vendredi, 22 novembre 2024 16:08

Le dialogue politique, formule magique ou traquenard politicien

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Sénégal
Atlanticactu/ Dakar/ Pape Sané
Lancé à deux reprises sous le magistère du président Macky Sall, le « dialogue politique inclusif », censé permettre de réformer les institutions et d’approfondir les acquis démocratiques, a toujours peiné à convaincre les Sénégalais. Pour cause, en 2016 et en 2019, ces dialogues ont été à l’origine de deals politiques au détriment des populations. Même les « élections libres et démocratiques », prévues avant octobre 2024, risquent d’être un cimetière d’illusions pour certains.
Ce énième dialogue serait la recette miracle. La formule magique pour retisser le lien avec le peuple, choisir les élèves dociles et écarter les va-t-en guerre. En somme, ce que Macky Sall veut, c’est tout simplement se donner les moyens qu’il n’a pas de choisir les candidats à la présidentielle de 2024 dont lui-même. Tout trouvé, la solution clé en main pour s’extraire de la « crise démocratique » dont il est le seul responsable. Tout le monde réclame son dialogue politique à cor et à cri. Pourtant, sont vite arrivées des questions subsidiaires : quel sujet soumettre aux Sénégalais  ? Comment poser la question sur la validité ou l’invalidité d’une telle candidature  ? Une consultation à choix multiple est-elle envisageable ? Une fois gratté le vernis des déclarations politiques, le flou devient artistique.
Sauf qu’au Sénégal, il y a deux oppositions : l’une est opposante, l’autre est cooptée. Ousmane Sonko, Mimi TOURE, Bougane Gueye, Malick Gakou ont bien conscience que le dialogue politique inclusif représente pour eux un piège politique. En boycottant les discussions, ces leaders refusent de jouer le jeu d’un pouvoir qui depuis 2012, n’a jamais tenu aucune promesse avec en ligne de mire les élections auxquelles elle sait d’avance ne pas pouvoir réaliser une bonne performance. Ce qui fait que Macky Sall joue la montre. Il veut s’assurer qu’il contrôle suffisamment la situation pour remporter ce scrutin auquel il n’a pas droit de parole.
Aujourd’hui, c’est par le dialogue politique que la Majorité attend assouvir sa soif de glissement Dans ses différents cercles de décision, des moutures des conclusions de ce dialogue circulent déjà sous le manteau. On attend plus que le moment propice pour passer à l’acte.
Dans l’entendement du pouvoir de Macky Sall, le dialogue est la seule issue possible pour contourner le verrou de l’article 27 qui écarte son autorité morale de la course présidentielle de février 2024. Au commencement du glissement sera donc le dialogue – et rien d’autre. Le scenario sur plusieurs facettes avec l’annonce d’une amnistié accordée à Khalifa Sall et Karim Wade et éventuellement sa candidature illégitime et cerise sur le gâteau, la mise à mort politique de Ousmane Sonko sous le sceau de la paix sociale.
Présenté comme une étape incontournable pour réformer le pays et permettre aux candidats « illégaux » de participer avant la tenue de la présidentielle, le dialogue politique auquel Macky Sall fait référence, sera juste un poker…menteur où, une fois de plus, il sera le seul maître du jeu en déshabillant Demba pour habiller Samba. Les discours sur cet instrument d’un regain démocratique ne sont cependant pas dénués d’arrière-pensées, venant de Macky Sall, adepte de la tortuosité politicienne comme son mentor Me Abdoulaye Wade, qui a accepté la main tendue, à condition que….
En menaçant ouvertement ceux-là qui voudraient être candidat à la présidentielle de répondre positivement à son appel, Macky Sall dont la déclaration paraît certes anodine, mais très révélatrice de son état d’esprit qui ne jure que par la conservation du pouvoir à tout prix, on risque d’assister à plusieurs comas politiques
Ce qui fait peur au pouvoir et même à certains opposants de circonstance, c’est l’appel de l’opposition à un peuple qui est séduit et qui peut être lourd de conséquences. Depuis 2021, une lame de fonds, certes invisible mais palpable, rythme le quotidien des sénégalais. Et malgré les violences policières, les arrestations tout azimuts d’opposants notamment de Pastef, cette vigie constituée de jeunes pour la plupart, décidée à faire changer les choses, ne compte pas une fois de plus, être un spectateur des deals politiques qui ont longtemps profité vilement à des hommes sans scrupules.
L’autre grosse épine dans le pied de Macky Sall pour crédibiliser son dialogue, il voulait  s’assurer de la participation des membres de la société civile et de tous les partis politiques, dont beaucoup s’estiment marginalisés dans ce pays dirigé depuis une décennie par un clan. Mais, la plus grande plateforme d’opposition- même fissurée –  et l’opposant principal Ousmane Sonko ont mis fin à ses discussions avant même qu’elles aient débuté. Ousmane Sonko reproche notamment à Macky Sall d’entretenir le flou quant à sa candidature éventuelle aux élections, alors que l’Article 27 de la Constitution est limpide à ce titre et de continuer à travers ses forces de sécurité et de la magistrature, à persécuter Pastef et ses militants.

Qui vivra verra !!!

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