vendredi, 22 novembre 2024 22:16

Coronavirus : L’usage de l’Hydroxychloroquine : Oui, pour l’armée, non pour les médecins du civil ?

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Tout le monde, médical et médiatique, semble se réjouir de la décision du gouvernement d’autoriser la prescription d’hydroxychloroquine aux patients atteints de Covid-19. En fait, le gouvernement récupérait discrètement de la main gauche ce qu’il avait accordé de la main droite. Un décret controversé qui continue de poser le débat sur l’utilisation de la chloroquine contre le Covid19.

Les soignants eux-mêmes semblent avoir compris que désormais la prescription allait pouvoir être faite sur ordonnance. Des réjouissance hâtives
Curieusement, malgré ces congratulations, Olivier Véran, le ministre de la Santé, fait savoir qu’il n’y a rien de changé par rapport à la situation précédente.

« Il n’y a pas d’élargissement des cas qui sont pris en compte. Ce décret ne change rien à ce qui avait été décidé avant et ne déroge pas à la dernière prise de parole d’Olivier Véran sur le sujet. »

La grosse farce du gouvernement français, de quoi y perdre son latin.

Le décret, consultable facilement et cité dans tous les articles en ligne sur ce sujet, indique :

« Art. 12-2.-Par dérogation à l’article L. 5121-8 du Code de la santé publique, l’hydroxychloroquine et l’association lopinavir/ritonavir peuvent être prescrits, dispensés et administrés sous la responsabilité d’un médecin aux patients atteints par le covid-19, dans les établissements de santé qui les prennent en charge…»

Seulement, il aurait fallu lire les quelques paragraphes jusqu’au bout. La dernière phrase éclaire différemment ce qui précède :

« Pour l’application du présent article, sont considérés comme établissements de santé les hôpitaux des armées, l’Institution nationale des Invalides et les structures médicales opérationnelles relevant du ministre de la défense déployées dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. »

Cela semble signifier que non seulement les médecins généralistes n’auront pas le droit de prescrire l’hydroxychloroquine, mais que cette prescription ne pourra être faite qu’au sein de structures militaires, non dans les hôpitaux ou cliniques, ni dans les cabinets médicaux.

C’est d’ailleurs l’analyse qu’en fait l’un des rares journaliste ayant lu le décret jusqu’au bout, Julien Hernandez, sur Futura-Science :

Dès lors, on ne comprend pas bien si le décret concerne uniquement les hôpitaux militaires ou si cette phrase précise qu’ils sont, eux aussi, concernés par l’article en plus des établissements de santé « classiques ». Des sources gouvernementales contactées par Futura n’ont pas su répondre à nos interrogations.

La même erreur qu’en 2009 lors de la grippe H1N1: exclure les médecins ?

Le gouvernement n’est-il pas en train de refaire la même erreur qu’avec la gestion de la grippe H1N1 ? Lors de cet épisode de crise sanitaire (qui a été moins grave que prévu), le gouvernement avait cette fois-ci commandé les masques et les vaccins en grand nombre.

Mais il avait mis sur la touche les médecins de ville : les vaccinations devaient se faire dans des Centres de vaccination dédiés (page 11 vous trouverez « pourquoi il n’est pas possible de se faire vacciner chez son médecin traitant ».) ; de la vaccination à grande échelle.

Les patients n’ont pas répondu présents, conscients que leur interlocuteur privilégié et en qui ils avaient confiance, leur médecin, était mis sur la touche et n’avait pas son mot à dire.

L’État considère une nouvelle fois que les médecins ne doivent pas être sollicités pour les prescriptions. Ils obéissent pourtant déjà à une Assurance maladie qui ordonne comment et quoi prescrire, et la rémunération qu’ils ont le droit d’en tirer. Mais entre l’administration et les médecins, la confiance ne règne pas : ils sont donc, malgré leurs années d’études, exclus du dispositif.

Même en ces temps dramatiques, ni les politiques n’apprennent de leçons du passé ; ni les médias ne font l’effort d’aller à la source de l’information pour la transmettre telle qu’elle est, se contentant la plupart du temps de retranscrire la dépêche AFP du jour, ou de se précipiter sur un tweet, tout éblouis par une personnalité médiatique.

Bref, quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt.

Sauf dans le cadre d’une étude tardive et menée dans certains hôpitaux, consistant à administrer la chloroquine à des patients dont le pronostic vital est engagé. ↩

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