Ankara a-t-elle mis en pratique découvrir ses frontières pour les milliers de migrants en partance pour l’Europe occidentale et bloqués depuis des mois sur son territoire ? Tout porte à le croire car, les migrants qui espèrent pouvoir entrer en Europe après la décision prise par le président turc Recep Tayyip Erdogan d’ouvrir la frontière gréco-turque, sont nombreux à sur ce point de passage.
Plusieurs milliers de migrants supplémentaires sont arrivés dimanche à la frontière grecque pour tenter de passer en Europe, après l’annonce par le président Recep Tayyip Erdogan d’une ouverture des frontières par la Turquie.
Arrivés d’Istanbul, les migrants, dont des Syriens, des Afghans et des Irakiens, et parmi lesquels se trouvent des femmes et des enfants, marchaient tôt dimanche en file indienne à travers des champs en direction du poste frontalier de Pazarkule (Kastanies côté grec). De petits groupes continuaient d’affluer dans la matinée vers la frontière, sac sur le dos ou sur la tête.
Samedi soir, l’ONU avait chiffré à au moins 13 000 le nombre de migrants déjà massés le long de la frontière entre la Grèce et la Turquie. La Grèce a annoncé de son côté ce dimanche avoir bloqué l’entrée de près de 10 000 migrants depuis samedi.
Vendredi, la Turquie a affirmé qu’elle avait ouvert ses frontières avec l’Europe pour laisser passer les migrants qui souhaitent s’y rendre, en dépit d’ un pacte conclu en 2016 entre Ankara et Bruxelles aux termes duquel le gouvernement turc s’est engagé à lutter contre les passages illégaux.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a renchéri samedi : « Qu’avons-nous fait hier ? Nous avons ouvert les portes. Nous n’allons pas fermer les portes ».Inquiétudes de l’UE
Le même jour, l’Union européenne a exprimé sa « préoccupation », se disant prête à fournir une aide supplémentaire à la Grèce et à la Bulgarie, frontalières de la Turquie, qui se sont barricadées. Et ce dimanche, l’agence européenne de contrôle des frontières Frontex a été placée en état d’alerte.
Côté grec, les autorités ont tiré samedi des grenades lacrymogènes pour empêcher les migrants de franchir la frontière. Des escarmouches ont éclaté, des migrants jetant des pierres sur les forces grecques.
Dimanche matin, un petit groupe d’hommes a aussi été vu en train de jeter des pierres en direction d’une voiture de la police grecque qui patrouillait de l’autre côté de la clôture frontalière.
Si la Turquie a pris la décision d’ouvrir ses frontières, c’est parce qu’elle cherche à obtenir un soutien occidental en Syrie où Ankara a essuyé de lourdes pertes cette semaine. Jeudi, 33 soldats turcs ont été tués dans des frappes aériennes attribuées par Ankara au régime syrien, soutenu par Moscou. En réponse, la Turquie a multiplié ces derniers jours les frappes de drones et d’artillerie contre les positions du régime.
La Rédaction
Avec Le Parisien