sécurité, car, il y a des méchants qui chassent les albinos pour en faire de la mystique ; j’espère bien qu’avec le temps et votre étude, les choses vont changer ».
Les albinos ne sont pas les seules victimes des croyances superstitieuses au Sénégal ; les
personnes à mobilité réduite sont aussi marginalisées, comme par exemple les personnes qui ont perdu une main, ou celles qui ne marchent pas normalement. Souvent, ces personnes particulièrement les femmes, sont cataloguées au Sénégal comme celles qu’on ne doit pas prendre comme première femme. Tenant compte de ces problèmes sociaux, des personnes
comme les prêcheurs (imams et prêtres) veulent changer les mentalités de certains Sénégalais, en se basant sur les textes sacrés (Bible et Coran) qui préconisent le vivre ensemble et la coexistence active.
Malick TEW
Titulaire d’un master 2 en Religion et Laïcité à l’Université Lumiere Lyon 2
Responsable de Brothers And Sisters Association, M. Teuw analyse la situation des albinos en Afrique.