Le bras de fer continue entre le réseau et les gouvernements qui veulent un accès aux conversations.
Voilà quelques mois maintenant que les entreprises qui offrent des solutions de communications chiffrées et le gouvernement des États-Unis sont en conflit. En octobre, les ministres de l’Intérieur américain, anglais et australien ont écrit une lettre ouverte à Mark Zuckerberg pour lui demander de laisser «la police accéder légalement» aux conversations des personnes qui utilisent ses services de messagerie privée.
Facebook est particulièrement visé car son application WhatsApp, téléchargée sur plus de 2 milliards de smartphones, est dotée d’un chiffrement de bout en bout. Celà veut dire que, en théorie, aucun tiers ne peut décrypter les messages envoyés. Ni la police, ni des hackers, ni WhatsApp elle-même.
En réponse, Will Cathcart et Stan Chudnovsky, respectivement directeurs de WhattsApp et Messenger, ont rédigé à leur tour une lettre où ils refusent catégoriquement d’accéder à la demande des trois ministres:
«La porte d’entrée que vous nous demandez pour la police profiterait aussi aux criminels, hackers et aux régimes répressifs, en créant un nouveau moyen de pénétrer dans nos systèmes et laisserait tous nos utilisateurs exposés à des risques dans le monde réel.»
Une priorité pour la justice américaine
Une telle réponse n’est pas surprenante de la part de Mark Zuckerberg, qui début 2019 annonçait justement qu’il voulait que les infrastructures de Messenger et de la messagerie d’Instagram soient unifiées avec celle de WhatsApp, afin qu’elles bénéficient toutes du chiffrement de bout en bout.
William Barr, le ministre de la Justice des États-Unis, ne compte pas laisser tomber aussi facilement. Il a déclaré que gérer les problèmes créés par un chiffrement solide était l’une des «plus hautes priorités» du département de la justice.
Pour lui, le chiffrement profite aux cartels, aux terroristes, aux réseaux pédo-pornographiques et autres criminels qui peuvent se cacher derrière des applications hors de portée de la police, même lorsqu’elle dispose d’un mandat.