Décidément, le Parti Socialiste n’est pas encore prêt de mourir. Malmené depuis 1996 à la suite du fameux Congrès « Sans débats », la formation créée par feu Léopold Sedar Senghor n’en finit pas de plonger dans l’abîme. Le mauvais coaching d’un Abdou Diouf, vrai technocrate et piètre politicien, a fini de scinder le parti en plusieurs morceaux après une lutte interne très féroce qui opposait les Refondateurs aux Rénovateurs. Même si l’un des camps a fini par gagner, le parti avait fini de signer sa mort, certes lente mais certaine.
En 1981, Léopold Sedar Senghor avait décidé de « confier » l’État à son Premier Ministre d’alors, Abdou Diouf. Choix ne pouvait être plus judicieux quand on connaît la dimension de ce Commis de l’état forgé par l’ancienne puissance coloniale. Abdou Diouf est l’un de ces hauts fonctionnaires que la France colonialiste avait formé pour continuer d’avoir la main mise sur l’Afrique indigène. Malheureusement pour Paris, l’indépendance est survenue, et conséquence, ces cadres hors pair, ont aidé à planter les racines de la jeune république du Sénégal.
De par son parcours, Gouverneur de la région du Sine Saloum à 25 ans à Premier Ministre en passant par le poste de directeur de cabinet du président Senghor en 1963, puis secrétaire général de la présidence de la République en 1964 ou, ministre du Plan et de l’Industrie en 1968, Abdou Diouf était le prototype du Président qui pensait aux générations futures et non à sa prochaine réélection.
Très tôt, il a été chargé de piloter la réalisation du troisième plan mis en place par la République du Sénégal. Cela comprend l’industrie, l’agriculture, les infrastructures, l’éducation. C’est à cette époque que sont mises en place les négociations avec le Canada, comme partenaire, pour la création d’une École polytechnique à Thiès. Il s’est investi également dans le développement économique de la Casamance.
Si Abdou Diouf était le dauphin du président poète, il était loin du leader politique qui devrait présider aux destinées du Parti Socialiste dont Senghor lui même, n’avait réussi à dompter les ardeurs des « Barons » de la trempe de Babacar Ba, Amadou Cissé Dia, Falillou Kane, Alioune Badara Mbengue, etc…
C’est ainsi que pour asseoir son pouvoir politique, Abdou Diouf avait privilégié le bâton pour remettre dans les rangs tous ces « Vieux » qui lui contestaient sa légitimité à les diriger aussi bien dans le gouvernement que dans le parti.
La CREI venait de naître, plus un instrument de règlement de comptes politiques qu’une cour luttant contre l’Enrichissement Illicite.
En près de 20 ans de magistère, Abdou Diouf considéré par certains de ses pourfendeurs comme un « Roi fainéant » à qui tout a été donné et qui n’aura rien gagné, n’a jamais reuss à dompter les caciques du parti. Sa faiblesse le poussera à encourager la naissance d’une nouvelle race de leaders, considérés illégitimes comme lui. À ces nouveaux « Responsables » politiques, tout leur sera offert, ils auront la mainmise sur la haute administration, sur la justice, sur les finances publiques et deviendront en l’espace d’une décennie, la pire des machines broyeuses de carrière. Parmi ceux-là, un certain Ousmane Tanor Dieng qui réussira à supplanter les inamovibles, Babacar Carlos Mbaye et plus tard, Jean Collin.
Comme avec Senghor, Abdou Diouf décide d’ignorer les militants de souche du
Parti Socialiste et met en orbite Ousmane Tanor Dieng lors du Congrès « Sans Débats » de 1996. Une faute politique qu’il paiera en mois de quatre ans
Pour n’avoir pas bien compris les erreurs de son mentor Senghor qui lui avait cédé et le parti et l’Etat, Abdou Diouf de plus en plus acculé par une opposition qui grignotait des suffrages à chaque élection, par une politique d’ajustement structurel qui pesait sur le panier de la ménagère et, par une fronde souterraine au sein du Parti Socialiste, constatait désarmé, le départ des cadets de ces « Barons » de 1981.
Comme l’histoire est souvent cruelle, ces jeunes loups qui s’étaient dressés en bouclier face aux vieux responsables qui contestaient « les pouvoirs » de Diouf, quitteront avec armes et bagages le navire qui commençait déjà à prendre de l’eau. Moustapha Niasse et Djibo Layti Ka, de fidèles compagnons se sont transformés en véritables ennemis.
La percée politique de l’Union du Renouveau Démocratique de feu Djibo Ka lors des législatives de 1998, était le premier coup de boutoir qui allait conduire deux ans plus tard à la chute de l’ogre socialiste.
Mais, il fallait être un Homme Politique pour voir ce qui pointait à l’horizon et aussi bien, Abdou Diouf, Ousmane Tanor Dieng que la pléthore de cadres subitement devenus politiques, n’avaient le flair ou le doigté nécessaire pour se remettre en cause.
Simplement, parce que détenant les manettes de l’état tout en ignorant la puissance d’un suffrage. Ce qui devrait arriver, arriva en 2000, la défaite et le début de la descente aux enfers du Parti Socialiste.
Près de 40 ans après le legs de Senghor à Abdou Diouf, la disparition d’Ousmane Tanor Dieng aujourd’hui, quel leader pour sauver le Parti Socialiste ? Faut-il légitimer ou légaliser ?
« j’ai voulu apparaître comme un chef d’Etat et non plus chef de parti. J’ai commencé par demander à mes camarades de me décharger de mes fonctions de secrétaire général du parti pour que je me consacre à l’Etat comme cela se fait dans les grandes républiques (…) et mes camarades ont refusé. A ce moment là, j’ai essayé de trouver une solution pour arriver à mes fins sans les désavouer. J’ai fait adopter une réforme où j ‘étais président du parti avec un premier secrétaire qui gérer le parti au quotidien parce que je voulais me préoccuper de la gestion de l’Etat », tels sont les propos de Diouf pour expliquer les raisons qui l’avaient poussé à mettre Ousmane Tanor Dieng à la tête du Parti Socialiste malgré l’opposition de tous ses camarades.
Cette décision bouscule le quotidien auquel les dirigeants socialistes sont habitués depuis 1981. Une guerre de succession s’ouvre, car en dépit des réfutations d’Abdou Diouf, le dauphinat à la tête de l’Etat est en jeu. Le poste de secrétaire général est convoité car il permet d’avoir un soutien sans faille des médias d’Etat et de la machine électorale PS. Trois candidats se démarquent assez rapidement : Ousmane Tanor Dieng, qui a le soutien officieux d’Abdou Diouf ; Djibo Kâ, présent à l’UPS/PS depuis la fin des années 1960 ; Moustapha Niasse, considéré comme un « vieux » militant socialiste, qui jouit d’une grande aura dans les milieux occidentaux et saoudiens. Si les contemporains parlent à l’époque de luttes de tendances, motivés par des différences idéologiques, il semble plus approprié de parler de lutte de clans et d’intérêts personnels, l’idéologie n’étant qu’un alibi tâchant de rendre noble une guerre fratricide.
La discrétion tanorienne louée par les médias d’Etat au début des années 1990 laisse place à… une « hyper-occupation » du champ médiatique. Celle-ci est nécessaire puisque dans le même temps, l’ascension du ministre d’Etat est retardée par les heurts violents qui rythment les renouvellements de la base socialiste. Il faut en effet attendre… deux ans pour que soient élus l’ensemble des coordinateurs régionaux du parti. Cette situation traduit la profondeur de mal qui ronge le PS, scindé entre les pro et les anti Tanor Dieng.
Retrouvailles de la Grande famille socialiste, une utopie politique entretenue par les partisans d’Ousmane Tanor Dieng qui, malheureusement, continuent d’être des « Nains » politiques, incapables de gagner dans leur propre terroir
20 ans après la chute du P.S., Abdou Diouf absent volontaire du débat politique, Ousmane Tanor Dieng qui a tiré sa révérence, ne devrait-on pas encourager le retour des fils légitimes pour essayer de faire renaître la formation si chère à Léopold Sedar Senghor.
Pour tout ce que ce parti aura fait pour lui et pour tous les maux et torts qu’il lui aura infligé, Abdou Diouf se doit aujourd’hui d’être ce sage qui devrait arbitrer l’héritage Senghorien.
Ses erreurs sont la conséquence de la décadence du Parti Socialiste et, l’histoire retiendra de lui qu’il s’est servi du parti avant de poser lui même l’acte de décès en 1996. Autrement, Abdou Diouf devra faire comme en 1996 quand du haut de La Tribune de la Maison du P.S., il déclarait, «j’ai mis M.Ousmane Tanor Dieng (puis il se rattrape) j’ai proposé M. Ousmane Tanor Dieng comme premier secrétaire pour gérer le parti au quotidien ».
Si vraiment tu comptes sur Diouf pour sauver le parti socialiste,il ne fallait pas perdre tout ce temps à analyser sous l’angle de toutes les difficultés dont il l’auteur ses sa mise sur orbite pour gérer et l’état et le parti… Diouf c’est déjà le passé. Laissez les jeunes socialistes comme Ara mbaye , Barthélémy Dias et autres gérer leur legs avec leur jeune sensibilité d’un monde en pleine mutation…que dis je croissance. Ce n’est plus affaire d’adultes.