samedi, 27 avril 2024 03:58

Barrage d’Affiniam : Des ouvriers vivent l’enfer chinois au Sénégal (Photos)

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Récemment des images et vidéos odieuses montrant le mauvais traitement de nos compatriotes et autres africains en Chine a révolté plus d’un . Ces images d’une extrême violence montraient des ressortissants chinois qui s’en prenaient ouvertement à nos concitoyens au motif qu’ils étaient les « vecteurs » de transmission du Coronavirus. Malgré l’hilarité générale, aucune de nos autorités n’a pipé mot au nom des bonnes relations entre les deux pays. Pourtant, sur le territoire national des sénégalais vivent pire avec leurs employeurs chinois qui n’hésitent pas a les frapper pour un Oui ou pour un Non. Enquête sur le « bagne » d’Affiniam avec la China Railway Engineering Corporation.

Les images du traitement des ouvriers du barrage d’Affiniam en possession de Atlanticactu rappellent les pires moments de la traite négrière et il était inimaginable de penser un seul moment que cela pourrait se dérouler sous nos cieux à quelques 400 kilomètres de Dakar. Après avoir reçu les explications d’ouvriers, Atlanticactu a fait le déplacement pour se rendre compte de visu de l’existence de telles accusations.

Pour rappel, c’est le 30 novembre 2019 que les travaux de réhabilitation du barrage d’Affiniam ont été lancés en présence du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural le Dr Moussa Baldé, de l’Ambassadeur de la Chine au Sénégal Son Excellence Zhang Xun, du Gouverneur de la région Guedj Diouf et des autorités administratives, politiques, religieuses et coutumières. Ces travaux sont confiés à la China Railway Engineering Corporation (CREC).

Les travaux étaient à l’arrêt de le 31 octobre 1984 privant les populations de ces contrées d’eau pour les travaux rizicoles et les plongeant dans une situation d’extrême pauvreté. Aujourd’hui, pour d’aucuns l’espoir était permis avec la réhabilitation du barrage mais, en fait, les travailleurs issus des villages environnants allaient vivre la réalité de la dégradation humaine sur leur propre pays sans que leurs plaintes n’ébranlent même pas les autorités compétentes.

Pas de contrat de travail, pas de toilettes pour les ouvriers, coups de cravache pour les récalcitrants, tel est le lot quotidien de ces hommes et femmes qui parcourent des distances de 20 à 30 km en Jakarta a pour gagner leur pain. la China Railway Engineering Corporation foule aux pieds tous les fondements du droit du Travail. Sans compter que Affiniam est devenue une décharge à ciel ouvert

Distante de Ziguinchor de quelques 30 km, notre taxi nous fera découvrir un paysage féerique entre les bolongs verdoyants de Tobor, Djilapao et Boutem. Sur place, nous avons été directement sur le site des travaux où femmes et hommes en gilets s’affairent à mélanger le ciment et le béton, ranger les fers, enlever les ordures.

Après les présentations et décliner les raisons de notre visite, les ouvriers nous ont dirigé vers leurs employeurs chinois. Ces derniers nous renverront à un certain Keïta au motif qu’ils ne comprennent pas le Français. M. Keïta était tout simplement le directeur du barrage depuis plusieurs années déjà mais nous n’avons pu le rencontrer malgré qu’il était au village selon des ouvriers.

Finalement, l’un des travailleurs, Abdourahmane Kanté Lo se prêtera à nos questions. Lui ayant exposé les accusations objet de notre venue, sans ambages l’homme nous invite à l’attendre après le travail pour donner sa version.
« Ces accusations sont avérées. Pour les coups de cravache, il aura fallu que nous mettons les gendarmes et le Sous-prefet devant leurs responsabilités en menaçant à notre tour de tabasser tout chinois qui s’amuserait à vouloir nous prendre pour des punching-balls », nous révèle celui qui est appelé Kanté Lo par ces collègues.

Devant certains de ses collègues, l’homme nous explique, « Nous travaillons sans masques, gants ou bottes alors que nous manipulons des produits dangereux avec une paie journalière comprise entre 3000 et 4000 francs. Nous n’avons pas de contrats de travail et en parler est synonyme de renvoi. Nous avons saisi le Maire, le Sous préfet, l’Inspecteur Régional du Travail mais ces personnes regardent ailleurs quand il s’agit d’arbitrer ».

Sans toilettes pour les ouvriers, ces derniers défèquent aux alentours du fleuve augmentant le risque de maladie en sus des dangers liés à la manipulation de certains produits L’utilisation de l’Hydrofuge polyvalent avec tous les dangers est faite sans protection. Ni le Sous préfet encore moins le Maire Ousmane Diedhiou une veulent en parler

Au vu de leurs conditions de travail exécrables les ouvriers ignorés par les autorités organisent un sit-in le 29 février dernier et menacent de saisir la presse pour relater leurs dures conditions d’existence. C’est pendant ce mouvement d’humeur que le Commandant de la brigade de gendarmerie d’Affiniam se démènera pour les inviter au dialogue, selon Kanté Lo. Et d’après le procès-verbal de réunion en notre possession, les travailleurs ont mis sur la table la réduction des horaires de travail , la sécurité sur le chantier, la prise en charge des accidents du travail, la fin des violences physiques et verbales et les heures supplémentaires comme stipulé par la loi, entre autres revendications.

Craignant le pire, « les chinois donnent leur aval » mais, c’était plutôt une stratégie pour mieux sauter. En fait, ils feront recruter par le canal de M.Keïta des ouvriers à partir de Ziguinchor. Ces derniers ont un bus mis à disposition qui fait la navette tous les jours et leur paie journalière est comprise entre 5000 et 6000 francs, explique Kanté Lo pour qui , « Les chinois bien protégés et sûrs de leurs faits, ne respecteront pas les conclusions du procès verbal qui nous liait et commençait à renvoyer tout récalcitrant ».

Selon notre interlocuteur, « Malgré le couvre-feu, Affiniam est la seule localité où l’état d’urgence n’est pas respecté. Pourtant, le Sous Préfet de Tendouck, le Maire , les gendarmes ne peuvent ignorer cet état de fait dans la mesure où deux de ces autorités habitent à côté du barrage. Les ouvriers travaillent jusqu’à après 21 heures parfois 23 heures pour se débrouiller à rentrer avec tous les risques ».

L’Inspecteur régional du Travsil Ndéné Sow saisi de tous ces manquements au droit du travail avait promis de venir mener une enquête, est désormais « inaccessible ». Malgré les risques graves d’atteinte à la santé publique avec l’usage de l’Hydrofuge polyvalent, aucune autorité encore lez Directeur du barrage ne veulent mettre fin au drame en cours. Plus grave, c’est l’irrespect du couvre feu à Affiniam

À notre question de savoir si les autorités administratives ou locales étaient avisées, notre interlocuteur nous confirme, « Nous avons sais l’Inspecteur Régional du Travail qui avait promis une visite dans les 15 jours mais , depuis il ne prend plus nos appels. Même chose pour le Maire qui ne semble pas ébranlé par ce drame. Quant au Sous Préfet, il a été averti mais nous attendons de voir sa réaction ».

« Aujourd’hui, les travailleurs du barrage courent des risques graves avec la manipulation de l’Hydrofuge polyvalent fortement déconseillé par le fabricant français MP2 TECHNOLOGIES mais, malgré ces risques, les chinois nous obligent à manipuler le produits à mains nues », se désole M. Kanté Lo qui craint qu’à la fin des travaux que l’argent gagne serve à soigner des Maladies.

Nos tentatives pour faire parler tout ce beau monde sont restées vaines, si au niveau du ?Maire, la même réponse nous est servie depuis lors à savoir qu’il est engagé dans la riposte du Coronavirus, pour le Sous préfet et le Commandant de brigade, ils ne décrochent même pas. Par tous les cas de figure, les lignes de Atlanticactu leurs sont ouvertes à toutes fins utiles.

D’ailleurs, Atlanticactu vous promet un reportage vidéo du drame des travailleurs du barrage de Affiniam avec des témoignages poignants de personnes blessés et oubliés alors qu’elles étaient au service de la China Railway Engineering Corporation (CREC).

Cheikh Saadbou Diarra ( Atlanticactu.com)

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