vendredi, 22 novembre 2024 10:31

Kazakhstan : 164 morts, 6000 arrestations lors des émeutes contre la hausse des prix du gaz

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Les émeutes qui ont secoué le Kazakhstan cette semaine ont fait au moins 164 morts, selon un nouveau bilan en forte hausse, les autorités du plus grand pays d’Asie centrale continuant leur implacable répression, avec près de 6.000 arrestations.

Rien qu’à Almaty, la capitale économique où se sont déroulées les émeutes les plus violentes, 103 personnes ont été tuées, ont rapporté dimanche plusieurs médias, citant le ministère de la Santé.

Ce bilan, qui n’a pas pu être vérifié de manière indépendante, est en forte hausse. Les autorités avaient jusque-là fait état de 26 manifestants et 16 membres des forces de sécurité tués et plus de 2.000 personnes blessées.

La présidence a annoncé dimanche que 5.800 personnes avaient été arrêtées et 125 enquêtes ouvertes dans le sillage de ces émeutes inédites depuis l’indépendance, en 1989, de ce pays de 19 millions d’habitants riche en hydrocarbures.

« La situation est stabilisée dans toutes les régions du pays », même si les forces de sécurité mènent encore des opérations de « nettoyage », a déclaré la présidence à l’issue d’une réunion de crise avec le chef de l’Etat, Kassym-Jomart Tokaïev.

La contestation a débuté en province dimanche dernier après l’augmentation des prix du gaz, avant de gagner des grandes villes, notamment Almaty, où la police a tiré à balles réelles sur les manifestants prenant d’assaut des bâtiments officiels.

Selon le ministère kazakh de l’Intérieur, le préjudice matériel causé par les violences a été initialement évalué à environ 175 millions d’euros. Plus de 100 commerces et banques ont été pillés et plus de 400 véhicules détruits, selon la même source.

Le Kazakhstan avait annoncé samedi l’arrestation de l’ex-directeur des services de renseignement, Karim Massimov, première personnalité majeure interpellée, pour des soupçons de « haute trahison ». Refusant tout dialogue avec les manifestants, le président Tokaïev avait autorisé vendredi ses forces à « tirer pour tuer ».

Signe d’un timide retour à la normale, des supermarchés ont rouvert leurs portes dimanche à Almaty, alors que la population s’inquiète de pénuries, a constaté l’AFP. De longues files d’attente de véhicules se sont notamment formées ces derniers jours devant les stations-service.

Signe toutefois de la tension qui règne encore, à Almaty, des policiers ont plusieurs fois tiré des coups de feu en l’air samedi pour empêcher les habitants d’approcher de la place centrale de la ville. Almaty portait aussi encore les stigmates des violences, avec des façades d’immeubles noircies par les flammes et des carcasses de voitures brûlées jonchant les rues.

Outre la hausse du coût de la vie, la figure de l’ex-président Noursoultan Nazarbaïev, qui a régné d’une main de fer sur le Kazakhstan de 1989 à 2019, a cristallisé la colère des manifestants.

Son porte-parole, Aïdos Oukibaï, a une nouvelle fois nié dimanche que M. Nazarbaïev ait quitté le pays, assurant qu’il soutenait M. Tokaïev. Sur fond de rumeurs de lutte de pouvoir, il a aussi affirmé que M. Nazarbaïev avait cédé de son propre chef la direction du Conseil de sécurité nationale à M. Tokaïev, qui avait brusquement annoncé cette semaine qu’il en prenait les rênes.

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Cette crise a aussi donné lieu à des tensions entre la Russie et les Etats-Unis, dans un contexte de crispations croissantes entre ces deux puissances. Moscou a déployé des troupes dans le pays d’Asie centrale dans le cadre d’un contingent multinational de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), à l’appel de M. Tokaïev.

Les Etats-Unis ont estimé qu’il serait « très difficile » pour le Kazakhstan d’obtenir le départ des militaires russes, une critique que Moscou a qualifiée samedi de « grossière ».

Alors que des représentants américains et russes doivent se réunir à partir de dimanche soir à Genève pour parler de l’Ukraine et de l’Europe, Moscou a exclu toute discussion avec Washington sur le Kazakhstan.

« Cette question ne les regarde en rien », a balayé dimanche le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.

Avec AFP 

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