mercredi, 4 décembre 2024 10:00

Bénin: affrontements entre policiers et populations dans le fief de Yayi Boni

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Le Bénin qui était encore il n’y a guère longtemps l’un des principaux laboratoires de la démocratie africaine pour avoir réussi sans contestations plusieurs alternances, est au bord du chaos. Cette situation est partie de la volonté de l’actuel Président Patrice Talon d’avoir tenu à l’écart toute l’opposition lors des dernières législatives. Une élection qui fait du parlement béninois une assemblée monocolore et que l’opposition ne compte se laisser faire d’où la série de manifestations en cours dans le pays. Résultats, l’ancien Président Thomas Yayi Boni vit en résidence surveillée depuis plusieurs semaines déjà.

Des violences ont éclaté lundi à Tchaourou, la ville d’origine de l’ancien président Thomas Boni Yayi, dans le nord du Bénin, après l’arrestation de deux personnes, selon des témoins et un responsable de la police.
« La police républicaine a procédé à l’interpellation de deux citoyens et les jeunes de la localité ont réagi à ces arrestations arbitraires », a confié à l’AFP au téléphone une source locale.

« Deux individus identifiés comme les meneurs des violences électorales à Tchaourou ont été effectivement interpellés », a confirmé un responsable de police. « L’opération a été menée en personne par le directeur départemental de la police républicaine du Borgou ».

Des violences ont éclaté à la suite de ces interpellations et les populations sont sorties massivement, selon Akim Moussa Adoéti, un commerçant. Elles « ont barricadé la principale route menant au Nord, brûlé des pneus et séquestré des voyageurs » et « endommagé un véhicule de police ».

Face aux multiples manifestations qui secouent le pays, Patrice Talon opte pour la répression avec l’intervention de la police et l’armée. Des engins blindés ont été déployés.

Le 28 avril, jour des législatives auxquelles l’opposition n’avait pas été autorisée à participer, des violences avaient déjà eu lieu dans cette commune du Nord d’où est originaire M. Boni Yayi. Ce dernier est depuis le 1er mai retranché dans son domicile de Cotonou, dont les accès sont bloqués par des policiers en armes.

L’ancien président, visé par une procédure qui n’a pas été révélée à la presse, devait être entendu vendredi à son domicile par un juge, mais n’a pu le recevoir « pour raisons médicales », selon Me Renaud Agbodjo, son avocat.

Le « stress quotidien, joint à l’absence de ses médecins ont entraîné l’aggravation de la lombo-sciatalgie hyperalgique dont il souffre », a de son côté déploré son parti politique (FCBE) la semaine dernière.

En résidence surveillée depuis plusieurs semaines, L’ancien président Yayi Boni est en danger à cause de la détérioration de son état de santé , selon ses proches.

Depuis les élections, plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées, accusées d’avoir fomenté les violences qui ont suivi le scrutin du 28 avril et qui ont fait au moins 4 morts par balles selon Amnesty International et 7 morts selon l’opposition.

Des ONG de défense des droits humains ont dénoncé le tournant autoritaire du président Patrice Talon, élu en avril 2016, dans un pays qui a toujours été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest.

Ses principaux opposants politiques vivent actuellement en exil. L’opposant et homme d’affaires béninois Sébastien Ajavon a obtenu son statut de réfugié politique en France, a annoncé lundi à Atlanticactu.com son avocat, Me Marc Bensimhon. « Nous venons d’obtenir, pour Sébastien Ajavon, sa femme, ses trois enfants, son neveu et sa nièce qui vivent avec lui depuis l’enfance, l’asile politique auprès de l’Ofpra », l’Office français de protection des réfugiés et apatrides.

« Cela a été difficile », a expliqué Me Bensimhon, le Bénin ayant toujours été considéré comme un pays « sûr », et respectant les droits humains. « Il a fallu démontrer que le Bénin n’est plus un Etat de droit »,

Sébastien Ajavon, arrivé troisième à la dernière présidentielle, a été condamné à 20 ans de prison pour trafic de cocaïne dans son pays par un tribunal spécial, dans un procès condamné par la Cour africaine des droits de l’Homme en mars dernier.

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