Le Sénégal jadis un modèle de démocratie en Afrique, est en train de virer vers une véritable dictature qui a plongé le pays dans une crise politique majeure au point que certains parlent de coup d’État …institutionnel. Le report de la présidentielle et la prolongation du mandat du président Macky Sall à quelques heures de la campagne électorale, font craindre le pire.
La rumeur courait depuis des jours. Elle est devenue réalité à 14h07 hier samedi lorsque le président du Sénégal, Macky Sall, a pris la parole à la télévision nationale. Allocution solennelle depuis le palais présidentiel à Dakar. Un charabia administratif mais que les Sénégalais ont bien compris : Pour la première fois depuis 1963, année de l’instauration d’un régime présidentiel au Sénégal, le scrutin présidentiel est reporté sine die. Pour cette république d’Afrique de l’Ouest, considérée comme l’une des démocraties les plus stables du continent, c’est un séisme. Dans son allocution, le sortant Macky Sall ne donne pas de nouvelle date pour la tenue du vote qui devait se tenir le 25 février. Il réaffirme aussi qu’il n’a pas l’intention de se représenter.
Comment le président Macky Sall justifie-t-il cette décision?
Le président sortant explique que les conditions actuelles ne se prêtent pas à un climat politique serein qui seul permet la bonne tenue du scrutin. La cause…un contentieux entre des membres du parlement et des juges de la cour constitutionnelle, la plus haute juridiction du pays. Ces juges viennent de valider la liste définitive des candidats mais aussi de rejeter des dizaines de candidatures. Plusieurs personnalités politiques très populaires ont l’interdiction de se présenter à la présidentielle. A l’inverse, il y a au moins une candidate autorisée à concourir alors qu’elle aurait dû être disqualifiée du fait de sa bi-nationalité. Autant de controverses qui alimentent le dossier monté par une commission parlementaire. Elle enquête sur des soupçons de corruption au sein de la cour constitutionnelle. Un moment de crise démocratique selon Macky Sall qui annonce donc le report de l’élection présidentielle.
Quelles pourraient être les conséquences de cette décision inédite?
D’abord une montée des tensions comparables à celles que le pays connaît depuis des années. Une partie de la jeunesse se dit victime d’un climat de répression et d’un chômage de masse. Elle accuse les élites d’être de mèche avec l’ancienne puissance coloniale française et exige des changements profonds. Autant de messages repris par l’un des principaux opposants au président, Ousmane Sonko. Son arrestation en 2021 pour une affaire de viol a déclenché des violences. Une douzaine de manifestants sont morts dans les affrontements. Condamné puis incarcéré pour corruption de la jeunesse, Ousmane Sono fait partie de ceux dont la candidature à la présidentielle a été rejetée. Ses partisans dénoncent une machination politique et accusent le pouvoir de chercher à tout prix à éviter la défaite. Ils sont persuadés que le dauphin du président, l’actuel premier ministre, n’a aucune chance de l’emporter. Selon eux, il s’agit ni plus ni moins qu’un putsch de Macky Sall. Ce serait le tout premier coup d’Etat de l’histoire du Sénégal.