vendredi, 22 novembre 2024 07:11

L’ŒIL D’ATLANTICACTU.COM Sahel : Une impasse pour Barkhane, champs de bataille pour africains (Par Cheikh Saadbou Diarra)

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De 2012 à nos jours, le Sahel est devenu sous le regard impuissant des dirigeants africains le nouvel Afghanistan ou les puissances occidentales expérimentent leur dernière technologie en matériel de guerre. Pourtant, avec la création du G5 Sahel qui est un prolongement de la force Barkhane, les pays du Sahel et ceux côtiers pensaient trouver un parapluie face à la force de frappe du terrorisme. Il est constant de noter que cette situation s’est empirée avec des attentats répétitifs plus violents les uns que les autres. Et si Paris aidé de l’Occident cherchait juste à créer un nouveau champs de bataille !

Le nouveau rapport du ministère français de la défense serait-il pour quelque chose dans la militarisation outrancière du Sahel ? Tout porte à le croire car, depuis que les têtes pensantes de ce ministère, ont soulevé une hausse du nationalisme africain et du panafricanisme présentés comme des menaces pour l’Occident en 2012, la France en tête de peloton, a décidé d’accroître son implantation en Afrique après avoir perdu du terrain avec l’offre diversifiée que représente les États Unis, la Turquie, la Russie et même les nouvelles puissances du Golfe comme le Qatar et l’Iran.

Le rapport alerte sur le déclin redouté de l’Occident anticipé et la naissance de nouveaux leaders africains « moins malléables et corvéables »

Le texte indique que parmi les «lignes de force» des décennies qui viennent, il y a «la fin de la domination occidentale». Nous nous dirigeons manifestement vers «un monde post-américain». Il existe «un risque de déclassement de l’Europe», et «l’affirmation de nouvelles grandes puissances, aux trajectoires toutefois incertaines» (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), devrait se poursuivre. «L’accélération de la mondialisation» est également une ligne de force dans un contexte de «transition géopolitique marquée par une instabilité et une volatilité croissantes». Tout cela, on s’en doutait un peu…
Qu’anticipe donc le document stratégique français en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne ? «Vingt ans après la fin de la guerre froide, le continent devrait continuer à voir son importance géopolitique s’accroître sous l’effet de la concurrence économique entre puissances émergentes «du Sud» (Chine, Inde, Brésil) et puissances en déclin relatif (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie). Néanmoins, les sous-régions d’Afrique pourraient évoluer distinctement en fonction de leur environnement extérieur (systèmes Corne/péninsule arabique), Sahel/Maghreb/Europe, Afrique de l’Est/sous-continent indien». Est-ce à dire que, de par la proximité géographique, l’Europe a un «rôle à jouer» bien plus important en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Nord qu’ailleurs ? Sans doute. La question qui se pose est la suivante : par quels moyens, dans ces zones spécifiques, les Occidentaux déclinants mèneront-ils la «guerre économique» contre leurs nouveaux concurrents émergents ? L’actualité nous fournit quelques débuts de réponse à cette interrogation, et ils peuvent paraître effrayants.

Que faire pour ralentir le processus alors ? Créer des « Printemps arabes » en Afrique subsaharienne et continuer l’occupation militaire par la signature d’accords de défense

Le rapport préconise la création de nouveaux foyers de contestation et de soutenir les leaders au nom du principe sacré de protection des minorités. C’est ainsi que «La remise en cause des frontières actuelles ou de l’unité nationale pourraient aboutir à la création de nouveaux États ou à des redécoupages plus ou moins violents (Casamance, Nord Mali, Togoland, Burkina Faso, Sud-Soudan, Somalie…). La rupture du tabou de l’intangibilité des frontières pourrait avoir des effets en cascade sur l’ensemble du continent, voire au-delà», anticipe le rapport. L’on se souvient forcément qu’à Paris, la perspective d’une sécession du Nord-Mali, tant qu’elle ne disait pas son nom et qu’elle était incarnée par le MNLA, était une option sérieuse. Le soutien à des irrédentismes ou à des séparatismes sera-t-il demain, plus que jamais, un moyen de peser sur des situations géopolitiques ou de «semer l’effroi» parmi des nations africaines désireuses de s’affranchir ou de tester certaines formes d’indocilité? «Des catastrophes écologiques majeures liées aux premiers effets du changement climatique, notamment dans les zones les plus fragiles, pourraient déboucher sur de vastes mouvements de populations, intra et intercontinentaux, sources de déstabilisation majeure», écrit l’étude. Ce qui se passe dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, militairement conquis par des hommes faisant face chez eux à l’avancée du désert, est-il une préfiguration de ce type de «catastrophes» ? Les grandes villes de la côte ouest-africaine, épuisées par l’exode rural et de «l’abandon» d’une partie du Sahel, pourraient-elles vraiment, en partie, être noyées dans les flots de l’érosion côtière ? Ces questions interpellent les pouvoirs et l’intelligentsia du continent.

Descente aux enfers dé Barkhane, G5 Sahel encore constipé à cause de la faiblesse des armées nationales et naissance de nouvelles forces (Milices) entretenues et soutenues par Paris

Le G5 Sahel, une force comme celle-là, de 5 000 hommes – puisque chaque pays a 1 000 hommes à fournir –, cette force du G5 Sahel, en fait n’est pas une force coordonnée entre cinq pays. Ce sont cinq pays qui se coordonnent de façon bilatérale sur leurs frontières respectives. Et donc il n’y a pas vraiment d’effort commun. Ce sont juste quelques patrouilles mixtes en certains endroits.

S’il ya pas une prééminence des choix et solutions des acteurs locaux sur ceux de la France et de ses soutiens, il est évident que les pays africains vont directement dans le mur. Et on peut imaginer d’arriver à des choses qui pourraient être effroyables. D’où des situations qui ressembleraient à celle de la centrafricaine, avec des seigneurs de guerre locaux qui se sont arrangés des fiefs dans lesquels ils règnent en maîtres. Ou pire, et ce que j’observe de pire, ce sont des affrontements intercommunautaires qui commencent à se multiplier. On a parlé des Dogons contre les Peuls, avec 200 morts au mois de mars…

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