vendredi, 22 novembre 2024 03:23

Usage excessif de la force, manifestants tués ou blessés, restrictions des libertés….HRW dresse un tableau sombre de la gestion de Macky Sall

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Sénégal
Atlanticactu/ Dakar/ La Rédaction
Et un rapport de plus qui dénonce l recul démocratique et des libertés publiques au Sénégal durant la magistère du président Macky SALL. Dans son nouveau rapport en 2023, Human Rights Watch estime que les arrestations arbitraires de personnalités et de militants de l’opposition, le recours excessif à la force par les agents de sécurité, les restrictions injustifiées de l’espace civique et d’autres violations des droits humains ont été bien remarqués au Sénégal.
Le rapport note un certain nombre de faits avant d’en venir à la quintessence de son rapport qui n’est point reluisant pour le Sénégal. Le 3 juillet, le président Macky Sall a annoncé qu’il ne briguerait pas un troisième mandat lors des élections présidentielles de 2024, beaucoup de voix ayant indiqué que sa candidature enfreindrait la constitution du pays. Le 28 juillet, des gendarmes ont arrêté l’éminent leader de l’opposition Ousmane Sonko, dirigeant du parti politique Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), pour incitation à l’insurrection et atteinte à la sûreté de l’État.
Le rapport indique que « la maltraitance des élèves est restée une grave préoccupation alors que les filles sont confrontées à des niveaux élevés de violences sexuelles et sexistes, y compris le viol, l’exploitation sexuelle, le harcèlement et d’autres abus de la part d’enseignants et de responsables scolaires. Le faible taux de rétention des filles dans les écoles secondaires, où la plupart de ces cas ne sont pas signalés et où les auteurs restent souvent impunis, est lié à ces abus.
Les personnes et les activistes LGBT ont continué à faire l’objet de campagnes de dénigrement et d’abus, notamment d’arrestations arbitraires, de menaces et d’agressions physiques. La loi punit toute personne qui commet un « acte contre nature » avec une personne du même sexe d’une peine de prison allant jusqu’à cinq ans. L’exploitation, la maltraitance et la négligence des enfants vivant dans les écoles coraniques traditionnelles du Sénégal se sont poursuivies, note le rapport. « Des dizaines de milliers d’enfants, appelés talibés, vivent dans des conditions de misère extrême, privés de nourriture et de soins médicaux adéquats ».
Reppression aveugle des FDS et Usage excessif de la force ayant occasionné morts et blessés graves…
Selon HRW, de manifestations en mars, en mai et en juin, les forces de sécurité ont fait usage d’une force excessive pour assurer le maintien de l’ordre public. Le 16 mars, à Dakar, la capitale du Sénégal, la police a utilisé des gaz lacrymogènes sur des manifestants soutenant le chef de l’opposition Ousmane Sonko avant un procès dans lequel il était accusé de diffamation. La police a extrait Sonko de force de son véhicule et l’a conduit au palais de justice. La veille, le 15 mars, la police a également lancé des gaz lacrymogènes sur Guy Marius Sagna, un député de l’opposition, alors qu’il tentait de rendre visite à Sonko à son domicile. À la mi-mai, des jeunes manifestants sont descendus dans les rues du quartier de Ngor à Dakar, dénonçant un « État de plus en plus répressif ». « Les forces de sécurité ont répondu en faisant un usage excessif de la force, en tirant à balles réelles et en lançant des gaz lacrymogènes. Lors de ces violences, une adolescente a été tuée et 30 personnes ont été blessées » indique le rapport.
Entre le 31 mai et le 3 juin, de violentes manifestations ont éclaté à Dakar après qu’Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison le 1er juin pour avoir prétendument corrompu la jeunesse, compromettant ses chances de se présenter à l’élection présidentielle de 2024. Le 2 juin, l’armée a été déployée pour renforcer la sécurité à Dakar. Les manifestants ont dressé des barricades, bloqué les routes principales, brûlé des pneus, détruit et pillé des biens publics et privés et jeté des pierres sur la police, qui a riposté par des tirs de gaz lacrymogènes. Plusieurs témoins ont signalé la présence de « nervis » parmi les forces de sécurité et l’opposition a accusé les autorités de recourir à des civils armés, aux côtés des forces de sécurité, lors des manifestations. Les médias ont rapporté des récits similaires lors de ces manifestations et de précédentes au Sénégal.
Le 4 juin, le ministre de l’Intérieur Antoine Diome a déclaré que les violences avaient causé 16 morts et conduit à 500 arrestations à travers le Sénégal. Dans une déclaration le même jour, le PASTEF a annoncé que les forces de sécurité et les « milices » avaient tué 19 personnes et que les Sénégalais devaient « se défendre par tous les moyens et riposter ».
Arrestation de journalistes,  Fermeture des médias et Traque des militants de l’opposition…
Les droits humains ont été aussi affectés avec « la persécution de journalistes et de médias ». Selon le rapport, tout au long de l’année, « les autorités ont réprimé les médias et la dissidence. Les forces de sécurité ont arrêté et détenu arbitrairement des journalistes et d’autres voix dissidentes. Les autorités ont également restreint l’accès à l’Internet mobile et à certaines plateformes de médias sociaux, et interdit les manifestations organisées par l’opposition politique ». Le 10 février, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel a suspendu Walf TV pendant une semaine puis le 9 juin pendant un mois pour sa couverture des manifestations organisées par l’opposition au Sénégal.
Le 10 mars, les forces de sécurité ont arrêté l’ancien Premier ministre sénégalais Cheikh Hadjibou Soumare pour diffamation après qu’il a demandé au président Macky Sall dans une lettre ouverte s’il avait versé des fonds à la dirigeante d’extrême droite française Marine Le Pen. Il a été libéré e 13 mars et placé sous contrôle judiciaire. Le 16 mai, les forces de sécurité ont arrêté la journaliste Ndèye Maty Niang, également connue sous le nom de Maty Sarr Niang, à son domicile à Dakar et l’ont accusée d’« appeler à l’insurrection, à la violence et à la haine », entre autres, à la suite de ses publications sur Facebook dans lesquelles elle critiquait les autorités sénégalaises. Le 1er juin, alors que les manifestations secouaient Dakar et d’autres régions du pays, le ministre de l’Intérieur a annoncé des restrictions concernant les médias sociaux, notamment Facebook, Twitter, WhatsApp, Instagram, YouTube, Telegram et TikTok, afin de mettre un terme à la « diffusion de messages haineux et subversifs ». Le 4 juin, le gouvernement étendu les restrictions à l’accès à l’Internet mobile. Ces restrictions empêchaient les journalistes, les défenseurs des droits humains et d’autres personnes de communiquer, d’obtenir des informations ou de rendre compte des événements en cours.
Lors des manifestations de juin à Dakar, les forces de sécurité ont intimidé des journalistes et les ont empêchés de couvrir les événements qui se déroulaient. Le 29 mai, des gendarmes ont arrêté une équipe de trois journalistes travaillant pour le média en ligne sénégalais Senegal7, ont saisi leurs téléphones et caméras, et les ont empêchés de filmer les manifestants du PASTEF qui s’étaient rassemblés dans le quartier du Sacré-Cœur à Dakar.
Le 29 juillet, la police a arrêté Pape Alé Niang, le rédacteur en chef du site d’information Dakarmatin, à son domicile à Dakar pour des accusations d’ « insurrection », à la suite de propos qu’il avait tenus dans une diffusion en direct sur sa page Facebook au sujet de l’arrestation d’Ousmane Sonko le 28 juillet. Il a été provisoirement libéré après 10 jours de grève de la faim. Ces faits, estime l’organisation des droits humains, ont particulièrement émaillé le pays et « démontrent que les droits humains sont affectés au Sénégal ».

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