Arrivé au pouvoir par la bénédiction des Chefs d’État de la CEDEAO, le « général » Umaru Embalò a réduit à néant les avancées démocratiques obtenues à la suite de forts consensus. En l’espace de deux ans, jamais les libertés n’ont été bafouées. Activistes, journalistes, opposants sont soit kidnappés et sauvagement battus, contraints à l’exil ou interdits de sortir du territoire. C’est le cas du leader du PAIGC, Domingo Simoes Pereira, empêché sans aucune décision de justice de voyager.
Depuis son retour triomphal à Bissau, l’homme sur qui pesait un mandat d’arrêt jugé fallacieux par Interpol, Domingos Simões Pereira dit se considérer comme un « prisonnier » en Guinée-Bissau. Le leader du PAIGC dit avoir été empêché de voyager cette semaine encore, sans qu’aucune ordonnance de justice ne l’empêche de partir, et il entend faire appel à la Justice.
À l’aéroport, la seule réponse obtenue par l’ancien Premier ministre, est que les ordres « viennent d’en haut ». Domingos Simões Pereira, docteur en sciences politiques et relations internationales, dit qu’il a tenté de se rendre au Portugal, pour participer ce jeudi à la cérémonie de remise des diplômes à l’Université catholique du Portugal, à Lisbonne. Mais il aura été empêché de voyager : Simões Pereira dit qu’il n’a pas été informé de qui a donné l’ordre, ni pourquoi.
Dans une interview accordée à DW Africa, l’homme politique garantit qu’aucune décision de justice ne l’empêche de quitter la Guinée-Bissau et se considère comme un otage politique dans son propre pays.
Pour rappel, ce n’est point la première fois que le leader du PAIGC est empêché de quitter le territoire sans aucune décision de justice. Selon Domingos Simões Pereira (DSP), « J’ai été systématiquement empêché de voyager depuis le 16 décembre 2022. Les services des étrangers et des frontières de l’aéroport ont déclaré avoir reçu des « ordres supérieurs », transmis verbalement, qui indiquaient que le citoyen Domingos Simões Pereira ne pouvait pas voyager .
Une situation qui fait dire au leader du PAIGC qu’il est « piégé » dans son propre pays. « Oui, et je dois ajouter qu’en plus d’être leader du PAIGC, je suis député de la Nation. Par conséquent, comme tous les autres députés, je dois continuer à bénéficier de l’immunité, qui est violée de manière flagrante et systématique dans notre pays. Mais je suis d’accord avec cette évaluation. Je suis coincé », reconnaît Domingo Simoes Pereira.
Des attitudes aux antipodes de la Constitution que dénonce l’ancien Premier ministre qui compte se battre pour faire respecter ses droits. Car, a dit Domingo Simoes Pereira, « Il n’y a aucune restriction [pour voyager]. Mon avocat a tenté de se renseigner auprès des instances [judiciaires] et a réussi à accéder au certificat qui démontre clairement qu’absolument rien n’est en suspens qui pourrait m’empêcher de quitter le pays. Le juge d’instruction a tenu à transmettre cette attestation aux différentes entités, au procureur général, au ministre de l’Intérieur, à tous les services concernés. Et cette disposition est tout simplement ignorée et systématiquement violée. »