vendredi, 22 novembre 2024 03:10

Gambie – Pêche illégale : Le ministre fait libérer un chalutier sénégalais arraisonné par la Marine

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Dans le cadre de ses opérations de surveillance, la Marine gambienne avait intercepté la semaine dernière six navires dont 4 chalutiers chinois, 1 gambien et un sénégalais pour pêche illégale. Ces bateaux qui étaient visibles au port de Banjul ne sont désormais que cinq. L’un de ces navires battant pavillon sénégalais, a été libéré sur ordres du ministre gambien de la pêche James FO Gomez. Une attitude dénoncée par les marins qui opéraient à bord du «Sam Simon» de Sea Shepherd, qui ont laissé entendre une possibilité de corruption. 

L’affaire fait grand au sein de la Marine gambienne dont les éléments ont appris avec stupeur que le chalutier Sénégalais «Fatima»  intercepté pour pêche illégale le vendredi vers 7 heures du matin par les éléments du « Sam Simon », a quitté le port de Banjul. Vérification faite par nos soins, les autres navires sont toujours à quai mais pas le « Fatima ». Pour en savoir davantage sur Dans la véracité de l’information, Atlanticactu a contacté James Gomez, le ministre des Pêches de la Gambie. Mais, ce dernier a non seulement refusé de faire tout commentaire sur les accusations l’impliquant dans la libération du chalutier sénégalais et de son équipage, mieux le ministre a essayé de faire pression sur votre serviteur en lui conseillant : « Allez demander à qui vous voulez mais pas à moi… Je ne vous donne aucune réponse. Vous nous créez beaucoup de problèmes », a déclaré James Gomez.

Les efforts visant à réprimer la tendance croissante des incursions de navires sans autorisation officielle ont été multipliés par la marine gambienne, soutenue par Sea Shepherd, une organisation internationale de conservation de la faune marine. Au cours du week-end, ils ont intercepté six bateaux de pêche trouvés illégalement en braconnage dans les eaux gambiennes. Si l’on sait désormais que ce chalutier sénégalais a été libéré, il n’y a aucune indication concernant les quatre navires chinois et le chalutier gambien ainsi qu’un autre navire sénégalais interceptés plus tôt.

L’ONG Shepherd menace de poursuivre les services du ministère des pèches au moment où les marins menacent de laisser les navires délinquants opérer tranquillement si le chalutier sénégalais ne revient pas à quai 

Après le scandale des pots-de-vin distribués au ministère de la pèche qui avait impliqué le ministre Jasmes Gomez et son Secrétaire Général, cette nouvelle affaire fait monter la moutarde. Les marins ne comptent plus être les dindons de la farce en acceptant que d’autres se sucrent sur leur dos.

En théorie, la pêche illégale par des chalutiers étrangers est un crime grave en Gambie, les délinquants étant passibles de payer une somme maximale de 25 millions de dalasi et une peine minimale de 5 millions en cas de condamnation. Ils peuvent également faire face à une peine de prison allant jusqu’à 10 ans pour le crime commis.

Mais en pratique, l’affaire semble plus complexe. Selon nos informations, il semble que le ministère des Pêches opte pour des règlements à l’amiable avec les chalutiers obligés de payer des amendes au ministère. Les preuves en notre possession démontrent que certains contrevenants n’ont été obligés de payer qu’environ 1 million de dalasi, une baisse drastique par rapport au minimum de 5 millions de dalasi si les propriétaires des chalutiers illégaux étaient inculpés et condamnés par un tribunal.

Pourquoi les chalutiers ont jeté leur dévolu sur la Gambie ? Tout simplement parce que les eaux gambiennes font partie des plus poissonneuses en Afrique de l’Ouest et que la corruption commence à y être érigée en règle. Ce qui était impensable sous le régime de Yaya Jamneh où les ressources naturelles étaient surveillées comme du lait sur le feu. Les écologistes et les pêcheurs locaux s’inquiètent depuis longtemps que la future génération ne profite pas de la mer car la pêche aveugle épuise tous les ressources halieutiques dans les eaux.

Des amendes en deçà des montants prévus par le Code la pêche, l’impunité accordée à certains propriétaires de chalutiers, sont à l’origine de la recrudescence de la pêche illégale. Sous Yaya Jamneh, les ressources naturelles étaient mieux protégées 

La pratique des amendes a récemment mis le ministère de la Pêche sous le feu des projecteurs après un scandale de corruption impliquant à la fois le ministre et son ancien secrétaire permanent Bamba Banja. Avant sa suspension des suites du scandale, Bamba Banja a fait valoir que l’application de la loi tuerait l’industrie de la pêche car, selon lui, «la loi n’a pas de sens». Cette politique de règlement extrajudiciaire a ouvert une large porte à la corruption et aux pots-de-vin, comme l’a révélé en septembre Malagen, une plateforme d’information d’investigation dans une publication bien documentée. Malagen a révélé que le secrétaire permanent de la pêche de l’époque, Bamba Banja, avait pris un pot-de-vin de 100 000 D des opérateurs chinois de l’usine Golden Lead pour échapper à un procès devant un tribunal, après avoir été arrêtés pour pêche illégale.

L’ex Secrétaire Permanent Bamba Banja a été filmé alors qu’il partagerait la somme d’argent issue de la corruption avec le ministre des Pêches. Bien qu’ils aient tous deux nié les accusations , l’audio qui a été enregistré lors de la transaction a démenti le Secrétaire permanent. Il a depuis été suspendu dans l’attente d’une enquête du gouvernement sur l’affaire.

Le Sénégal et la Gambie ont signé un accord de pêche bilatéral en 2017 qui permet aux pirogues de pêche artisanale et aux navires de pêche industrielle battant pavillon de l’un ou l’autre pays de pêcher dans les deux. Il s’agit d’un accord de réciprocité dont le protocole d’accord permet aux deux parties d’avoir des droits de pêche dans l’autre pays pour 250 licences artisanales, 15 bateaux de pêche au thon industriel et 4 100 TGB pour les autres types de pêche industrielle. L’accord ne dispense pas de la nécessité d’avoir un enregistrement légal local dans l’un ou l’autre des pays avant de naviguer.

Amsatou Barrow 

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