Véritable union nationale ou replâtrage politique ? Les récents événements ne concourent plus en faveur du président Macky Sall qui espérait dérouler tranquillement. L’impréparation décriée face à la crise et les scandales qui ont démarré avec les premiers actes sur la gestion des 69 milliards destinés aux ménages vulnérables du Covid-19 , l’ont mis dans une situation différente de l’union sacrée des premiers jours. Pour conserver cette dynamique unitaire qui vole déjà en éclats, Macky franchira t’il le pas de mettre un gouvernement de salut public ?
Face à certaines rumeurs qui avancent l’idée du remaniement du gouvernement de salut public, les audiences discrètes de certaines personnalités pressenties paraissent représenter un spectre idéologique et politique trop élargi.
Macky Sall ne cracherait sur un gouvernement de «concorde» pour sortir de la crise. Celui-ci pourrait inclure des personnalités désignées par les leaders de l’opposition. Une idée qui serait à la hauteur des enjeux et des attentes du pays.
Même si de prime à bord privilégier une manipulation de la part des cercles aperistes vers l’aile dure de l’opposition n’est pas à écarter, soit pour lancer un ballon d’essai, soit pour effectuer une manœuvre de diversion.
Car, un tel « gouvernement de concorde » relèverait au mieux de la plaisanterie, au pire de la provocation.
Si tel n’était pas le cas, présenter l’arrivée de nouvelles figures comme les symboles de l’avènement d’un «gouvernement de concorde» relèverait au mieux de la plaisanterie, au pire de la provocation. En quoi pourraient-elles incarner la réinvention que le président de la République souhaite s’appliquer d’abord à lui-même? Car, nombreux qui sont étiquetés partants pour une nouvelle aventure de gouvernement d’union, ont participé à des gouvernements ou travaillé pour des institutions, qui sont à l’origine de la situation d’impréparation dans laquelle nous nous trouvons. Si elles n’ont pas fait partie des premiers gouvernements nommés par Macky Sall en 2012, ce n’est pas par divergence idéologique, loin s’en faut.
De plus en plus des voix s’élèvent dans le camp du pouvoir pour soutenir l’idée d’un gouvernement de «salut public» car, reconnaissent certains, « Nous risquons d’être plus vomis par les Sénégalais si l’échec s’accentue » . Mais, la question est de savoir si Macky Sall a un remaniement de ce type en tête?
Même si le Président Macky Sall avait cette idée en tête, il lui sera impossible de trouver des têtes en qui les sénégalais ont confiance actuellement. Car, de 2012 à nos jours les scandales qui ont jalonné le magistère de l’APR risquent de décourager les plus téméraires de l’opposition de venir prendre part à cette messe.
Néanmoins, si tel était le cas, cela signifierait que Macky Sall aurait bien changé et serait revenu au slogan « La Patrie avant le Parti » qui lui aura ouvert en 2012 les voies du palais… À décrypter la situation actuelle où les scandales des marchés du riz et du transport des denrées affaiblissent le gouvernement, on peut y voir plutôt une volonté d’un gouvernement de salut public pour assumer une véritable rupture. Rupture sur le plan économique. Rupture sur le plan social . Par rapport à des politiques en œuvre par les gouvernements successifs depuis 2000, date de la première alternance démocratique.
Pour sortir de ce mauvais pas, le Président Macky Sall doit écarter tout calcul politique et inclure des personnalités vraiment critiques des fondements de nos politiques publiques. Il devra rétablir les fondamentaux de la république
Cela nécessiterait d’ouvrir à des personnalités qui incarnent une véritable critique de ce qui fonde les politiques publiques depuis quelques années. Sinon, ce ne serait pas crédible. Dans le cadre de prochains papiers pour divertir le microcosme, Macky Sall doit écarter cette vieille garde qui ne peut plus suivre le rythme des politiques et urgences actuelles. La réinvention, c’est maintenant!
Le salut public, c’est quelque chose de sérieux. A espérer seulement que le Président Macky Sall n’osera pas baptiser ainsi un replâtrage de la majorité par adjonction de figures anciennes venues en soutien de dernière heure pour continuer de bénéficier de la gratuité de l’État. Tomber dans ce piège ou plutôt s’ouvrir les portes de ce piège, équivaut pour le pouvoir actuel de voir la politique reprendre de plus belle le terrain, Covid19 ou pas.
Mais, on peut toujours penser que Macky Sall cherche à couper l’herbe sous le pied des « souverainistes » de l’APR et BBY . Une telle stratégie qui pourrait fonctionner s’il oublie définitivement le projet de 3ème mandat
Le Chef de l’état pourrait obtenir le sous sans conditions de toute la classe politique comme ce fut le cas lors de son appel lancé dès les premiers cas positifs. Mais, il lui faudra pour cette fois accepter un compromis qui lui permettra en 2024 d’avoir une sortie honorable. Macky Sall doit définitivement enterrer tout projet d’un quelconque 3ème mandat. Une assurance pour ses opposants même les plus farouches de même que ses potentiels successeurs au sein de l’APR d’accompagner le pouvoir dans la lutte contre le Coronavirus.
Certainement que ces derniers ne demanderaient-ils pas mieux qu’on leur coupe cette herbe sous le pied, si c’était pour appliquer réellement leurs idées? Un gouvernement de salut public ou de concorde digne de ce nom comporterait aussi logiquement des personnalités ayant porté des projets de longue date, en effet.
Il y a un camaïeu de personnalités intéressantes allant du Makyiste à un indépendantisme plus assumé.
Sans aller jusqu’à Amadou Bs, Makhtar Cissé, Aly Ngouille Ndiaye même si se poser la question de leur ambition est légitime dans un gouvernement de concorde nationale – il y a un camaïeu de quelques personnalités habituellement cataloguées dauphins.Voilà qui donnerait des signes bien plus crédibles de réinvention et de concorde.
Pape Sané (Atlanticactu.com)