Un vent de décrispation ou volonté de rendre justice ? Après leur nouveau transfert à la Maison d’Arrêt et Correction de Ziguinchor, les 16 suspects jadis envoyés à Dakar pour raison de sécurité, font face au Juge d’instruction du Tribunal de Grande Instance de la capitale de la région méridionale depuis quelques jours et ce, dans la plus grande discrétion . Une mesure qui rassure les prévenus, leurs conseils et leurs proches.
Le triste massacre de la forêt de Boffa Baïllottes revient à la surface deux ans après l’arrestation, l’inculpation et le placement sous mandat de dépôt de près d’une vingtaine de personnes dont le Journaliste René Capain Bassène. À la stupeur générale, les jeunes arrêtés qui étaient tous des surveillants de ce qui restait des dernières forêts de la Casamance, habitent les localités de Boffa, Toubacouta, Brindiago, etc qui conservaient les vestiges des immenses plantations de Tek, de Chêne, de Vène.
Depuis quelques jours, le Juge d’instruction du Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor procède à L’audition dans le fonds des mis en cause dans l’une des affaires les plus dramatiques depuis plus de 10 ans en Casamance. Dans la discrétion la plus totale, le magistrat instructeur a voulu voir clair dans cette affaire où les parents des présumés coupables continuent de nier toute implication de leurs proches tout en désignant de hauts responsables de l’establishment politico administratif de la région.
Tirs groupés des avocats et des mis en cause sur l’enquête de gendarmerie et sur le réquisitoire du parquet
Comme il fallait s’y attendre, les personnes placées sous mandat de dépôt depuis 2018 n’ont pas été tendres avec l’enquête de la gendarmerie nationale. En effet, selon un des conseils des prévenus, ses clients ont été formels, « Quand nous avons été entendus par les hommes du capitaine Cissoko de la Compagnie de gendarmerie, il était clairement établi que les auteurs de cette barbarie étaient ailleurs mais, bizarrement les choses ont évoluées en l’espace de 48 heures pour faire de nous des coupables ». La plupart des personnes interrogées par le juge, ont confirmé ces propos en revenant sur les actes de torture qui seraient perpétrés sur leur personne.
« De témoin, nous sommes passés à coupables désignés comme si nous étions les moutons du sacrifice », tels sont les propos de D. S originaire de Boucotte et faisant partie du lot des prévenus devant le juge. Et ce dernier aurait ajouté, « Un certain Diarra sur qui pesait tous les soupçons et qui est notoirement connu comme étant le responsable de la scierie où les victimes ramenaient les troncs volés dans la forêt, se trouve être notre principal accusateur ».
Quid du cas du journaliste René Capain Bassene interpellé et inculpé de complicité de meurtre
Sur une éventuelle implication de René Capain Bassene, les premiers à passer devant le juge ont dégagé en touche. Selon le conseil des quatre jeunes de Boffa qui étaient condamnés en 2018 pour s’être opposés aux coupeurs de troncs qui agissaient pour le compte de la scierie du sieur Malick Diarra par qui tout ce malheur est arrivé, « Comme tous les autres journalistes venus couvrir cette affaire macabre, René Capain est venu vers nous et nous avons répondu à ses questions. Auparavant, nous ne l’avions jamais vu et c’est dommage pour lui. »,auraient tenu ses clients.
« Ces auditions sont une aubaine pour ces prévenus qui sont éloignés des siens depuis 24 mois, certains ont perdu la vue, d’autres ont perdu des proches pendant leur emprisonnement sans compter le vieux Seyni Sané âgé de 83 ans mort en détention », nous révèle la robe noire.
Pour ce dernier qui a requis l’anonymat, « À partir de cette audition, nous pourrons demander la liberté provisoire pour nos clients et cela, au vu des éléments en la possession du juge, le parquet devrait se faire tout petit. Sans compter que nos clients sont revenus sur le » suicide » de Toumboulou Sané quelques heures avant qu’ils soient présentés au Procureur de la République de Ziguinchor.
Cheikh Saadbou Diarra