Incarcération de Pape Alé NIANG : Une tache indélébile d’un pouvoirisme agonisant

@AtlantcActu.com – De toutes les promesses faites par le candidat à l’élection présidentielle de 2012, seule la non incarcération d’un journaliste dans l’exercice de ses fonctions était encore respectée. C’est chose faite dorénavant avec le placement sous mandat de dépôt du journaliste Pape Alé NIANG par le Juge d’instruction Mamadou SECK suite à un réquisitoire introductif inquisiteur du parquet de Dakar. Le directeur du site d’information privé Dakarmatin, très critique du gouvernement sénégalais a été inculpé mercredi à Dakar pour « diffusion de fausses nouvelles » et divulgation d’informations « de nature à nuire à la défense nationale », et incarcéré, selon ses avocats.

Patron du site DakarMatin, Pape Alé Niang est connu au Sénégal pour ses chroniques régulières sur l’actualité. « Je confirme que oui, il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt », a déclaré à l’AFP son avocat, Cire Cledor Ly.

Les charges retenues contre lui sont la « divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale », le « recel de documents administratifs et militaires » et la « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques », a indiqué un autre de ses avocats, Cheikh Koureyssi Ba.

Pape Alé Niang avait été arrêté dimanche après-midi et placé en garde à vue pour des publications qui ont coïncidé avec l’interrogatoire récent de l’opposant Ousmane Sonko par la justice.

Lundi, les syndicats de la presse au Sénégal avaient réclamé la libération immédiate du journaliste, disant vouloir faire de son cas une cause symbolique dans une période de pressions grandissantes sur la profession.

Les autorités reprochent à Pape Alé Niang d’avoir diffusé des messages confidentiels (viraux sur les réseaux sociaux) sur le dispositif sécuritaire à mettre en place pour la comparution de M. Ousmane Sonko devant le juge, ont dit les organisations de presse devant les journalistes. Elles lui reprochent aussi d’avoir appelé à descendre dans la rue, ont-elles dit.

Aujourd’hui, sur injonction politique, la justice est accusée de préparer des poursuites contre les journalistes auteurs de révélations gênantes. Déjà que le dernier rapport du classement mondial sur la liberté de la presse est cinglant car dénonçant les attaques contre l’information. Plus grave, des journalistes d’investigation seraient sur le point d’être poursuivis pour « concours à une conspiration »

Il est de notoriété que depuis l’instauration du débat sur un 3eme mandat illégitime de l’actuel président de la République, le gouvernement cherche à « contrôler le message » et à « faire taire les voix critiques ». Cela intervient dans un marché médiatique polarisé et fragmenté politiquement, dénoncent l’auteur du document paru il y a quelques jours. Les organes de presse comme les journalistes individuels qui sont du point de vue idéologique du côté de l’opposition ou qui se tiennent simplement sur une position neutre sont ciblés par le gouvernement qui leur réserve un traitement différencié mettant à mal leurs activités professionnelles ».

En sus de l’incarcération du journaliste Pape Alé NIANG, célèbre pour ses révélations sur les scandales financiers et politiques qui ont émaillé le magistère de Macky SALL, il s’y ajoute les restrictions à la liberté de l’information affectant les journalistes couvrant l’affaire Sweet Beauté, ayant impliqué le chef de l’opposition Ousmane SONKO. De même, des journalistes et chroniqueurs qui sont ciblés au motif qu’ils ont participé à la mise en lumière de l’un plus grands scandales de corruption ( Contrat d’armes ) et d’évasion fiscale ( Surfacturation de plus de 25 milliards) sont à présent dans le viseur de la justice  pour « concours à une conspiration »

Le Sénégal figue à la 73e place (sur 180) de l’édition 2022 du classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF).

PAPE SANÉ