@Atlanticactu.com – Plus d’une semaine sans la production d’une seule carte nationale d’identité/ d’électeur, c’est la prouesse que réussi le successeur du commissaire Ibrahima Diallo ancien patron de la Direction de l’Automatisation des Fichiers du ministère de l’intérieur. Le Commissaire Divisionnaire Fiacre Badiane est indexé du doigt par ses subordonnés qui dénoncent sa gestion du service de même que le malaisien Iris Corp bénéficiaire du contrat de 56 milliards de francs pour cette nouvelle carte d’identité. Est-ce les prémices d’un report des législatives quand on sait qu’à 72 heures du deadline, le Conseil Constitutionnel reste toujours aphone sur le dépôt des listes de candidature.
La DAF refait parler d’elle tristement. Alors que depuis octobre 2016, le lancement décrié de la nouvelle carte d’identité ne réussit pas à passer à travers de la gorge de nombreux sénégalais qui, pour certains trouvent que le prix est exorbitant, pour d’autres, la qualité de la carte (sans les mentons d’état-civil complet) n’est pas des meilleures. S’y ajoutent également les difficultés rencontrées pour obtenir le fameux sésame et les couacs éprouvés par les électeurs durant les deux dernières élections locales, notamment les primovatants qui courent toujours derrière leurs cartes d’identité.
Selon les radars de Atlanticactu.com, depuis plus d’une semaine les cartes nationales d’identité ne sont pas produites. Les machines sont à l’arrêt pour des raisons non encore élucidées. Le drame est que les dossiers qui avaient été enrôlés et traités depuis plusieurs semaines lors de la révision exceptionnelle des listes électorales de mars 2022 en perspective des élections législatives de juillet prochain, risquent de ne pas être produites si rien n’est fait.
« Rien n’est à écarter dans cette panne », nous confie un officier en service dans cette direction répondant à notre question sur un éventuel sabotage. Ce dernier de poursuivre, « Si l’arrêt des machines se prolonge, nous risquons d’assister à une rupture de documents comme en 2010, 2013 et 2015 quand la société Delarue bloquait le système pour exiger d’être payé par l’Etat et, cette situation devrait servir de leçons aux décideurs que dans de tels cas de figure, la préférence nationale est le meilleur choix ».
Même si le traitement continue de fonctionner encore, la production est à l’arrêt total et Dieu sait pour combien de jours. Les malaisiens d’Iris Corp qui ont l’habitude à l’approche de chaque élection de faire pression pour exiger le paiement d’avenants, seraient-ils les responsables de cette « panne » ?
« De toutes façons, rien ne va dans ce service, dans les commissariats les agents font face à un manque notoire d’imprimés pour les demandeurs de cartes d’identité », révèle une source qui nous renseigne, « Lors des dernières élections locales, les listes électorales ont connu un retard jamais égalé car c’est à une semaine du 23 janvier, jour du scrutin qu’elles ont été éditées ».
Pour notre interlocuteur, « l’erreur monumentale c’est d’avoir permis à Iris Corporation d’être à nouveau dans le cœur du dispositif de la DAF. Ils continuent de détenir les codes d’accès alors que nous travaillons que sur l’interface du logiciel. Car, en contractant Iris Corp, la durée du marché était fixée à cinq ans, un B.O.T avec frais de mobilisation et rétribution au fur et à mesure de l’évolution du projet. Initialement prévu pour un cout de près de 3500 francs l’unité avec l’intégration d’une puce électronique aux normes internationales de l’OACI, les empreintes et les données personnelles cryptées avec une production 10 millions de cartes, le prix est passé à 9,6 euros soit 6300 francs sans puce de contact donc sans aucune biométrie. »
En fait, la nouvelle carte d’identité dite Cedeao n’a pas encore fini de livrer ses secrets quand on sait que la société belge qui devait s’occuper de la partie biométrie du projet a livré son produit et a été payé sans que les éléments achetés à prix d’or ne soient intégrés dans la carte comme l’exigeait l’accord instituant la nouvelle carte au sein de l’espace communautaire.
Iris Corp perçoit 19 milliards, refuse de donner les codes d’accès à des personnes non habilitées, emporte la base de données des empreintes digitales. A ce jour, moins de trois officiels de la DAF détiennent les codes d’accès qu’ils se partagent avec les malaisiens, les seuls vrais maîtres .
Une farce de mauvais gout serait-on tenté de dire tellement des engagements pris par la société malaisienne en 2007 dans le cadre de la confection des passeports numérisés, n’ont été respectés par cette dernière. Pour preuve, l’accord de 2007 était conclu sur la base d’un Bot -Build, own and transfer – (construire, gérer et transférer) de 25 ans, le ministre de l’Intérieur d’alors disait que le Sénégal allait disposer d’un système de fabrication moderne de passeports sans être obligé de le financer avec son propre budget. Les propos des dirigeants d’Iris Corp confirmaient bien cela , « Le gouvernement du Sénégal va s’acquitter d’une rétribution de 180 millions d’euros pour les dix millions d’unités de passeports électroniques dont la livraison est programmée dans la période de la durée du Bot. » Comme on le voit, c’est plus de 117 milliards de F Cfa que le gouvernement se serait engagé à payer pour un projet qui va appartenir à une compagne étrangère pendant 25 ans.
Iris Corp n’a non seulement pas respecté l’entièreté de ses engagements avec la construction de dix centres régionaux, la formation continue des personnels mais également, la mise à disposition des empreintes digitales dans le fichier TEN. Après avoir encaissé la rondelette somme de 168 milliards d’entente directe entre 2007 et 2016, Iris malgré le fait d’être pris en flagrant délit par la Cour des Comptes obtient le contrat de la nouvelle carte nationale d’identité.
Bis répétita, Iris Corp reproduit le même schéma en constatant que malgré le prix exorbitant annoncé de plus de 50 milliards, seule une infime partie lui est revenue en plus d’être écartée du processus de la carte d’électeur.