Avec la crise du Coronavirus, le président Macky Sall a enfin compris que son pouvoir pouvait tenir qu’à un fil. Depuis le début son magistère, il a toujours su se fier aux bulletins de ses services de renseignements et d’ailleurs, ce qui lui vaut après la structuration du renseignement sénégalais de disposer de l’un des meilleurs services au monde. Pour preuve, même la France est venue « puiser » à la source sénégalaise. Après avoir suivi leurs analyses sur le « décadenassement » après 7 semaines de privation, le pire a été évité. Mais, un autre danger pointe, celui des manifs prévues d’où la prorogation de l’interdiction bientôt de toute manifestation même après la levée de certaines mesures.
Le front social n’aura pas été aussi surchauffé. Même après les allègements apportés aux mesures exceptionnelle prises dans le cadre de la riposte au Coronavirus, les syndicats et autres groupes de pression fulminent en attendant d’avoir l’occasion de laisser éclater leur colère au grand jour.
Les fronts sont nombreux si on se fie à notre source bien introduite au niveau des Renseignements généraux. Ce service qui alimente le pouvoir sur tout ce qui se passe sur le plan social, politique, met en garde par rapport à une recrudescence des manifestations si un calendrier de sortie de crise n’est pas établi par le gouvernement . C’est ainsi que plusieurs bulletins ont fait état de rencontres où des stratégies se préparent et , avant que le Chef de l’état ne décide de desserrer l’étau, selon notre source.
Le pouvoir du Président Macky Sall craint la résurgence d’un mouvement de contestation sociale qui pourrait « achever » un gouvernement à bout de souffle. En effet, moins d’une semaine après le « déconfinement », l’Etat tente d’étouffer la grosse colère du peuple provoquée par sa gestion de la crise sanitaire qui, il faut oser le dire, a été un fiasco.
Selon plusieurs sources marchands ambulants, transporteurs, chauffeurs, pêcheurs, mareyeurs, groupes religieux, veulent en découdre avec l’état qui non seulement, leur prive de revenus mais, ne leurs dit pas la vérité. Le Président Sall doit créer rapidement un participatif et concerté, selon le leader du COS/M23, Abdourahmane Sow
« Nous ne pouvons plus continuer de nous priver et de priver nos familles pour un gouvernement qui ne dit pas la vérité. Sans compter l’enrichissement de certains sur la base de nos souffrances », tels sont les propos contenus dans les fiches de renseignements recueillis par nos sources. Des propos menaçants qui ont fait penser à de probables révoltes sociales contre le pouvoir. Déjà, sur les réseaux, le ton était donné après l’éclatement des scandales liés aux marchés du riz et du transport des denrées alimentaires destinées aux ménages vulnérables du Covid19.
Ce qui fera dire à Abdourahmane Sow du COS/M23, « L’état n’a pas mis à profit l’élan national qui s’était dégagé lors des premiers cas apparus au Sénégal. Le Chef de l’état avait reçu, fait rare le soutien de toute la classe politique mais, c’est le vote (inexplicable) de la loi d’habilitation et plus tard les scandales de corruption dénoncés dans la presse qui ont eu raison du faible consensus ».
Pour le fondateur du REVOCAP, un réseau de volontaires mis en place dans le cadre de la prévention du Coronavirus, « Les populations se sont essoufflées à l’issue de près de 60 jours d’un confinement sans secours et face à ce qui est considéré comme une impréparation de l’état et la lame de fond religieuse avait commencé à s’emparer des composantes importantes de notre pays. »
Le Président Macky Sall doit se rendre à l’évidence qu’il ne peut y avoir une exception sénégalaise. Ce qui s’est passé aux États-Unis, en Espagne, en France et même en Guinée où des citoyens ont décidé de « mettre fin » au confinement peut bien se produire au Sénégal
« Si les Sénégalais se sont sacrifiés en taisant leurs douleurs, leurs contradictions, mais les suspicions de corruption dans les marchés du riz et du transport des denrées alimentaires ont fini par casser le vernis de la réserve », selon Abdourahmane Sow qui révèle par ailleurs, « l’autre déception des Sénégalais est l’affairisme qu’on a voulu imposer dans la gestion de la pandémie avec des sorties proches de l’élucubration ».
D’ailleurs, conclût Abdourahmane « Il n’est toujours pas trop tard pour le Président de la République et son gouvernement de se rattraper sur la gestion du Covid19 en créant un leadership participatif et concerté , ceci afin de créer une synergie qui dans sa démarche prendra en compte les diverses sensibilités qui composent la société sénégalaise ». Et de préciser, « Cela permettrait d’impliquer davantage les différents socio-culturels, religieux et politiques dans une démarche impliquant une chaîne de solidarité nationale et citoyenne à la disposition du gouvernement et des populations pour faire face de manière efficiente ».
Heureusement que Macky Sall a lâché du lest car, il n’est pas dupe. Il a vu ce qui s’est passé ces dernières semaines dans des pays au cœur de l’Occident où des révoltes contre le pouvoir en place ont déjà commencé. Aux Etats-Unis, des citoyens lourdement armés ont ainsi récemment défié leurs Etats exigeant la fin du confinement et la restitution de leurs libertés individuelles. En Allemagne, depuis le début de la crise, deux vagues de mini-révolte ont secoué le pays et en Espagne, ce 14 mai, des citoyens en colère ont arpenté les rues de Madrid scandant, à coup de casseroles, « liberté ! Liberté ! Liberté !
Le Président Macky Sall a anticipé sur de probables débordements en allégeant les horaires du couvre-feu. De même, les interdits d’hier deviennent des règles même si le ministre de l’intérieur essaie de donner le change sans se convaincre de l’effectivité des mesures. L’état a reculé une fois après 8 ans d’unilatéralisme, le peuple va devenir plus exigeant.
Au Sénégal , un tel scénario semble désormais possible et l’Etat le sait. Mais, il sait aussi que la renaissance d’un mouvement de contestation sociale aussi virulent et organisé que les mouvements « Gno Lank Gno Bagne », « France Dégage », etc … pourraient sans aucun doute précipiter la fin de son pouvoir. C’est pourquoi il a anticipé.
L’Etat a parfaitement compris ce que beaucoup ont compris d’ailleurs : que sa survie tient désormais à un fil. Oui, la capacité de résilience du pouvoir mackyien dépend de la réponse qu’il apportera à la suite de la pandémie et surtout, nourrir toutes ces bouches à qui promesse a été faite. Autrement, ce qui est en cours et qui pourrait exploser à tout moment avance avec la reculade du pouvoir.
Les nombreuses erreurs commises dans la gestion de la crise ont exacerbé une colère populaire qui finira inéluctablement par se retourner contre le pouvoir. Pour le moment, l’Etat contrôle la situation mais pour combien de temps ? Le pire scénario qui se présente devant nous est que les verrous finissent par céder. Si rien n’est fait, ce scénario pourrait se produire dans un futur proche, selon des sources proches du renseignement intérieur.
Pape Sané (Atlanticactu.com)