jeudi, 28 mars 2024 18:00

Face au Covid-19, le Nigeria reste l’un des pays les mieux préparés d’Afrique

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Le Nigeria, premier pays d’Afrique sub-saharienne à enregistrer officiellement un cas de contamination au Covid-19, est l’un des pays les mieux armés sur le continent à faire face pour une telle épidémie.

Ils n’avaient pas prévu ça. L’équipe internationale de scientifiques qui avaient publié, le 20 février, une grande étude sur le risque pour chaque pays africain d’être touché par l’épidémie de Covid-19 avait bien identifié le Nigeria comme l’un des pays les plus exposés à une contamination. Mais ils n’avaient pas anticipé que le premier cas recensé sur le sol d’Afrique subsaharienne serait un Italien travaillant au Nigeria.

Il y a encore une semaine, “notre modèle reposait sur une épidémie concentrée en Chine, et depuis lors la situation a complètement changé [près de 40 pays ont fait état de cas de contamination, NDLR], et le virus peut dorénavant être importé de n’importe où. Notre modèle de départ n’a plus lieu d’être”, remarque Mathias Altmann, épidémiologiste à l’université de Bordeaux et l’un des coauteurs de l’étude sur la perméabilité des pays africains au coronavirus originaire de Wuhan en Chine. Cette obsolescence des travaux témoigne de la rapide propagation de l’épidémie.

L’Efficacité contre Ebola démontre que la politique sanitaire du Nigéria est l’une des meilleures

Mais pour cet expert des maladies infectieuses dans les pays en voie de développement, le fait que le coronavirus semble être entré en Afrique subsaharienne par le Nigeria est “plutôt une bonne nouvelle”. Le pays lui semble, en effet, relativement bien préparé pour faire face à la situation.

Sur un continent qui “a connu son lot d’épidémies et dont les pays ont donc un énorme savoir de terrain et une réelle compétence pour réagir à ce genre de situation”, le Nigeria se situe en très bonne position pour faire face à l’arrivée du Covid-19, d’après Mathias Altmann. “Le CDC [Center for Disease control – Centre de contrôle des maladies, NDLR] responsable pour toute la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sur trouve à Abuja, la capitale du Nigeria, ce qui fait qu’ils ont un niveau organisationnel en matière sanitaire très élevé”, précise le chercheur.

Le pays s’est aussi déjà illustré en “réussissant à contenir assez rapidement l’épidémie d’Ebola en 2014”, rappelle-t-il. Il n’avait fallu que trois mois aux autorités nigérianes pour faire disparaître la maladie du pays. L’Organisation mondiale de la Santé et le Centre européen de prévention et contrôle des maladies avaient alors félicité la réactivité et le “travail épidémiologique de tout premier ordre” du Nigeria.

Risque de propagation dans les pays voisins

Les atouts du Nigeria ne doivent, cependant, pas faire oublier les limites qui peuvent se révéler handicapantes pour lutter contre un tel virus. Le fait que cet agent pathogène puisse être présent chez un individu qui ne présente pas ou très peu de symptômes peut permettre au virus de se propager discrètement dans un pays qui, comme partout en Afrique, “a une lacune en termes de matériel par rapport aux pays occidentaux, notamment en ce qui concerne les outils de diagnostic”, souligne Mathias Altmann.

La question est alors de savoir quelle ampleur l’épidémie peut prendre en Afrique si elle se faufile à travers les filets posés par le Nigeria. Des pays voisins comme le Tchad ou le Niger ont “moins de capacité fonctionnelle pour répondre à une épidémie”, reconnaît Mathias Altmann. Mais, ils ont aussi un avantage : ce sont des régions beaucoup plus agricole ou les gens sont davantage en extérieur, “et les virus comme celui-ci aiment les espaces fermés et confinés et se propagent beaucoup moins bien en milieu rural”, conclut l’épidémiologiste.

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