@Atlanticactu.com – L’affaire fait grand bruit en Gambie après le rapport d’audit sur la disparition de quelques 669 millions de dalasi. En 2017, le président nouvellement élu Adama Barrow, avait accusé son prédécesseur d’avoir vidé les caisses de l’État avant de prendre le chemin de l’exil. Cinq ans après, c’est un tsunami qui secoue le président Adama Barrow et ses collaborateurs qui ont tous puisé dans les fonds en question avant de clôturer le compte Spécial. Atlanticactu.com vous plonge dans les méandres de ce scandale financier unique dans l’histoire de la Gambie.
C’est la publication du rapport de vérification des comptes de l’exercice budgétaire de l’année 2017 qui est à l’origine du tollé suscité actuellement en Gambie. Le président Adama Barrow et plusieurs de ses collaborateurs ont puisé dans un compte jugé illégal. Plus de 669 millions de dalasi soit quelques 8 francs CFA ont ainsi été retirés de ce compte par les membres du premier gouvernement du président Adama Barrow après la chute de Yaya Jammeh.
Pourtant, dès son installation à la tête de la Gambie, le président Adama Barrow s’était évertué à porter de graves accusations sur son prédécesseur qui aurait fait main basse sur la quasi totalité des fonds du Trésor Public. Si on se fie au rapport produit par le National Audit Office, le président Barrow himself, la First Lady, l’ancienne vice-présidente Fatoumata Tambajang Jallow, l’ancien ministre de l’intérieur, etc, se sont servis sans gêne avec l’argent du contribuable.
Si le camp du président continue d’accuser l’ex dictateur Yaya Jammeh d’être à l’origine de ce compte « secret » ouvert à l’indu du ministère des Finances, celui qui a été ministre des Finances dès les premières heures de son magistère, pointe du doigt le président Adama Barrow. Pour Amadou Sanneh dont certains essaient de faire le bouc émissaire de ce scandale, « Sachez que le compte en question, selon le rapport lui-même, n’était pas sous le contrôle de mon ministère mais de l’OP, et que le comptable général (Trésor Public) n’était pas informé des transactions ».
En fait, poursuit l’ancien ministre des Finances, « le compte concerné a été créé clandestinement et exploité en dehors du système gouvernemental régulier, ce qui est criminel. Par conséquent, le ministère des Finances n’aurait pas pu être informé des retraits, qui ont tous été effectués par le bureau du président, et encore moins les arrêter.
De plus, j’ai quitté mes fonctions en 2018 tandis que le rapport du vérificateur général a été rédigé en 2019. Cela signifie également que je n’ai pas pu bénéficier de l’information officielle du Vérificateur général sur la question en tant que ministre des Finances ».
« L’affirmation du PO selon laquelle les retraits mentionnés dans le rapport du NAO ont été effectués par l’ancien dirigeant Yaya Jammeh en 2016 est fausse, si l’on en croit le même rapport d’audit »
Si l’on se fie au rapport d’audit lui-même, il est maintenant parfaitement clair que si l’ancien ministre Amadou Sanneh était occupé à essayer de construire un système de comptabilité publique adapté à un État de droit, la State House sous Adama Barrow exploitait illégalement et clandestinement un compte en dehors du système gouvernemental régulier pour collecter des reçus. Le soi-disant « Compte spécial de sécurité », duquel 669 millions de dalasis ont été retirés à l’insu ou sans l’approbation du Comptable général. Un compte qui a été créé et géré en dehors du système gouvernemental ordinaire. Par conséquent, il est clair que « Le bureau du président a retiré 669 millions de dalasi illégalement ».
Pour Madi Jobarteh, un acteur de la société civile qui a subi une frontale du président Adama Barrow, « J’invite la présente l’Assemblée nationale à donner suite au rapport du vérificateur général dès que possible. Il est grand temps que les citoyens occupent la State House à Banjul pour protester jusqu’à ce que des mesures soient prises sur ce rapport. »
Accusé d’être un fossoyeur de la paix par le président Adama Barrow à l’occasion d’une audience avec les Imams le jour de la Korité, Madi Jobarteh d’enfoncer le clou, « Lorsque vous lisez ce rapport, vous vous étonnez de voir à quel point les procédures financières de base sont bafouées dans leur ensemble Vous verrez également comment les deniers publics sont pillés car les fonds ne sont pas comptabilisés, les documents ne sont pas fournis alors que les achats sont effectués et pourtant les marchandises sont introuvables. C’est juste scandaleux ».
Dès l’instant où il est avéré que le compte spécial de sécurité est illégal, il est nécessaire de tenir une session d’urgence de l’Assemblée nationale pour savoir pourquoi ces paiements sont effectués. Nous devons connaître les raisons de ces paiements afin que tout paiement illégal soit poursuivi et recouvré.
Selon le rapport du Vérificateur général des Comptes Publics, « L’exercice financier clos le 31 décembre 2017 indique 633, 229 723,59 de dépôts sur un compte de sécurité spécial en 2012 ». Et poursuit le rapport, « Le bureau du président Yaya Jammeh avait ouvert et tenu un compte spécial de sécurité no 1101003565 en 2012 avec l’approbation du ministère des finances. Le montant total des dépôts sur ce compte s’élevait à 633 229 723,59 D tandis que les retraits s’élevaient à 631 717 859,62 D au moment de sa clôture.
Maintenant, dès la prise de fonction du président Adama Barrow, des fonctionnaires véreux du ministère des Finances lui ont offert la possibilité d’ouvrir le même compte pour contourner les lourdeurs administratives. Puis un compte similaire a été créé en tant que compte spécial de sécurité tel que saisi dans le rapport d’audit, voici le commentaire du vérificateur général :
« Un compte spécial de sécurité similaire numéro 1101005167 a également été ouvert par le Cabinet du Président après février 2017 ».