Mali
Atlanticactu/ Société civile/ Forces politiques/ Serigne Ndong
La société civile d’Afrique de l’Ouest tire la sonnette d’alarme face à la dérive autoritaire croissante du Mali. Dans une déclaration conjointe, plusieurs organisations citoyennes, structures de la société civile et forces politiques de la région dénoncent une série de décisions répressives prises par les autorités militaires au pouvoir.
Le tournant décisif aurait été franchi le 29 avril, qualifié par les signataires de « jour sombre dans l’histoire politique du Mali ». Ce jour-là, les conclusions issues d’une consultation nationale ont entériné la dissolution de l’ensemble des partis politiques. Une décision radicale, renforcée par un durcissement des critères de création de nouvelles formations : le montant de la caution exigée passe désormais à 100 millions de francs CFA, contre des montants bien moindres auparavant. Les obstacles se multiplient aussi pour les candidats à la présidentielle, la caution atteignant désormais 250 millions de francs CFA.
Autre mesure vivement critiquée : l’annonce de la volonté d’instaurer le colonel Assimi Goïta comme Président à part entière, pour un mandat de cinq ans renouvelable à partir de cette année. Les autorités de transition justifient cette initiative par le besoin de garantir la stabilité de l’État jusqu’à une hypothétique « pacification du pays ».
Mais pour les organisations signataires, cet argument ne saurait justifier une telle concentration du pouvoir. « Nous refusons de rester silencieux face à une dérive autoritaire qui met en péril les acquis démocratiques du Mali », écrivent-elles. Depuis le coup d’État qui a porté les militaires au pouvoir, les libertés fondamentales seraient continuellement mises à mal. Déjà l’an dernier, un décret présidentiel avait suspendu les activités des partis politiques et des associations, sous prétexte de préserver l’ordre public.
Des actes de répression ciblée viennent accentuer l’inquiétude. En décembre 2024, Ibrahim Nabi Togola, leader du parti d’opposition Nouvelle Vision pour le Mali, a été enlevé par des agents présumés de la sécurité d’État, avant d’être relâché 45 jours plus tard, sans aucune explication officielle.
Les signataires dénoncent une atteinte manifeste aux droits garantis par la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, ainsi que par la Constitution malienne, adoptée à plus de 97 % lors du référendum de juin 2023.
« Nous réaffirmons notre soutien aux militants pro-démocratie, aux acteurs politiques et aux défenseurs des droits civiques au Mali », concluent les auteurs du texte, appelant à une mobilisation régionale pour sauvegarder la démocratie, les libertés fondamentales et l’État de droit.