Quelques 318 personnes ont été enlevées au Mali, entre janvier et août 2021, a indiqué, mercredi, l’Organisation Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) dans un rapport publié sur le site de l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS).
« Sur les 935 enlèvements enregistrés depuis 2017, 318 ont eu lieu entre janvier et août de cette année », explique l’organisation.
Le rapport note plus d’enlèvements au cours des huit premiers mois de l’année en cours que des années précédentes, expliquant que les chiffres des Nations Unies confirment largement cette tendance.
L’organisation Armed Conflict Location & Event Data Project déclare que malgré toute l’attention médiatique et diplomatique portée à la crise malienne, la multiplication des enlèvements de civils par des hommes armés aux profils et motivations divers semble passer inaperçue.
« Bien qu’elle ne soit pas nouvelle, cette pratique en dit long sur la nature du conflit et les priorités des acteurs qui l’animent », rappelle la même source.
Le document explique que 46,6 % des enlèvements répertoriés entre janvier 2012 et juillet 2021, ont été effectués par « des groupes armés non-identifiés ».
« Il s’agit souvent d’empêcher le retour de l’État central en s’attaquant à ses représentants et de couper court à toute contestation locale en ciblant les leaders d’opinion », rappelle l’ACLED, ajoutant que les otages servent également de monnaie d’échange de prisonniers ou de paiement de rançons.
17, 6 % des enlèvements attribués aux milices et groupes d’auto-défense communautaires pendant la même période utilisant le même mode d’action en représailles contre des personnes qu’ils suspectent d’avoir contribué à des actes de violence contre telle ou telle communauté.
Le document note que 97 % des civils enlevés depuis 2012 sont des Maliens. Selon l’ONG, quelques 33,1 % des enlèvements sont attribués à des groupes armés non-identifiés, suggérant la nécessité de mieux investiguer le phénomène afin d’en déterminer les acteurs et de comprendre les dynamiques au-delà des idées reçues.
L’ACLED, ajoute que la majorité des enlèvements ont eu lieu dans les localités fortement touchées par l’insécurité notamment les zones rurales du centre du Mali, où la présence étatique est faible, ainsi que le long des axes routiers et fluviaux. « Cela limite davantage la mobilité des populations déjà isolées par le mauvais état des routes et la présence d’engins explosifs sur les voies de déplacement », conclut le rapport de l’Organisation Armed Conflict Location & Event Data Project.
Depuis 2012, le Mali est confronté à une crise sécuritaire alimentée de revendications séparatistes, d’attaques terroristes et d’enlèvements notamment dans le nord et le centre du pays.