©atlanticactu.com  — Les signaux étaient là mais impossibles à interpréter, le limogeage du Général Mansanneh Kinteh et la « démission» du ministre de la Justice Ba Tambedou l’un des principaux pourfendeurs du régime de l’ex président Yaya Jammeh, avaient par conforter Atlanticactu que des  négociations souterraines entre le chef de l’état Adama Barrow et son prédécesseur commençaient à produire des effets. Tout ce confirme et sans risque d’être démenti, l’APRC de Yaya Jamneh et le National People’s Party (Parti Populaire National) du président Barrow formeront une coalition.

C’est Dodou Jah , le porte-parole adjoint de l’Alliance pour la réorientation et la construction patriotiques (APRC) qui nous a confirmé que le Parti populaire national du président Barrow avait pris langue avec les plénipotentiaires pour que l’APRC le rejoigne en vue d’une forte coalition avant l’élection présidentielle de 2021. Si des avancées existent, mais aucun accord n’a été conclu jusqu’à présent car, de nombreux points d’achoppement ne trouvent pas solution.

Invité par Atlanticactu à se prononcer sur le sujet, Dodou Jah révèle, «Je peux vous confirmer que nous discutons avec le NPP et trois autres partis politiques – mais nous ne sommes encore parvenus à un accord avec aucun d’entre eux. Mais tout accord que nous conclurons sera dans l’intérêt du peuple gambien ».

S’exprimant spécifiquement sur les pourparlers avec le NPP, Dodou Jah a rapidement reconnu que l’ancien parti au pouvoir «ne conclura aucun accord avec le NPP à moins que le président Adama Barrow ne remplisse la garantie constitutionnelle de donner à Yahya Jammeh ses prérogatives en tant qu’ancien président et de rendre tous les biens saisis de même que les actifs de l’APRC ». Et de préciser, « Je me réjouis de la volonté du président Barrow qui a limogé son ministre de la justice et fait annuler toutes les ventes des biens de Yaya Jammeh ».

Des discussions en cours depuis 2018 avec comme condition, la dissolution du parti APRC et la création d’un grand parti autour du NPP du Président Adama Barrow. Mais le statut de l’ancien président qui est l’une des pommes de discorde, semble trouver une solution avec le départ du ministre de la justice Ba Tambedou 

«Je ne parle pas des autres partis politiques avec qui nous négocions, mais pour le NPP, nous ne conclurons aucun accord avec eux s’ils ne donnent pas à Jammeh ses droits en tant qu’ancien chef de l’État. Cela ne peut pas être compris. Nous n’allons pas avoir d’accord avec quelqu’un qui ne respecte pas la loi », a déclaré Dodou Jah.

Il a déclaré que pour toute coalition entre l’APRC et le NPP, le gouvernement devra mettre en œuvre l’accord conjoint entre l’UA, l’ONU et la CEDEAO avant le départ de Jammeh en exil.
Selon le porte-parole de l’APRC, «Nous pensons également que l’administration Barrow devrait reconsidérer sa mise en œuvre des recommandations de la Commission Janneh. C’est illégal et ne devrait pas être toléré dans une démocratie ».

Néanmoins, nous apprend Dodou Jah « ces conditions citées plus haut ne s’appliqueraient pas dans nos discussions en vue d’une alliance avec d’autres partis politiques ». Et de poursuivre, «Nous sommes conscients qu‘aujourd’hui l’APRC est la cible principale de l’espace politique. Autant le Président Adama Barrow, Usainou Darboe et les autres leaders politiques, ils ne veulent que paralyser le parti. Ils sont désespérés».

« C’est pourquoi ils sont engagés dans la politique de la tromperie. Des gens comme Seedy Njie font le tour des Fonis pour dire aux gens de rejoindre le NPP mais nous voulons lui dire que l’APRC est intouchable, en particulier dans les Fonis », a-t-il déclaré.

L’une des conditions de l’APRC, le retrait total de toutes les forces militaires à l’exception de celles sous bannière de la CEDEAO. D’ailleurs, le ministre Mai Fatty déclare sur Mentekering, les forces armées sénégalaises sont payées entre 8 -$ 14 millions de dollars par les contribuables de la Gambie

Le ministre Maï Faty l’un des soutiens de Barrow a jeté un pavé dans la mare en annonçant que que 8 à 14 millions de dollars étaient dépensés pour le déploiement des forces armées sénégalaises mais, il ne précise pas si c’était un coût mensuel / annuel. Et pourtant, malgré les  coûts exorbitants supportés, l’insécurité a atteint des seuils inquiétants.

L’autre condition est le retour du président Yaya Jammeh conformément aux accords garantis entre l’UA, l’ONU et la CEDEAO. Chose presqu’acquise si l’on se fie au député Seedy Njie du NPP.

Le député du Foni Sankung Jammeh a confirmé également que l’accent était mis sur le retour de Jammeh avant les élections lors du conclave de l’APRC avec le président Adama Barrow, ajoutant qu’une fois cela accompli, l’APRC mettrait tout son poids derrière Barrow pour le voir gagner lors de la prochaine élection présidentielle.

Poursuivant, Sankung Jammeh a déclaré lors de la réunion, « le président Barrow a seulement dit qu’il les examinerait [les demandes] et y répondrait sans donner de calendrier précis ».

Il a déclaré que l’APRC n’est pas un ennemi politique du président Barrow car le parti est conscient du fait qu’aucune personne ne peut régner pour l’éternité, expliquant que la politique est une question de compromis et que le retour de Jammeh est l’intérêt primordial de l’APRC.

«L’APRC n’a pas de ressentis à l’idée que le Président Barrow soit le président, mais comme la politique est une question d’intérêt et qu’il a besoin que nous fassions quelque chose pour lui, nous avons également fait valoir notre intérêt. Nous l’écoutons. Nous sommes impatients de le voir formaliser le retour de  Jammeh avant les prochaines élections », a noté le représentant de Foni Berefet.

Si Adama Barrow cherche l’intérêt de la Gambie, l’APRC est preneur. Mais, s’il s’agit de lui offrir une longévité au pouvoir dans cette situation où aucun droit n’est respecté et que la corruption ne cesse de connaître une hausse fulgurante, l’APRC présentera un candidat seul ou en coalition 

Dodou Jah a toutefois exprimé sa déception face au refus du NPP de se conformer aux règlements de l’état d’urgence publique.

« Ils auraient dû donner l’exemple mais malheureusement, ils sont engagés dans la politique sans tenir compte de toutes les réglementations comme si de rien n’était », a-t-il ajouté.

Pendant ce temps, le député d’APRC pour Foni Berefet, Sankung Jammeh, a également déclaré à Atlanticactu dans une interview exclusive qu’une coalition avec le NPP est une possibilité si le président Barrow accède à la demande de retour inconditionnel de l’ex-président Jammeh.

Il a ajouté que le retour de l’ancien président en exil était le point le plus important à l’ordre du jour lorsque le chef par intérim du parti, Fabakary Tombong Jatta, et d’autres responsables du parti ont rencontré le président Barrow à la présidence récemment.

C’est au cours de cette visite que notre leader , M. Jatta, a présenté la demande du parti de formaliser le retour de Jammeh, de restituer les avoirs et l’accès au compte du parti. Mais depuis cette réunion, il n’y a rien de nouveau mais, c’est normal que les gens spéculent et, nous attendons que le Président Barrow réponde par des actes à nos exigences », a-t-il révélé.

Amsatou Barrow (Atlanticactu.com), à Banjul

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